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Samuel s'éveilla plutôt tard. Il avait cours le samedi de neuf à onze heures, et en regardant le cadran numérique, l'adolescent vit qu'il était déjà neuf heures trente passé. Il resta sur le dos, les paupières closes. Il sentait ses côtes le lancer, ses mains le brûler mais ne fit rien. L'envie de se lever l'avait abandonnée au moment où ses yeux s'étaient posés sur l'heure digitale.

Ce fut un petit grattement à sa porte qui le fit de redresser totalement sur son matelas. La porte s'entrouvrit et un rail de lumière fut projetée sur le mur.

— Sam ? Tu dors encore ?

C'était Elijah. Cette petite voix toute douce détendit l'adolescent qui fit un signe de la main au garçonnet. Ce dernier s'avança tandis que Samuel basculait ses jambes en dehors du draps et déposa ses pieds sur le sol. Dès que ce contact se fit, une violente décharge électrique le fit grimacer.

— Ça va ? Continua Elijah en grimpant sur le lit.

Samuel grogna un oui avant de se lever pour ouvrir les volets de la chambre. La tâche fut longue et extrêmement douloureuse, mais il le camoufla par un sourire crispé.

— Ton t-shirt est taché, constata le garçon.

L'adolescent baissa les yeux sur le tissu et vit effectivement une longue tâche rouge le parcourir. Samuel jura avant de revenir vers son lit, son matelas aussi était taché. Du sang.

— Une fille a appelé tout à l'heure, elle va venir à la maison.

Un regard interrogea le garçon et celui-ci se hâta d'expliquer.

— Asia, elle s'inquiète du coup elle vient.
— Isiah, et je ne veux pas qu'elle vienne. De toute façon, elle connait pas l'adresse de la maison.

Elijah tordit sa bouche en une moue dubitative et plia ses jambes pour se mettre en tailleur..

— Pourtant, elle avait le numéro de papa.

Ce mot "papa" résonnait si juste dans la bouche de petit, pourtant Franck n'était pas son père. Le seul véritable enfant des Gilbert était Chloé. Les trois autres étaient des adoptifs, remplaçant des jumeaux morts.

Samuel avait appris cette histoire un mois plus tôt. Fleur avait perdu ses deux enfants quelques années après leur naissance. Ils avaient tous les deux presque dix-sept ans mais un homme les avait tué, sans aucune raison. Ils avaient été là au mauvais endroit, au mauvais moment. La douleur de cette mère avait été vive de longue année, un garçon au nom de Tim l'avait un peu apaisé. Puis, l'adoption l'avait finalement soignée.

— Mais, comment elle a fait ? Demanda Samuel, se forçant à sortir de cette pensée macabre.

Elijah leva les épaules, n'ayant aucune réponse. Samuel resta debout, craignent de s'assoir et de ne jamais se relever. La douleur était violente.

— T'as mal, hein ?

Samuel plongea son regard d'onyx dans celui innocent de son cadet. Trop d'amour débordait de ce petit être abandonné à trois ans par des parents étranges. Elijah avait connu internat, orphelinat et famille d'accueil. Tout ça en trois années.

— T'as mal partout mais tu ne le dis pas. Je t'admire.
— On admire pas quelqu'un qui ne sait pas donné de mot à ses sentiments.
— Je t'admire quand même.

Têtu en plus de ça, Samuel sourit. Il aurait voulu embrasser le front du petit mais se retint, de peur de le salir.

— Je penses que les plus beaux gens sont ceux de couleurs, lâcha soudainement le blond.

Choqué, Samuel écarquilla les yeux.

— C'est vrai, les blancs ils sont tous pareils alors qu'un noir ou un jaune et bah ils ne l'est pas. Et puis, un arc en ciel c'est beau.
— L'arc en ciel n'a pas de noir, bonhomme.
— Il n'a pas de blanc non plus.

Passé composéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant