l'amour c'est comme l'opéra : on s'y ennuie mais on y retourne
— flaubert
L'air était chargé d'électricité.
Une chape de plomb avait été renversée au-dessus de Paris, et ce n'était plus qu'une question de temps avant que les nuages bas et noirs se déchirent dans un tonnement d'outre-tombe, laissant la pluie âcre laver les rues de la capitale de tous ses péchés — et de tout son sang également. Les dorures de l'Opéra juraient contre le zéphyr sombre, comme narguant les divinités ici-haut de sa splendeur et de sa magnificence malgré le déchaînement des éléments.
Yoongi avait passé un moment à contempler le fronton à la gloire des Muses de la Musique et de la Poésie, là, sur l'esplanade, jouant machinalement avec son paquet de clopes froissées, n'ayant cure des passants qui se pressaient autour de lui dans une fourmilière gigantesque. L'esprit aussi lugubre que l'éther gris.
Rester au 36, Quai des Orfèvres n'était pas bon ; pas dans ce bureau exigu, à ruminer et à scruter chaque photo et chaque procès-verbal qu'il connaissait déjà par cœur.
Venise avait disparu, aussi mystérieusement qu'elle leur était apparue la première fois, les laissant perplexe quant à la raison de s'effacer de leur horizon — emportant avec elle les questions, les réponses, et les autres secrets qui lui avaient été chuchoté au creux de l'oreiller dans un instant de débauche lascive. Taehyung l'avait convoqué chez eux pour pouvoir avoir d'autres renseignements, et ne voyant pas sa silhouette sensuelle pousser la porte, il était parti toquer directement au club... pour se rendre compte dans un sursaut étonné et appréhensif qu'elle n'était plus là. Pourquoi diable la rousse, qui avait suivi le flic et qui était prête à disculper Ivanka de toutes les violences terribles qu'elle lui avait faite, aurait eu envie de s'envoler loin de leur portée ? Cela ne ressemblait pas à la femme qui avait pleuré sur l'épaule de Yoongi dans ce petit café, sanglotant en disant aimer la belle Russe.
Venise avait disparu, le juge d'instruction avait décerné un mandat de recherche pour la retrouver, Hoseok était sur les nerfs, et l'enquête pataugeait.
Alors le noiraud avait besoin de se changer les idées, de s'aérer un peu et de respirer ce parfum de pluie, de changer de perspective, de changer d'angle de vue. Enfonçant ses mains dans les poches de sa veste en cuir, il avait saisi ses clés et avait marché jusqu'à Garnier, les sourcils soucieux, ignorant les klaxons des voitures sur les grandes avenues et les hommes d'affaires pressant le pas en regardant nerveusement le ciel. Présentant sa plaque de police du même reflet cuprifère des statues flavescentes et patinées qui gardaient le temple de la danse, il s'était introduit sans mal dans la loge de Petrossian, brisant les scellés et demandant au bleu qui gardait les lieux de le laisser seul un instant.
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─ 鲵 𝙎 𝘾𝙊𝙈𝙈𝙀 𝙎𝘼𝙇𝘼𝙈𝘼𝙉𝘿𝙍𝙀 : 𝙔𝙊𝙊𝙉𝙂𝙄
Fanfiction❝ LES PÉCHÉS PARLENT, LE MEURTRE CRIE ❞ ─ le corps d'une danseuse retrouvé dans sa loge. ce numéro « #2 », à côté, qui laisse imaginer le pire. un mécène coréen décédé. des animaux morts sur les scènes de crime. un trafic d'enfants déguisé. bienvenu...