XVII

174 15 43
                                    

Point de vue de Nelio

J'ai cette scène qui tourne en boucle dans ma tête, quand j'arrive devant cette maison où se déroule un rassemblement de drogués déguisé en soirée. Je connais par coeur ce genre d'événement. On se rassemble, on teste les nouveaux arrivages inconsciemment, sans s'arrêter jusqu'au petit matin.

Quand j'ai retrouvé Ethan, il était à même le sol dans la salle de bain, tremblant et désespérément accroché à la baignoire. J'ai passé mes bras autour de son corps frêle -bien plus maigre depuis la dernière fois que je l'ai vu- et je l'ai emmené bien loin de ce monde auquel il n'est pas censé appartenir. Je récupère en passant une bouteille d'eau, sans manquer de m'embrouiller avec un groupe de shootés stupides. Je l'oblige à la finir avant d'arriver chez moi. Une fois calmé, il s'est vite endormi. Au petit matin, et comme à son habitude, il n'était plus là...

Sauf que je ne veux plus faire semblant de ne rien voir et n'en avoir rien à faire après ce qui s'est passé cette nuit. 

Sans nouvelles de lui depuis maintenant plusieurs jours, je me décide à me rendre directement chez lui. Par chance, je croise sa mère sur le pallier, qui me laisse entrer sans plus broncher. Elle ne semble rien remarquer sur l'état pourtant plus qu'inquiétant de son fils.

J'attends un moment sur le pallier, le temps qu'elle se décide à partir. Je n'ose vraiment entrer, puis pars à la recherche de la potentielle pièce où résiderait Ethan.

Je m'arrête devant une porte et plus aucun doute, lorsque je vois écrit sur celle-ci "ETHAN". On dirait bien qu'il reste un enfant malgré tout, par les petites lettres de bois en forme de véhicules.

– Ethan ?

Je n'entends aucune réponse de sa part et décide donc d'entrer moi-même. Les volets sont fermés, ne laissant ainsi donc aucune lumière pénétrer dans la chambre. Je distingue sa masse sous tout un tas de couvertures. Je m'approche doucement et m'assois au bord de son lit. Je pose une main sur son corps et il ne réagit même pas.

– Ethan ?
– Vas-t-en Nelio.

Je me lève et, déterminé à le faire sortir de son trou, je tire sur ses couettes. Il grogne en jurant, avant de se recroqueviller sur lui-même. J'ouvre ses fenêtres en grand, incluant les volets, laissant un rayon de soleil pénétrer la pièce.

– Putain Nelio...

Il s'apprête à récupérer ses couvertures mais je l'arrête en attrapant ses poignets.

– Lâche-moi bordel, laisse-moi tranquille.
– Ethan, tu ne peux pas rester enfermé comme ça, tu te laisses complètement mourir. Tu ne réponds plus à mes messages, tu dors tout le temps, tu ne manges pas, fatigué, vidé d'énergie, déprimé, je connais tout ça, ce sentiment. C'est le manque; l'addiction Ethan et tu ne peux pas t'en sortir seul, laisse-moi t'aider.

Je ne peux m'empêcher de regarder son corps à la peau blanchâtre, complètement amaigri. Il fait peine à voir et pourtant, en boule dans son lit, en short, je le trouve incroyablement attirant.

– Qu'est ce que tu en as à foutre ?
– Je veux juste t'aider.

Il se tourne vers moi, se décidant enfin à me regarder.

– Tu es supposé être le drogué de l'histoire, et là, tu vas me dire que tu veux arrêter tout ça. Laisse-moi rire.
– Ne sois pas aussi dur avec moi Ethan, et pourquoi pas ? Tu devrais me suivre sur ce coup-là au lieu de m'enfoncer. Je me suis rendu compte que c'était merdique.

Je n'ai jamais vu autant de mépris dans son regard.

Point de vue d'Ethan

Il se fout de ma gueule. Je me lève et commence à faire les cent pas dans la pièce, me rongeant les ongles d'agacement. Je n'aime pas sa façon de me regarder, désespéré, l'air rempli de pitié. J'ai juste envie de sortir d'ici et d'être loin de lui. J'ai l'horrible l'impression que nous sommes dix dans ma chambre et que tout le monde parle fort et en même temps. Ce brouhaha me siffle dans les oreilles et me tambourine le crâne. Je veux juste que tout s'arrête, la tête sur le point d'exploser. Elle me fait souffrir, tout comme mon corps qui ne semble plus pouvoir supporter ni mon poids ni la gravité. J'ai mal partout, à chaque articulation, comme lors d'un lendemain douloureux d'une dure séance de sport.

Je m'appuie un instant contre le mur, en fermant les yeux, avant de déglutir et de poser mes mains sur ma bouche. Nelio semble comprendre ce qu'il se passe, se levant dans la précipitation pour attraper ma poubelle qu'il me tend. J'ai à peine le temps de l'attraper que je tombe à genoux et vomis ce que je n'ai pas, puisque je n'ai pas mangé depuis je ne sais même plus quand. C'est encore plus douloureux, ma gorge me brûle et mon estomac se tord dans tous les sens, à la recherche de quelque chose à gerber.

J'ai envie de... Je ne me sens pas bien, j'ai envie de vomir. Aide-moi.
Ce n'est que le début.
– J'ai mal.

J'entends ses pas derrière moi, tandis que je me mets stupidement à pleurer.

– Laisse-moi t'aider Ethan.

Il attrape mon bras, pour m'aider à me relever, mais le coeur battant à rompre, je le repousse voilemment, me mettant à crier.

– Lâche-moi.

J'utilise le peu de force qu'il me reste, secouant les bras dans le vent, en pleurant et hurlant sur Nelio de me laisser tranquille et partir. Je le frappe comme je peux, mais il me maitrise sans difficulté, de par sa carrure imposante et mon manque de force.

– Ethan, arrête, calme-toi.

Je me laisse tomber par terre, démuni, tandis qu'il me tient dans ses bras, derrière moi. En larmes, la gorge nouée, je n'arrive même plus à parler, à peine à chuchoter.

– Lâche-moi...
– Je ne te laisserais pas tomber Ethan.

Il enfouit sa tête dans mon cou, me serrant encore plus contre lui. Il se relève et me porte dans ses bras. J'enroule mes jambes autour de sa taille et mes bras derrière de sa nuque.

– Tu es si léger.

On tombe sur le lit et je me roule en boule dans celui-ci. Il me regarde, un léger sourire sur les lèvres.

– Tu es niais, pourquoi ?

Il hausse les épaules, caressant ma joue et passant sa main dans mes cheveux, ce qui a le don de m'apaiser instantanément.

– M'aimes-tu au moins ?
– Et pourquoi pas ? Peut-être bien que oui.

Il embrasse mon front, remontant la couverture sur nos corps, avant de se coller contre moi et de me serrer à nouveau contre lui. Je m'endors rapidement, encerclé de la chaleur de son corps puissant.

drogués d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant