Lettre 13

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Maman,

Je me suis souvent répétée que tout aurait été bien plus simple si Papa n'était pas mort. Mais voilà, si Lui n'avait pas péri dans les flammes cela aurait pu être toi ou moi... C'est bien cela Maman? Il y a eu un incendie? Cela m'est revenu soudainement l'autre nuit, quand Antoine était en colère contre moi et que j'avais fait une crise de panique. Je m'étais endormie dans ses bras.

Soudain, j'eus des bouffées de chaleurs. Je sentis une odeur de cramée et en ouvrant les yeux je vis rouge. L'air était sec et me brûlait les yeux. D'un coup, une porte s'ouvrit et Papa déboula dans ma chambre, paniqué. J'aperçus les flammes à travers l'encadrement de la porte. Précipitamment il me prit dans ses bras avant de sortur en courant. Je suffoquais. Je ne me rappelle pas de grand chose, Papa avait plongé ma tête dans son cou pour me protéger. En revanche je me rappelle l'entendre hurler:

- Marlène? Marlène! Il faut sortir, dépêche toi!!

Et tu répondais:

-Je ne peux pas le faire sans toi!

- J 'ai la petite! Aller! Viens vite!

- Lai...

Je ne me souviens plus ce que avais rétorqué, Papa ne t'avait pas laissé le temps de terminer qu'il s'était empressé de sortir de l'immeuble en feu. Une fois dehors et loin du danger Papa m'a posée par terre en m'assurant que c'était fini. Mais cinq minutes après, tu n'étais toujours pas là. Alors il est reparti en m'ordonnant de ne pas bouger. Je pleurais, j'étais paniquée à l'idée de rester seule. Une de nos voisines m'avait rejointe et prise dans ses bras. Je voulais que Papa revienne, je voulais que tout s'arrête. Enfin, les pompiers arrivèrent. A ce moment je t'ai vu approcher en tenant les bras serraient contre ta poitrine, en boitant... et seule. Je pouvais lire dans ton regard tout le désespoir du monde. "Il est où Papa?" J'eus à peine posé la question que la marque de ta main s'était déjà imprégnée sur ma joue.

Je me reveillai à ce moment là au bord du lac, dans les bras d'Antoine. Il ne dormait pas, je compris qu'il avait veillé sur moi pendant que je rêvais. Je voulais à la fois parler et à la fois rester silencieuse. Je me redressai, gênée.

- Ce n'est pas vraiment le moment mais... a l'occasion, j'aimerais que tu me racontes ce qu'il s'est réellement passé entre ta mère et toi... Souhaita Antoine maladroitement.

Alors que je repensais au songe que je venais de faire, il se pencha vers moi pour essuyer une larme qui coulait le long de ma joue et que je n'avais pas sentie.

- Eh! Excuse moi pour tout à l'heure, je n'aurais pas du penser cela...

Je me retins de pleurer afin de garder les idées claires. Naturellement, j'ai tout raconté. Enfin, ce soir là je lui ai seulement parlé de l'incendie, la mort de Papa, notre jeu et notre séparation. Je ne lui pas dis pour les lettres par exemple. Mais plus j'avançais dans le récit de ses souvenirs, plus la réalité s'imposait à moi. Comle si un voile se déchirait dans ma mémoire afin que tous les autres souvenirs, qui s'étaient estompés avec le temps, ressurgissent d'un seul coup. Tout me revint. Papa. Toi avant la mort de Papa. Toi après la mort de Papa. Toi m'accusant de tout. Toi m'avouant ne jamais avoir voulu d'enfant. Toi, toi , toi et encore toi. Moi encaissant les coups, ne plaignant point, convaincue que c'était toi qui avait toujours raison...

Me voyant destabilisée, Antoine m'a alors prise dans ses bras et m'a serrée de plus en plus fort contre lui afin que je ne me sente pas seule. Afin que je ne me plus jamais seule.

- Ne t'en fais pas. Je suis là maintenant. C'est fini.

Oui, Maman. Il a raison. Je veux que cet enfer finisse une bonne fois pour toute.

Jules.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 13, 2015 ⏰

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