-OUTER BANKS [Leyla]-

Chapitre 10 : Avertissement

Le soleil se couchait progressivement et je jugeai que le temps était parfait pour faire une petite balade en mer. Ayant réfléchi tout le reste de l'après midi à la proposition de Topper, j'avais fini par me convaincre que cette soirée ne me ferait aucun mal. J'avais besoin de nouer des liens et de vivre ma vie d'adolescente sans me soucier du regard des autres. Après tout... Pourquoi me torturer l'esprit en imaginant toute sorte de scénarios ayant une chance sur mille de se produire ?

Je soupirai longuement et amarrai mon bateau à la première place libre que je trouvai. Par chance, la plupart des embarcations avaient fichu le camps et la foule n'était plus au rendez-vous.

Avec un peu de chance je vais croiser Ward, pensai je.

En effet, j'avais décider de lui régler l'acompte de mon nouveau bâtiment, satisfaite de ce dernier. Il répondait à tous les critères que j'avais sélectionné et convenait parfaitement à l'usage que je lui réservais.

- Miss Tremblay, fit une voix dans mon dos.

Je mordis mes lèvres et priai intérieurement pour que ce soit monsieur Cameron, mais il en fût autrement. Un homme métisse traînant un long filet me fixait, septique et je balbutiai :

- Je... Oui, c'est bien moi... Qui êtes vous ? Et puis... Comment est ce que vous connaissez mon nom ?

Il s'approcha de moi et tendit sa main en souriant :

- Je suis Heyward, je père de Pope !

- Oh ! C'est donc vous la légende vivante de l'île ? Ravie de faire votre connaissance monsieur, m'exclamai-je en m'emparant de son avant-bras.

- Vous êtes arrivée récemment si j'ai bien compris !

Je hochai la tête et répondis :

- C'est exact, il y a quelques jours !

- Pope m'a beaucoup parlé de vous, avoua t'il sans pour autant ôter son sourire de ses lèvres.

- C'est vrai ? Je... C'est gentil de sa part mais je ne mérite pas autant d'attention vous savez.

- J'aime votre modestie miss Tremblay. Mais ce n'est pas tous les jours que quelqu'un s'installe ici, donc permettez moi de vous accueillir comme il se doit !

Je le remerciai chaleureusement et demandai :

- D'ailleurs, sauriez vous où je peux trouver votre fils et ses amis ? Ça fait déjà deux jours que je ne les ait pas croisé et il se trouve que je ne peux pas les joindre par téléphone...

L'ouragan Agatha n'avait pas seulement détruit les maisons et les arbres... L'électricité et le réseau aussi y étaient passés et seuls les plus riche avaient réussi à contourner le problème grâce aux générateurs de secours.

Les Kooks...

- Ils sont passés prendre des provisions ce matin. Ils ont du partir en mer pour la journée, expliqua Heyward.

Il désigna ensuite les marais du Sud et ajouta :

- Ils se posent souvent dans ce coin la lorsqu'ils prennent le gros bateau du petit blond. Ils dorment sur le pont et le lendemain, ils recommencent... Ils ne tarderont pas à rentrer de toute manière. D'ici une heure, ou peut-être même deux ?

- Merci infiniment monsieur ! C'est très aimable de votre part !

- Il n'y a pas de quoi !

Je m'éloignai, souriante et trottinai vers la cabane de garde après avoir fait un signe de main poli à l' homme.

Il est cool ! Pope est un sacré veinard !

Je frappai à la porte en bois et recommençai quelques secondes plus tard. N'ayant toujours aucune réponse, je baissai la poignée et y donnai un coup de pied. Les jointures étaient rouillés et cela provoqua un grincent atroce. Je me bouchai les oreilles en attendant que cette torture ne cesse et jetai un coup d'œil dans la pièce. De vieux documents étaient grossièrement entassés sur le bureau et une chaise en bois était renversée sur le sol. Une baie vitrée était à moitié brisée et quelques morceaux de verre jonchaient par terre.

- Hum... Puis-je savoir ce que vous faites ici ?

Je me retournai en sursaut et découvrit une femme vêtue d'une uniforme de shérif adossé sur le mur. Elle décroisa ses bras et me reposa la même question auquel je répondis :

- Je cherchais juste monsieur Cameron, je vous le jure ! Ce n'est pas moi qui ait fait ça !

À l'entente du nom du riche Kook, son regard s'assombrit et elle fronça les sourcils :

- Qu'avez vous à voir avec cet homme ?

J'essayai de garder mon calme face à son air menaçant et déclarai :

- Je voulais simplement lui régler l'acompte de son bateau.

Afin de prouver mes paroles, je dégotai une grosse liasse de billets et la secouai sous son nez :

- Vous voyez ? Je dis la vérité.

- Je ne vous ai jamais vu sur l'île jeune fille... Pouvez vous me dire votre nom ?

-Leyla Tremblay madame.

Le shérif lança un coup d'œil à son collègue qui était quelques mètres plus loin et chuchota :

-Monsieur Cameron doit être rentré à cette heure là.

Je lui lançai un regard interrogateur et elle ajouta :

-Faites attention à vous miss Tremblay. Les gens ne sont pas toujours ce qu'ils semblent être. Méfiez vous des apparences.

-C'est un avertissement ?

Elle sembla hésiter et sourit :

-Un simple conseil ! Bonne soirée Leyla !

Elle fit demi-tour, lança quelques mots à son collègue et se dirigea vers la voiture de police garée sur le parking. Je la regardai s'éloigner en me demandant ce que pouvaient bien cacher ses dernières paroles. Je pris soin de refermer la porte et jetai un coup d'œil de part-et d'autre du ponton avant de sauter dans mon bateau. N'ayant pas trouvé ce que je cherchais, je décidai d'aller faire un saut à Figure Eight avant de rejoindre John B et compagnie.

De toute manière, ils ne m'attendent pas à ce que je saches, me rassurai je en démarrant le moteur.

- Et c'est reparti pour un tour...

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