Chapitre 41

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Une fois de plus, Poirot ne résista pas à l'envie de passer les rubans qu'avaient tendus les policiers afin de délimiter l'endroit où le corps décapité de l'intendant avait été découvert le matin-même.

L'herbe mouillée était écrasée, là où, il le présumait, le corps d'Otty gisait.

Il tourna autour de l'empreinte laissée au sol.

« Alors, Poirot ? Que peut-on bien apprendre ici ? ... La police a emmené le corps de toute façon » : soupira Hastings.

- Regardez plutôt cela.

Le capitaine s'accroupit en face de son associé. Il lui lança un regard incrédule.

- L'herbe est certes couchée ici... mais elle l'est également là sur toute la longueur. Deux tranchées parallèles, d'environ cinq centimètres de largeur séparées de vingt centimètres.

Poirot se redressa.

- Suivons ces traces. On a transporté son corps. Les traces sont celles de ses talons. Il a dû être traîné sous les aisselles.

- Exercice des plus ardus pour une octogénaire. nota Hastings.

- Comme vous le dites si bien !

- Mais pourquoi déplacer le corps ? ... Peut-être ne voulait-on pas qu'il soit découvert là-même où le crime a été perpétré... Cela compromettrait directement l'assassin... Il a sûrement été décapité chez l'assassin... Il doit être d'un grand sang-froid. Transporter un corps, passe encore, ... mais de là à transporter également sa tête à part, j'en frissonne. » : grimaça le capitaine.

- Vous faites preuves de fulgurances, mon ami. Mais un élément me fait douter de ce scénario.

- Lequel ?

- Selon le rapport du légiste, la gorge a été tranchée en perpendiculaire parfaite du corps, sans le moindre angle.

- C'est à dire ?

- Si vous voulez trancher la gorge de quelqu'un qui se trouve debout devant vous, votre mouvement ne sera pas parallèle à l'horizon. Vous partirez de haut et votre mouvement descendra au fur à mesure. La gorge sera donc tranchée de biais.

- Ce qui n'est pas le cas pour Otty.

- Poirot croit qu'on lui a tranché la tête ici. Otty était allongé au sol.

- Était-il mort ou seulement inconscient ? Et pourquoi lui trancher la tête ?

- Argh... Poirot ne sait pas. Un rituel peut-être, ...

- Au fait... Comment connaissez-vous les conclusions du rapport de l'expert ?

- C'est le jeune policier, l'assistant de l'inspecteur Mack, qui m'a fourni les informations.... Je crois qu'il m'aime bien » : sourit Poirot, détournant les talons.

- Qu'il vous aime bien ?!... Poirot, attendez-moi, voulez-vous ? ... »

***

Ils quittèrent la clairière pour s'enfoncer dans les bois. Les traces n'étaient plus vraiment visibles au sol. Des branches cassées, des buissons abîmés trahissaient le passage du corps charrié par son assassin.

- Depuis combien de temps marchons-nous, Hastings ?

- Je ne sais pas. Je n'ai pas regardé ma montre. J'ai l'impression que cela fait bientôt cinq minutes.

- Cinq minutes. Vous imaginez traîner un corps de..., Otty était grand..., de plus de quatre-vingt-dix kilos durant cinq minutes ?

Hastings soupira.

- Peut être faisait-il des arrêts pour se reposer. Ou alors ils étaient plusieurs à se relayer.

- Poirot en doute. S'ils avaient été plusieurs, il n'y aurait pas de traces au sol. Pour faciliter les choses, l'un aurait saisi le corps sous les aisselles et l'autre par les chevilles. Qu'en pensez-vous ?

- Je crois que vous êtes plus sujet aux fulgurances que je ne le suis. Une chose est certaine, et vous ne me contredirez pas cette fois : Miss Applegate peut être disculpée... Mais si Otty a été décapité allongé ailleurs que dans la clairière... Peut-être n'auraient-ils pas été trop de deux pour transporter d'une part le corps et de l'autre la tête...

- L'élève tenterait-il de dépasser le maître...En tout cas si ce n'est pas Miss Applegate, qui alors ? ... » : nota Poirot.

***

Ils arrivèrent à une seconde clairière. Les deux traces dans l'herbe étaient à nouveau visibles.

- Les empreintes disparaissent ici mais il y en a de beaucoup plus large qui viennent se perdre par là-bas.

- Des pneus, très certainement. remarqua justement Hastings.

Poirot soupira. Inutile de poursuivre à pied. Ils ne pourraient pas suivre les traces des pneus indéfiniment.

Il fallait rentrer et rendre une petite visite à Miss Applegate. Certes, Poirot l'imaginait mal en Euphrasie Deroux mais elle avait certainement des choses à leur apprendre...

***

Fanfiction Poirot : Les chiens de GrangemouthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant