Lettre 12

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Maman,

C'est derniers temps, j'ai ce souvenir avec Papa qui me revient souvent en mémoire. Puis juste après je me rappelle toujours ce que tu m'as déclaré si cruellement peu de semaines après sa mort.                               

 

Tu étais venue me chercher à la sortie de l'école. La maîtresse avait hésité à me laisser repartir avec toi. Il faut dire que tu ne marchais pas bien droit et tu empestais une odeur qu'à cette époque je ne pouvais reconnaitre. Et quand tu m'as saisi le poignés avec violence et conviction, ta main était si froide que deux secondes plus tard tout mon corps grelottait. Un mois de juin? m'as t-on interrogée. Oui, Maman, un mois de juin. Sur le chemin tu ne souriais que faiblement. Ton regard était vide d'émotions et je me demandé si tu m'écoutais te raconter comment j'avais gagné la plus belle bille de Kevin. Plus loin sur la route je ne sais par quel moyen j'en suis venue à te dire, pour rire, que plus petite encore je voulais me marier avec Papa. Tu n'as pas rigolé. Au contraire, le minuscule sourire qui ornait ton visage s'est figé avant de disparaitre complètement. Pourtant tu m'as laissée te raconter ce fameux souvenir que je me remémore si souvent encore maintenant. Si j'avais su que tu me répondrais ces atrocités! Si j'avais su que tu t'arrêterais d'avancer d'un seul coup pour te baisser à mon niveau et me déclarer dans les yeux:     

- Tu te rappelles notre jeu?

Je hochai la tête.           

        

- Ce que Papa disait est un mensonge. Tu finirais seule. Toute ta vie, Jules. Tu pourrais chercher mais tu ne trouveras pas. Personne n'aime les meurtrières. Voilà la vérité. 

    

  Tu t'es alors remise à marcher sans crier gare. Je t'ai suivie silencieusement en sanglotant.                  

  Alors c'est ainsi que tu me voyais? Que tu me vois toujours? Si seulement le jour de la mort de Papa n'était pas si flou...

 

  Papa...                                  

  Je revois ce moment où Il m'a prise sur ses genoux, je voulais qu'il me raconte une histoire. Toi, Maman, tu étais dans le jardin. Tu t'occupais de tes fleurs. Papa et moi étions seuls à l'intérieur. Je lui ai exposé les projets d'avenir; me marier avec lui pour ne jamais avoir à vous quitter. Il a rit. Gentillement. Pas une seule fois je n'ai vu Papa méchant. Il m'a expliqué alors que moi aussi, plus tard, je tomberai amoureuse et pour la vie.

  - C'est vrai? Tu es sûr? Maman m'a dit que l'amour ne veut pas de moi... 

  - Jules, je ne sais pas pourquoi elle t'a dit cela mais écoute ce que je vais te dire et n'oublie pas: Je ne sais pas quand, ni comment, ni même avec qui. Cependant je peux t'affirmer qu'un jour tu trouveras un garçon avec qui tu vivras une belle histoire d'amour.                                       

Et si ce qu'il disait n'était pas un mensonge, Maman? Mais la vérité? Une belle vérité que la vie voulais bien m'accorder? Je souhaiterais que tu sois là pour reconnaitre que moi aussi j'ai bien le droit au bonheur. Je ne vois pas pourquoi toi tu y aurais plus le droit d'accès que moi. Réfléchis s'il te plait.       

  A bientôt. Jules.

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