La route vers le malheur

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Enchaîné avec une dizaine de personnes, son regard se porta vers son geôlier à dos de Chocobo. De la haine, de la colère et du dégoût le rongeaient. Il arriva dans ce qu'il semblait être une salle du trône. L'homme qui le retenait par des liens le tira devant un homme assis sur un siège massif. Il l'observa longuement. La lueur de ses yeux brillait d'intérêt et un rictus se dessina sur ses lèvres.

On le poussa sans ménagement aux pieds du seigneur et il trébucha sur les marches du petit escalier. Un petit cri accompagna la chute. Yazoo éprouvait de l'inquiétude, mais dans son rêve, il grognait et regardait le noble avec un sentiment de haine. Le jeune homme fut pris d'horreur en reconnaissant Rufus... il déglutit. Ce que la personne qu'il incarnait ne fit pas. Il avait la tête haute et défiait l'homme devant lui. Il ignorait tout de la situation, mais les protagonistes se fixaient en chiens de faïence.

-Te voilà donc, fit Rufus en souriant.

-Le Nord ne se pliera pas à toi.

-Ce n'est pas le Nord que je veux, mais toi, toi l'insolent qui a osé me défier...

-Si j'échoue dans cette vie, je reviendrais dans une autre et aurai ma vengeance.

-Alors je t'y attendrais, et te ferai plier de nouveau le genou devant moi.

L'argenté ne poussa aucun cri à son réveil ; il ouvrit simplement les yeux... pris de doute... Qu'est-ce que cela voulait dire... ? Il tourna la tête vers la fenêtre ; le noir dans la ville... juste éclairée par la lune et les étoiles.... N'avait-il donc pas dormi ? Les astres l'hypnotisaient ; il était submergé par le trouble de son rêve. Tant de choses le perturbaient... Yazoo était dépassé par la situation. Il ne savait plus sur quel pied danser... il était effrayé, n'en pouvait plus... Ses frères lui manquaient tant !

Le jeune homme pleurait depuis son réveil. Ce qui le sortit de sa torpeur fut le bruit de la porte. Kunsel venait de frapper, l'argenté espérait ne pas l'inquiéter... Le brun fut invité à entrer.

-Ça va ? Je t'ai entendu... tout va bien ?

Yazoo séchait aussi vite que possible les larmes de son visage ; il avait si honte de montrer ses faiblesses aussi facilement... Kunsel s'installa près de lui, posant sa main sur la sienne, que Yazoo refusa aussitôt. L'ex SOLDAT avança une autre approche :

-Ma mère me faisait boire un lait chaud quand je faisais un cauchemar.

Il le regarda, incertain d'avoir compris.

-Tu n'en as jamais goûté ?

Ce devait-être de la nourriture, mais la seule boisson que Yazoo buvait c'était de l'eau. Kunsel se leva et l'incita à le suivre. L'argenté accompagna, mis en déroute par son cauchemar. Ils descendirent l'étage jusqu'à la cuisine et Kunsel ouvrit une espèce de placard froid, avant de prendre une bouteille blanche avec une capsule bleue. Il versa un liquide crémeux et immaculé dans une casserole et la posa sur une plaque brûlant d'une faible flamme bleue. Yazoo penchait la tête en arrière, pendant qu'il le regardait faire. Il détourna aussitôt la vue pour observer ce qu'il y avait dehors : rien. Le noir total et le silence. Une odeur commençait à se répandre dans la pièce, cela venait de la cuisson.

-Tu as fait un cauchemar ?

La question l'arracha du vide dans lequel son esprit venait de sombrer et haussa des épaules :

-Je ne sais pas si c'est un rêve ou un cauchemar.

-Un souvenir ?

-Non, à moins que ce soit possible de rêver d'un souvenir qui n'est pas le nôtre.

La Voie du Pardon, les Premiers Sentiers Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant