Réveil

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Quand je me réveillai j'étais allongée à l'ombre d'un grand chêne, une couverture recouvrant mon corps. Il faisait grand jour et le ciel était bleu sans aucune trace de nuage ni de fumées. Je me redressai en baillant et en m'étirant de tout mon long et regardait autour de moi. Nous étions dans une petite clairière au milieu de grands chênes. Au milieu se dressait un petit feu de bois et à côtés Pedro s'entrainait à l'arc sur un arbre. Allan vint alors s'asseoir à côtés de moi et j'arrêtai mon examen des lieux. Il me tendit d'abord un peu d'eau que je bu avidement, puis un morceau de pain et de fromage. Pendant que je l'engloutissais il dit :

- Tu as dormi moins longtemps que la dernière fois, à peine deux ou trois heures. Avant que tu ne poses la question, oui tout le monde va bien. Emma a repris connaissance quand on est arrivé sur le lieu de camp et après quelques soins elle s'est endormie. Amiens, quant à lui, s'est réveillé il n'y a même pas dix minutes, un peu déboussolé mais sans aucunes blessures. Il est en train de parler à Daniel et ils ont demandé à ne pas être dérangés.

J'avalai ma dernière bouchée et pu enfin poser mes nombreuses questions :

- Qu'est-ce que tonton Dada fait là ? Est ce qu'on sait ce qu'est devenu Delamorkitu ? Et les autres gens du château ?

Alors que j'allais continuer Allan posa une main sur ma bouche et sourit :

- Et bien tu es en forme dis-moi. Daniel nous a raconté qu'il est arrivé alors qu'on était au château, il était très inquiet à cause de notre lettre. Il a trouvé le campement laissé à l'abandon et s'est inquiété et après il a vu la fumée et a accouru dans la plaine alors qu'on en revenait avec vous deux endormis et Emma inconsciente. Moi et Pedro on a pas mal discuté avec lui et dès qu'Amiens s'est réveillé il a tout de suite dit vouloir lui parler mais sans nous dire pourquoi.

Je regardai dans la direction qu'avait indiqué Allan en parlant d'eux et les vis en pleine conversation. Amiens avait l'air chamboulé, tonton Dada devait sûrement lui parler de ses pouvoirs puisque j'avais dû lui expliquer comment les utiliser lors de notre combat. Ils ne les connaissaient donc pas avant. En tous les cas il devait au moins connaitre celui du vent puisqu'il l'avait utilisé contre moi lors de son rendez-vous avec Emma. Et son père que savait-il ? Et pourquoi ses yeux étaient-ils donc gris ? Il ne mettait pas des lentilles sinon il saurait pourquoi il devait les mettre et aurait vu que ses yeux n'étaient pas normaux ni pour les Iris, ni pour les Ignorants. Ou sinon peut-être qu'il n'y avait que son père qui connaissait ses pouvoirs ? Ce serait sûrement la pire hypothèse. En tous les cas je doutais de plus en plus qu'il soit d'accord avec ce que faisait son père, mais je n'étais tout de même pas encore prête à lui accorder ma confiance. Je repensais alors à notre combat contre le feu. Le fait que nos pouvoirs aient décuplé lorsqu'on s'était tenus la main m'avait terrifié mais en même temps émerveillé. Qu'est-ce qu'il avait ressenti lui ? Qu'en pensait-il ? J'avais bien trop de questions, il fallait absolument que j'ai, moi aussi, une conversation avec Amiens pour éclaircir tout cela, et avec tonton Dada qui devait sûrement en savoir plus que moi.

Alors que j'étais plongée dans mes pensées Allan était parti voir comment allait Emma et le conciliabule de tonton Dada et d'Amiens fini enfin. Tonton Dada se dirigea après cela vers moi en laissant Amiens réfléchir à tout ce qu'il venait de lui dire. Alors qu'il s'approchait je décidais de lui faire la tête pour lui montrer que je n'avais toujours pas dirigé le fait qu'il parte comme un voleur la dernière fois. Il soupira en voyant ce que je m'évertuais à faire et me souffla :

- Je pense que tu devrais aller lui parler.

Je lui lançai un regard noir mais me levai tout de même. Bien sûr qu'il fallait que je lui parle, c'était même très urgent. Il fallait absolument que je fasse un tri dans les questions qui remplissais ma cervelle et c'était le seul à pouvoir y répondre, avec tonton Dada peut-être mais lui je lui faisais la tête. J'attrapai un paquet de chips qui trainait, sûrement apporté par mon oncle, et allai m'asseoir en face d'Amiens. Je le laissai réfléchir un temps tout en mangeant mes chips, j'avais une faim de loup. Au bout d'un moment il prit la parole sans même que j'ai à lui demander.

- Tu le savais ?

Je le regardai en plissant les yeux pour essayer de deviner ce qu'il savait ou non, ce qui bien sûr ne marcha pas. Il avait l'air complètement chamboulé mais je ne savais pas ce que lui avait dit tonton Dada, s'il avait omis des choses. Il fallait que je fasse attention à ce que je dise, sinon il se refermerait comme une huitre et ne me dirais rien ce qui serait problématique pour avoir des réponses à mes questions :

- Tu pourrais être plus clair ?

- Que je suis un élémentaire. Tu devais le savoir puisque tu m'as fait m'en servir. Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

- Alors déjà même si je le savais quand on était prisonnières j'aurais imaginé que tu le savais. Et de toute façon je ne le savais pas, tonton Dada a émis cette hypothèse quand nous étions revenus.

- Tonton Dada ?

- Daniel mon oncle, celui qui vient de te parler. Je disais donc que je ne le savais pas et heureusement qu'il ne s'était pas trompé sinon on ne serait pas là maintenant.

Amiens marmonna quelque chose dans sa barbe que je ne compris pas, je continuai donc :

- D'ailleurs...bien joué...tu as été super tout à l'heure.

Il leva enfin son regard de ses chaussures et me regarda, surpris.

- Mais c'est toi qui as tout fait ! Sans toi je ne serais arrivé à rien ! Je ne savais même pas que je pouvais faire ça, je ne savais même pas que j'étais...ça.

Sentant sa détresse je lui pris la main et dit :

- Eh bien on est deux. Il y a un mois, je ne le savais pas non plus. Et notre coup avec ...

Je m'arrêtai en remarquant qu'une aura dorée nous englobait et qu'un vent tout sauf naturel faisait voler mes cheveux dans tous les sens. Je sentais la terre sous ma main comme je ne l'avais jamais senti et l'humidité de la forêt était bien plus présente. J'arrivai même à déceler les dernières traces de l'incendie qui avait lieu à l'orée de la forêt. Je lâchais tout de suite la main d'Amiens. Le vent retomba ainsi que la lumière dorée et toutes mes sensations disparurent aussitôt. Nous nous regardions, complètement pétrifiés parce qu'il venait de se passer, pendant que les autres accourraient vers nous.


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