Chapitre 6 : Les Amants Maudits

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Ma mère et moi nous rendons dans un parc pour notre jogging de dix heures. Elle avance d'un pas décidé tandis que je traine des pieds alors que Sali tire sur la laisse, m'obligeant à avancer. Je lâche la chienne et celle-ci déboule pour rejoindre ma mère, ayant commencé à courir. J'échauffe mes jambes en avançant à petits pas avant d'accélérer pour les rattraper. Au bout de la moitié d'un tour de lac, mes forces s'épuisent et je ralentis. Ma mère ricane par-dessus son épaule.

"C'est tout ce que tu peux faire ?"

Vexée, une nouvelle énergie me prends, et je redémarre, jusqu'à dépasser la moqueuse. J'essaie de maintenir un bon rythme tout en gardant une distance écrasante. Je ne veux pas qu'elle pense que je suis faible, elle serait bien trop heureuse de pouvoir se vanter de sa victoire.
Je fatigue. Puis, un visage parfait vient à mon esprit. Luke. Mon cœur se serre. Ce bel amour se transforme rapidement en colère face à la vision atroce de son pauvre corps ensanglanté. Mes yeux me brûlent et j'accélère comme si je voulais fuir la réalité, fuir ce monde malheureux.
je m'arrête au point de départ et regarde derrière moi pour jouir de ma victoire, mais aucune satisfaction ne m'envahit. Il y a des choses biens plus importantes que de battre sa mère à une course. Des choses graves qui me hantent tous les jours. Si seulement je n'étais pas qu'une simple adolescente limitée, je pourrais mettre fin aux injustices.
Hélène s'arrête à deux pas de moi et reprend son souffle, accompagné de Sali qui vient me quémander quelques caresses.

"Tu ne plis pas suffisamment les jambes derrière toi quand tu cours." Elle lâche d'un ton mauvais.

Cela ne m'a pas empêché de gagner, mais je reste interdite. Elle a juste besoin de se défouler pour retirer la frustration causée par sa défaite, c'est dans sa nature.

"Je ferai attention la prochaine fois."

Quelque chose m'interpelle lors du chemin du retour en voiture ; il me semble qu'une nouvelle énergie m'ait envahie l'estomac. Je n'ai eu aucun mal à tenir un rythme rapide à la course et ai été assez forte pour que l'attaque de ma mère ne m'atteigne pas. On dirait que le bonheur est un carburant puissant qui engendre la confiance.

Nuit suivante. Même endroit si mystérieux, même regard brillants d'émotions de Luke. Est-ce qu'il réalise qu'il est mon unique raison de vivre alors qu'il est mort ? Malgré que son décès ait causé énormément de tristesse, c'est étrange de le dire de cette manière, mais c'est la meilleure chose qui me soit jamais arrivé. C'est tellement égoïste de penser ça, je m'en veux. Évidemment que je préfèrerais qu'il soit en vie.

Je m'approche de sa petite bouille lumineuse. Cet être est si étrange, si inaccessible, si mystérieux... Je l'aime tellement que mon cœur pourrait exploser. C'est étrange, mon idolâtrie pour lui a tourné différemment depuis que je le connais. Je crois que je suis amoureuse de lui.
Le silence est roi ce soir. Mais pas un silence pesant, non, un silence agréable, et qui en dit long. Nous sommes assis sur le sol transparents, l'un en face de l'autre. L'un dévorant les yeux de l'autre.

"Tu vas bien ?

- Oui."

c'est sincère. Je suis soulagée de pouvoir enfin le dire.

Le garçon sourit.

"Tant mieux."

Son sourire est contagieux. Son doux regard m'intimide et me remplie de bonheur à la fois.

"Je me demandais... Est-ce que tu es bien avec moi ? Parce que si nos nuits ensembles te dérangent je peux partir...

- Non !" Je l'ai coupé violemment et je me rends compte que mon ton était un peu trop extrême, alors je me calme. "J'aime bien être avec toi. Sincèrement."

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