Chapitre 12

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L'odeur du bois fraîchement ciré le gêna. Poirot ouvrit les yeux. Sa nuque lui faisait terriblement mal. Quelques minutes lui furent nécessaires pour comprendre qu'il était allongé au sol. Il se releva difficilement, se frottant la tête. Il avait été agressé comme l'indiquait le sang sur sa paume de main. Il regarda sur le bureau. Le livre avait disparu ainsi que le cahier et les feuilles manuscrites.

Il descendit fébrilement les escaliers. Il n'avait pas beaucoup d'équilibre. Il ne devait pas avoir parcouru plus de quelques mètres depuis le seuil lorsqu'il devina des silhouettes au détour d'un gros chêne. A sa vue, Sam, Gavin Trafford et Otty accoururent.

- Mais où étiez-vous donc ? s'écria Sam.

- Juste une petite balade matinale, ce n'est pas la peine de se mettre dans un tel état...

- Balade matinale. Il est dix-huit heures, Poirot...Tout le monde est à votre recherche. répliqua-t-il, furieux.

Son regard se posa sur la main ensanglantée.

- Mais vous êtes blessé...

- On peut dire cela... mais ce n'est pas grave. La tête saigne toujours beaucoup.

- Il vous faut rentrer. Je vais appeler le médecin pour qu'il vous examine au plus vite.

Poirot ressentit des vertiges et Gavin Trafford lui proposa de suite son bras pour appui.

***

Le repos lui faisait du bien. Le médecin lui avait juste apposé un pansement et prescrit quelques antidouleurs. Sam ne l'avait pas quitté depuis le cottage.

- Et bien, maintenant, allez-vous m'expliquer ce qui s'est passé ? demanda-t-il inquiet.

- Je crois que l'on a assommé Poirot, tout simplement...

- Tout simplement !... Vous plaisantez ! Peut-être a-t-on essayé de vous tuer...

- Poirot ne le croit pas. Un simple coup générera un simple mal de tête tout au plus. Cela ne peut pas tuer, j'en sais quelque chose.

- Mais pourquoi ?

- J'ai trouvé des documents chez le professeur Tocks. Notamment un livre ancien sur les superstitions indiennes. Cela devait faire référence à la légende qu'il nous avait contée peu de temps avant sa mort. Tocks s'intéressait beaucoup aux Maywood. Il était en train d'établir un arbre généalogique depuis Edward Maywood. La personne qui m'a assommé a emmené ces documents...

- Que diable cela veut-il dire ?

- Pour l'instant Poirot n'en sait rien. Mais il compte bien le découvrir...

- Pour le moment, vous allez surtout vous reposer. Je vais demander à Miss Pearly de vous préparer une tisane. assura-t-il.

Poirot s'apprêta à décliner la proposition. Aucune confiance en cette femme. Mais il s'en retint car Sam aurait demandé des explications. Et le détective ne voulait pas se lancer dans ce genre de discussions. Au pire, il ne boirait pas le breuvage...

- Je vous souhaite une bonne nuit. Si vous avez besoin de quoi que ce soit...

- Je vous remercie, Sam. C'est très gentil. Bonne nuit.

Sam se retira et malgré son opiniâtreté, Poirot ne lutta pas longtemps contre le sommeil.

***

Des picotements sur ses lèvres le réveillèrent. Il tressaillit mais rien n'y fit. Il ouvrit les yeux. Son cœur s'emballa aussitôt.

- Amelia, mais que faites-vous ici ?

- J'aurais préféré autre chose comme accueil ? Que vous m'étreignez par exemple.... Je sais : c'est très banal mais très efficace... remarqua gentiment la jeune femme.

- Excusez-moi mais je suis si étonné de vous voir.... Et si heureux à la fois...

- Eh bien, vous me manquiez terriblement... Et comme vous ne daigniez pas rentrer à l'appartement... Me voilà...

- Je suis vraiment impardonnable... mais il se passe tellement de choses étranges ici que je ne sais où donner de la tête... Ce n'est certainement pas une bonne excuse... mais c'est la seule que Poirot trouve à brûle pourpoint...

Amelia lui sourit. Elle glissa la main dans la nuque du détective. La douleur de la veille se réveilla et Poirot grimaça. Peu mais assez pour que la jeune femme réagisse. Elle avait senti la compresse posée.

- Vous vous êtes blessé ?

- Quelqu'un m'a assommé...

- Vous ne croyez pas avoir des choses à me raconter ? demanda-t-elle.

Le détective lui narra donc tout, depuis son arrivée à la gare. Amelia écoutait avec grande attention sans jamais lui couper la parole. Lorsqu'il eut fini, le silence s'instaura. Mais de courte durée.

Amelia se leva du bord du lit et se rendit à la fenêtre.

- Ne faudrait-il pas retourner jeter un œil dans le pavillon de chasse ? ... Cette Miss Pearly semble bien étrange en tout cas...

- C'est vrai, je n'ai aucune confiance en elle. Mais les a priori...

- Je sais, il ne faut pas s'y fier.

- Vous m'accompagnerez ?

- Je n'ai pas parcouru tous ces kilomètres pour vous laisser maintenant. Je ne vous quitte plus de notre séjour en Écosse.

Elle revint rapidement s'asseoir sur le lit et ils s'embrassèrent tendrement.

Le retour d'Amelia était une bonne chose. La meilleure qui lui soit arrivée depuis des semaines.

Il savait qu'il faudrait à un moment où un autre évoquer la réalité des choses. Il aimait Amelia et ne pouvait concevoir sa vie sans elle. Il était certain qu'une telle relation aurait un jour raison de leurs efforts, de leur attachement aussi grand soit-il.

***

Fanfiction Poirot : Les chiens de GrangemouthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant