La cage en verre

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Mes relations évoluent, et ma tête aussi. Je me sens de plus en plus submergé par cette femme de jour en jour. Et c'est un problème qui se pose.

Je ne serais plus moi, et j'aurais de plus en plus de mal à me contrôler. De cacher cette peur et ce que je vois réellement. Des gens ont du mal à accepter ce que c'est.

J'ai peur de mourir de cette façon mais c'est aussi le moyen le plus simple que j'ai pour m'en sortir. Le choix n'est pas imposé mais je peux avoir très mal. Comme cette nuit je pouvais pas sortir de cette boîte.

Alors qu'il était 10h20 un samedi matin (NDA : je connaissais l'heure sans avoir même à le voir par habitude de mes horaires scolaires), j'étais avec un ami à moi que vous connaissez sans doute tous maintenant, ma princesse, mon petit protégé.
La femme nous regardait, jalouse. On se faisait juste des câlins car on avait froid, où était le problème ?
J'étais fatigué, exténué. Je n'en pouvais plus de cette semaine interminable. Je dormais (et je dors !) de moins en moins, ce qui pose problème quand je dois réviser ou mémoriser quelque chose car tout simplement j'y arrive pas. Mais au moins ce qui marchait, c'était les câlins. Des gens passaient, nous regardaient bizarrement, comme si nous étions des invalides. Comme si notre visage avait un problème et était pas dans la norme.
Je déteste le regard des gens putain.
J'avais un couteau dans la main, qui venait d'apparaître. C'était cette femme qui le tenait, faisant en sorte que ce soit moi qui le tienne. Pendant que je faisais un câlin à mon cher ami, elle tendait ce couteau (il était très petit) vers moi. La lame très tranchante était pointée vers mon cœur. Par réflexe, j'avais reculé, même si elle me tenait toujours la main, et j'avais couru le plus vite possible dans le couloir. Mon professeur d'Histoire-Géographie ne comprenait absolument rien de la scène, alors qu'il venait de sortir du cabinet des professeurs d'Histoire.
La femme me tenait encore une fois la main. Je venais de glisser, et était tombé complètement droit au sol. Ça faisait mal. Et le couteau s'approchait de plus en plus de mon cœur. Mes mains étaient entièrement prises, je ne pouvais rien faire. Je me pensais mort, je pleurais.
Alex venait d'arriver quelques secondes plus tard, comprenant la situation. Je le voyais trembler en marchant, enfin je crois... Elle bloquait le passage cette imbécile.
Justement, elle venait de se retourner, le voyant. Elle s'était précipitée pour me tuer, ce qu'elle n'avait pas réussi. Alex avait prit le couteau à temps et l'avait éloigné. La femme avec son sourire avait disparu, et mes bras rejoignaient le sol. Il avait récupéré le couteau au sol avant de le ranger dans sa poche. Puis il était revenu vers moi me calmer.
Je ne savais même plus quelle tête je faisais. Oui je pleurais sans doute. Mais j'étais complètement déboussolé.

Le professeur aussi s'était empressé de venir. Il n'avait pas du tout compris, mais il nous avait proposé de rejoindre l'infirmerie. Ce que Alex avait obligé avant de prendre mon téléphone situé dans ma poche.
Il avait composé un numéro, celui de ma psy, pour prévenir de la situation et aussi pour appeler mes parents. Après ça, ils m'avaient raccompagné à l'infirmerie.

Une fois là-bas, ils avaient expliqué ce qu'il venait de se passer, et ils avaient appelés mes parents, suivis des urgences.

J'entendais son rire qui venait de l'autre pièce. Elle entendait tout et voyait tout. Je n'arrêtais pas de pleurer. Je voulais que tout cela cesse. Je voulais juste avoir la paix...

Le SAMU m'avait pris en charge, mais les médecins se méfiaient quand même de moi, me jetant des regards noirs par ci par là. La femme rigolait toujours. J'entendais pendant le trajet des "gouine" "salope" "bizarre", enfin ce genre d'adjectifs et des mots les plus sympathiques les uns que les autres. Alex me tenait la main tout en étant encore une fois au téléphone, cette fois avec Rex et Damian.

Je me sentais de plus en plus vide. La flamme qui s'était allumée il y a quelques temps, témoignant que j'avais de nouveau la capacité de vivre s'éteignait au fur et à mesure. La fatigue voulait m'emporter mais je ne pouvais pas me laisser aller.

Une fois aux urgences, on m'avait prit en charge, en me tenant fermement, comme si j'allais faire quelque chose de grave. Je me débattais, mais on m'avait rapidement calmé par des coups de toutes sortes. Je n'étais pas là où je devrais être habituellement, les murs étaient blancs, mais pas de la même manière que les urgences proches de mon établissement.

Ils m'avaient examiné, mais avaient bien précisé en rigolant largement que je devenais juste fou, car il n'y avait rien à signaler. Elle rigolait tellement avec ces médecins, j'en avais la rage. Car il y avait bien quelqu'un qui se moquait de moi, qui voulait me pousser au bout, qui veut juste que je sois seul car selon elle c'est la meilleure chose à faire : pour moi, pour mes études.

Vous voulez juste me voir mourir, avouez-le.

Une fois les tests faits, ils avaient bien précisés que l'on devait me laisser en chambre le temps de récupérer.

Marcher dans ces couloirs semblait tellement rapide, je voulais que ce moment soit interminable.

Je voulais retrouver mes amis, m'en aller, penser à autre chose.

Une fois devant la porte, ils m'avaient laissé aller dans la dite chambre, je m'exécutais. Une fois à l'intérieur de la pièce, totalement vide, ils avaient fermé la porte avant même que j'eus le temps de réagir.

Elle était blanche et bleue. Il y avait quelques taches de sang sur les murs et le sol. La fenêtre était assez loin, et je ne pouvais même pas la toucher, car la pièce était un carré parsemé de murs que je ne pouvais pas voir.

Je criais, mais ma voix ne portait pas du tout. Je tapais sur les murs jusqu'à en saigner, mais le tout était trop résistant.

La femme était au centre, me regardant. Elle ne savait pas quoi faire, jusqu'à ce qu'elle me chuchotait des paroles, me disant de mourir, me disant de ne pas survivre, me disant que je servais à rien, me disant que mes amis allaient m'abandonner, me disant que je serais plus jamais quelqu'un, me disant que les gens me prenaient pour un imbécile, un fou, une gouine, un invalide.

Mes larmes ne venaient plus. Je n'avais plus la force de faire quoi que ce soit.

Je voulais sortir de ce cauchemar. Je ne voulais pas être seul. Je ne veux pas me plier à cette femme qui autrefois était gentille avec moi.

Damian, Rex et Alex me regardaient depuis la fenêtre. D'autres gens passaient, je pouvais clairement reconnaître le visage de mon ex parmi eux. Il rigolait, se moquait de moi. Et aussi de Damian, qui avait posé sa patte sur la fenêtre. J'avais essayé de prendre la sienne, mais en vain. Il était trop loin de moi. Alors que chaque câlin me rapprochait de lui de plus en plus.

Il s'agissait de la dernière émotion que je pouvais ressentir. La flamme venait de s'éteindre. Définitivement. Mes yeux ne faisaient plus aucun effort. Je ne voyais plus rien. J'étais tombé au sol. Je sentais un liquide couler sur mes oreilles et ma tête.

"Suicide-toi, ta vie se trouve là-haut. La mienne est en bas."

ConfidencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant