(𝟎𝟏𝟑) : Les noces de Figaro

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il faut imaginer sisyphe heureux 
camus




Il était toujours étrange de se retrouver dans la chambre à coucher d'un mort. 

Venise, Seokjin — les jours passent et se ressemblent, et plus Yoongi avançait dans ce métier, plus il se disait que les choses qu'il voyait, les choses qu'il découvrait, ne l'étonnait plus comme les premiers jours. Jadis, il aurait hésité avant d'avancer dans la grande pièce aux rideaux clairs ; mais il l'avait bien fait avec la danseuse, et ce n'était pas parce que le corps du mécène venait à peine d'être décroché des cordes pour être emmené chez le légiste qu'il aurait quelconque remord de violer allégrement la vie privée du couple. 

Hoseok avait raison : vu l'état encore sous le choc de Jeongguk, nul doute que leurs questions s'agissant leurs penchants BDSM seraient mal perçues — ou laissées sans réponse, qui sait. Il fallait qu'ils procèdent minutieusement, reprenant chaque élément distinctif du premier meurtre pour le comparer à ce second cadavre, essayant de trouver un lien, un pattern, n'importe quoi. La corrélation du ballet entre Petrossian et Kim avait vite été nouée ; il s'agissait à présent de savoir si leur amour de la danse allait jusqu'à ces cabarets débauchés et charnels, où les tutus se transformaient en menottes de fourrure, où les chaussons de danse se métamorphosaient en fouet en cuir, et où les chignons hauts plaqués contre le crâne devenaient les mains tirant sur les cheveux et léchant la peau exposée du cou. 

Yoongi inspira à fond. 

Le déclin du soleil vibrait juste au-dessus des toits des immeubles, déjà si bas et si rougeoyant, versant ses rayons tel un magma flamboyant le long de la capitale, de la Seine et des grandes avenues, et le doré liquide venait jusqu'à couler le long du parquet en pointe de Hongrie de la master's bedroom. La nuit allait être longue : bientôt, l'astre disparaîtrait derrière le bois de Boulogne, l'hippodrome de Longchamp et bien au-delà de la Celle Saint-Cloud, et l'obscurité ira ramper, vil serpent malicieux qui glisserait dans les ruelles déjà sombres. Les ténèbres tomberont, et Paris la Blanche deviendra Paris la Sanglante, et il savait d'ores et déjà qu'Hoseok et son équipe passerait les longues heures solitaires du soir à éplucher chaque recoin, chaque détail, chaque minuscule indice qui leur permettrait de pousser davantage le voile sombre de la vérité. 

Heureusement qu'il avait appelé Soo-bin avant de continuer son travail, s'assurant que Jimin était en train de lui préparer à manger — comme si le plus jeune n'habitait presque pas déjà pratiquement chez lui. L'occasion de lui faire un baiser virtuel avant qu'il ne s'endorme, sachant pertinemment qu'il ne serait rentré que le lendemain matin, et, aussi, d'absorber un peu de sa chaleur humaine, de son sourire enfantin que rien ne pouvait impacter — un peu édenté, il venait de perdre une dent de lait à l'école ce matin-là et l'avait montré avec excitation à son père —  de son innocence si pure qui ignorait encore la folie dont étaient teintés les hommes. Les yeux encore doux en observant la photographie du dessin que lui avait envoyé l'escort, un gribouillage représentant lui, le blond, et une autre figure en bâton que le flic devinait être Aurora, il éteignit à contrecœur son téléphone pour le glisser dans sa poche arrière de jean, reportant son attention sur la chambre devant lui. 

─ 鲵 𝙎 𝘾𝙊𝙈𝙈𝙀 𝙎𝘼𝙇𝘼𝙈𝘼𝙉𝘿𝙍𝙀 : 𝙔𝙊𝙊𝙉𝙂𝙄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant