Une douce amertume

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Même après avoir ouvert les yeux, Yazoo croyait être aveugle ; il ne voyait rien... il essaya de ne pas céder à la panique pour se concentrer sur la situation. Avec une profonde respiration, il fixait attentivement chaque détail du lieu pour se repérer et se souvenir des événements de la veille ; ce qui lui revint en mémoire le terrifia : il avait été capturé par Rufus et ce dernier l'avait endormi !

Ses sens, hormis la vue, reprirent leurs fonctions. Il y avait une odeur de renfermé, « Je n'aime pas ça... » il avait froid, « suis-je nu ?! » et n'entendait rien. Cela l'inquiétait beaucoup... il était pour la première fois, depuis deux ans, paniqué.

L'argenté était cependant, libre de ses mouvements... on l'avait allongé pendant son sommeil, mais pas au sol ; le lit, ce qu'il pensait que c'était, était suspendu ou collé au mur. Aussitôt s'être levé, il tendit ses mains vers l'avant, cherchant une quelconque sortie. Des murs... de part et d'autre... ses doutes se confirmaient... le jeune homme était pris aux quatre murs... mais peut-être pas... « faites que ce ne soit qu'un couloir... » il avait peur, la présence de sa couchette lui rappelait beaucoup trop de souvenirs abominables... « par pitié, faites que je ne sois pas... » une vitre.

-Minerva, non ! hurla-t-il avec détresse

Son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Les paumes contre la glace, il sentait des zones ouvertes et circulaires... « non... je vous en prie ne me dites pas que... ! »

Ses doutes se confirmaient ! Il était enfermé au quatre murs !

-Sortez-moi de là ! Quelqu'un ! S'il vous plaît !

Tout en s'égosillant comme un fou, Yazoo frappait contre la paroi... il ignorait combien de temps il criait pour qu'on lui ouvre... personne ne venait... il était tout seul... ses poings continuaient de tambouriner... en vain...

Au fil des minutes, il perdait en force, saisit de désespoir. Malgré lui, des larmes et des sanglots jaillirent et brisèrent un silence terrifiant. L'atmosphère devenait lourde, émouvante. Il priait pour que ce ne fusse qu'un mauvais rêve, que tout cela disparaîtrait, qu'il retrouverait la chambre de Rufus...

Ce ne pouvait pas être réel... c'était une violente illusion... « non, non ! Réveille-toi ! Je ne suis pas là... ce n'est pas mon monde... c'est le néant... rien ne naît du vide... non... non... »

Recroquevillé sur lui-même, il tremblait de peur, noyé dans la lamentation.

ooo

Encore le noir... sans savoir quel jour, quelle heure, il était... depuis quand était-il ici... coincé entre le verre et le mur ? Il n'avait pas bougé de là...

Bien qu'il lui était impossible d'avoir la notion du temps, l'argenté était certain d'avoir passé plus que vingt-quatre heures dans ces lieux ; il avait malgré-lui... fait ses besoins dans l'espace confiné... quelle honte...

Il n'avait plus l'impression d'être humain... il pensait avoir été réduit à une chose qui ne répondait qu'à des lois mécaniques et cycliques : hurler, larmoyer, se réveiller, et, par moment, subvenir à un besoin sanitaire. Le jeune homme comptait ses jours ainsi, sans plus de volonté. Etait-il brisé ? Ce lieu... il commençait à le reconnaître... c'était l'une des salles d'isolement que leur ancien laboratoire abritait... que de mémoires entre ces murs...

Lorsque ses frères et lui-même étaient utilisés pour tester des poisons et des substances neuronales, ils étaient incarcérés ici pour être observés. Surtout Yazoo... après ses nombreux essaies d'invocations... combien de fois, avait-il entendu Kadaj et Loz agoniser dans d'atroces souffrances ? Quelle fut leur pire expérience ?

La Voie du Pardon, les Premiers Sentiers Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant