Crise d'adolescence

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Entre décembre et juin, il s'en passe des choses. Non pas que je ne faisais aucun cauchemar, au contraire. Cependant les choses se répétaient, et il m'était pas nécessaire de l'écrire ici. Jusqu'au jour où Elle décide de rêver, à ma place, où je sens que ce n'est pas mon caractère, que ce n'est pas moi. Étais-je en train de changer ou de devenir complètement fou(lle) ?

Mais non, c'était bien Elle. On partageait le même corps, et donc, les mêmes rêves. Elle voyait ce que je voyais, sans rien dire, sans me soutenir en retour. Comme une crise d'adolescence. Quelque chose de refoulé en moi ? Commençai-je aussi à faire la mienne, a seulement 17 ans ?

J'approche de l'âge adulte et pourtant je me sens pas prêt. Pas prêt à faire face à la sexualité, ni les débats politiques, ni le travail, ni ces âges tout simplement. Alors qu'Elle veut plonger en plein dedans, comme moi quand j'avais l'âge de ma fugue et de cet incident qui hantait mes cauchemars jusqu'à récemment. Ce mot, interdit mais aussi très politisé, au final.

Alors qu'Elle, n'a pas peur, même avec celui que j'aime. Était-elle aussi en train de grandir, pour me montrer ça ?

Je venais tout juste d'arriver chez ma princesse préférée, quand ses parents décident d'ouvrir la porte. Leur visage m'était inconnu, comme une partie du salon. Alors tout était quasiment noir, comme leur visage. Cela me faisait plus peur qu'autre chose, je nageais dans l'inconnu une fois de plus. Il arriva ensuite après un appel passé sur Skype. Assis sur des sièges, tout le monde parlait de tout et de rien, sauf moi. Elle parlait à ma place. Ce n'était pas moi de toute manière qui me contrôlait. Je n'avais accès à rien. J'appréhendais simplement ce qui allait arriver d'ici une quarantaine de minutes tout au plus, entre mon amoureux et moi. J'avais peur. Ma mère me voyait discuter comme si de rien n'était, mais savait que ce n'était pas moi. Elle ne disait cependant rien du tout, et retournait à ses occupations, avec les chers parents qui se trouvaient juste en face de nous. 

Alex prit alors la parole, nous proposant de monter les deux étages qui constituaient cette maison. Mon frère ne vint pas. Elle était seule, face à lui. Il se retourna alors pour faire face aux escaliers, mais je forçai pour m'empêcher de monter. J'avais tellement peur ! Mais finalement, Elle reprit le contrôle sans que ma moitié sache quoi que ce soit. Plus j'approchais de sa chambre, et plus j'avais des images des toilettes qui revenaient. Je ne pouvais pas sortir de ce rêve si réaliste mais à la fois étrange. J'avais contrôle de moi-même parfois alors que je ne l'avais pas en temps réel. Un changement, sans doute ? Je n'avais pas eu cet effet depuis plusieurs semaines maintenant, alors je ne pouvais pas dire. Bien sûr, je ne souhaitais pas que ça se produise de nouveau. 

Les escaliers étaient désormais franchis, et courir ne m'était plus possible. Bien sûr, Elle m'en aurait empêché, voulant tout simplement profiter de ce qui était censé me revenir de droit. Attendez, comment je considérerais quelqu'un que j'aime comme un objet ? Tu veux que je le dise comment ? Chacun s'exprime comme il le peut, je n'arrive jamais a le faire correctement... Alors il faut bien le faire quelque part.

Alors que la porte se ferme, je voyais la scène de l'extérieur. Les deux se jetaient dessus, comme si leur récompense était attendue à ce moment. Un baiser. Le tout premier. Bien que cela n'était pas forcément mes préoccupations, m'en voir privé est quelque chose d'inconsolable. Je voulais reprendre contrôle de moi-même, mais sans vrai succès, car mon corps avait finalement reculé, comme si j'avais peur. C'est alors là que je me dis que je réagissais comme si j'avais peur, alors que je voulais tout simplement avoir emprise sur moi. Alex l'avait vu. Il demanda si j'allais bien.

Et là, alors que je peinais à reprendre contrôle de moi-même, je criai :

"NON JE NE VAIS PAS BIEN, OUI J'AI PEUR, J'AI PEUR QUE CE NE SOIT PAS MOI QUI ÉTAIT LA A CE MOMENT, CAR FINALEMENT IL S'AGIT D'UNE AUTRE PERSONNE QUI COMBAT MES DÉMONS A MA PLACE, QUI PROFITE DE CADEAUX DE MA VIE A MA PLACE, QUI SE COMPORTE COMME QUELQU'UN DE MON ÂGE, OU ENCORE QUI PREND CONTRÔLE DE MA VIE TOUT COURT; J'EN AI MARRE, POURQUOI ON NE PEUT PAS CO-HABITER TOUS ENSEMBLE ? COMME UNE VRAIE FAMILLE ? OU ALORS COMME DE VRAIS AMOUREUX, A 4, AVEC NOTRE NÉMÉSIS ? J'AI APPRIS A ACCEPTER MES DÉMONS, J'AI RÉCEMMENT APPRIS A VIVRE AVEC LES MALHEURS QUI ME SONT ARRIVÉS, J'AI RÉUSSI A LES EXPRIMER A MES AMIS, ALORS POURQUOI ILS NE VEULENT PAS DE NOUS ? ALORS QU'ON PEUT TOUT LEUR DONNER, LEUR DONNER UNE VIE MEILLEUR QU'ILS ONT DÉJÀ..."

Moment de silence.

"Tout ce que je demande, c'est une co-habitation, pour chacun de nos némésis, pour chacune de nos voix, qu'on les accepte, qu'ils nous acceptent, qu'ils acceptent qu'on est ensemble, qu'on s'aime, et qu'on les aime également malgré ce qu'ils ont essayé de nous faire, ce qu'ils ont essayé de faire penser aux autres. Je veux juste en finir avec tout ça."

Quelques secondes avaient passées avant que je reprenne le contrôle, sans un mot d'Elle. Sans un mot de la personne qui logeait en moi, sauf celui-là :

"Profite."

C'est désormais une page qui se tourne, celle de l'acceptation de soi.

ConfidencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant