Chapitre 42

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Quelque part à San Antonio

- Maman ! Maman ! J’ai peur.
- Maman !

Marina se réveilla en sursaut et regarda autour d’elle. La vue de ces murs sales et la sensation du sol froid et immonde sur lequel elle était la ramenèrent à la réalité. Elle se redressa en tremblant, faisant tomber la chemise qui lui couvrait le buste.

C’était la deuxième fois depuis qu’elle était dans cette cave qu’elle faisait ce rêve. Son fils, lui disant qu’il avait peur, à qui elle essayait tant bien que mal de tendre la main, mais qui s’éloignait à chaque tentative. Elle en avait assez de cette situation. Elle voulait juste revenir d’où elle venait avec son fils, laisser tous ces problèmes derrière elle.

Elle s’empara de ce qu’il restait de ses vêtements déchirées la veille par John pour nettoyer le reste du dégobillis qui restait sur elle. Mais c’était peine perdue, il s’était séché. Ne voulant s’acharner, elle saisit la chemise et s’en vêtit. Elle ne prit pas la peine de penser à la personne à qui elle appartenait, tout ce qui lui importait c’était de dissimuler au mieux son corps à moitié dénudé.
Elle se précipita en rampant au coin d’où John l’avait tiré la veille, lorsqu’elle entendit la petite porte de la cave s’ouvrir. Elle se recroquevilla en regardant en direction de la porte.
Elle vit entrer l’homme qui l’avait sauvé des griffes de John avant qu’elle ne tombe inconsciente.

- Mais je vous connais ! Cria-t-elle en le regardant avec insistance.

- Oui Marina. Je suis Nick. Nick McLain.

- Je vous ai déjà vu quelque part.

- Oui. Au centre commercial où tu travaillais.

- Je me rappelle. C’est vous qui m’avez enlevé alors.

- Où est mon fils s’il vous plait ? Implora-t-elle.

- Non Marina, je ne t’ai pas enlevé. Lui dit-il calmement.

- Et que me voulez-vous ? Demanda-t-elle.

- Moi rien mais…

Il fut interrompu par le bruit de la petite porte de la cave. Maria la mère de Jordan venait d’entrer, belle allure, chic et élégante. Du haut de sa posture impeccable, sa fierté et son cynisme étaient si visibles que Marina en hoqueta. Maria avança vers elle d’une démarche qui se voulait présomptueuse et satirique trainant une chaise avec elle. Elle s’y assit une fois devant Marina, et fit signe au dénommé Nick de s’éclipser. Ce qu’il fit sans se faire prier.

- Alors comme ça, tu aspirerais à être ma belle-fille. Déclara-t-elle calmement en croisant les jambes.

Marina ne répondit rien.

- Tu sais garder le silence, c’est déjà bien. Reprit Maria.

- C’est grâce à lui que j’ai pu épouser son défunt père. Je sais ce que j’ai fait pour entrer dans cette famille, alors je ne laisserai pas une autre femme en faire pareil avec mon fils.

La jeune femme l’écoutait sans rien dire.

- Si ce petit garçon ne ressemblait pas autant à mon fils, je n’aurais jamais accepté qu’il en était le père. Je suis quand même rassurée de savoir que lui non plus ne veut pas de toi. La preuve, il ne te cherche même pas. Continua-t-elle avec une rire moqueur.

- Et estime toi heureuse que je ne veuille pas de ton rejeton non plus.

- S’il vous plaît madame, dîtes moi où est mon fils. Supplia Marina, les larmes lui montant aux yeux.  Bien qu’ayant perdu la notion du temps, depuis qu’elle s’était réveillée dans cette cave, elle était certaine du fait qu’elle avait déjà passer plusieurs jours sans son fils.

- Et comment va-t-il ? Demanda-t-elle à nouveau.

- Oh il va bien ton fils. Sauf qu’il dort beaucoup parce qu’il pose trop de questions. Avoua Maria calmement.

- Vous droguez mon fils. Cria Marina.

- Vous êtes … Les mots moururent dans sa gorge, laissant place aux larmes.

- Ce n’est pas de la drogue voyons, ce n’est que du somnifère. Et tu devrais remercier Nick de lui accorder autant d’intérêt, sinon ton fils dormirait à plein temps. Alors ne t’en plains pas.

- Laissez-moi partir s’il vous plait, je ne chercherai pas à revoir Jordan, je vous en fais la promesse. Donnez-moi mon fils et laissez-nous partir s’il vous plaît madame. Supplia t’elle en pleurant plus fort.

- Je n’ai jamais cherché à piéger Jordan, je ne lui ai jamais avoué que j’avais accouché. Il l’a découvert et m’a fait venir contre mon gré chez lui. Je vous le jure sur ma vie. Continua-t-elle.

- Je sais tout ça. Ce que je ne tolère pas c’est le fait qu’il ait annulé son mariage avec Trisha. Je doute que tu en sois la raison. Tu m’auras certes permis de comprendre que cette Trisha et sa mère n’en avaient que pour l’argent de mon fils mais je ne te veux pas pour autant proche de lui. Ni toi ni ton gamin, jeune fille.

- La réalité c’est que vous avez peur que j’arrive à épouser votre fils, et que je le fasse assassiner pour lui prendre tout son argent et que vous redeveniez pauvres comme vous l’étiez avant de faire la connaissance de votre défunt mari. Dit Marina en regardant la mère de son ex amant dans les yeux.

- Je ne te permets pas de me parler comme cela jeune fille. Ce n’est pas pareil. Cria la mère de Jordan en se levant en trombe.

- Vous avez raison, ce n’est nullement pareil car cette fois-ci, mon fils est bel et bien de lui. Vous êtes…

Maria se jeta sur la jeune femme tel un fauve sur sa proie, ne manquant pas de percuter la tête de la jeune femme contre le mur qui lui servait de support. Ce qui arracha à Marina un hurlement de douleur. Elle lui asséna ensuite une violente gifle et se releva aussitôt alors que la jeune femme se couvrit automatiquement le visage de ses mains malgré l’horrible douleur qu’elle ressentait à la tête. Maria se dirigea vers la sortie sans jeter un regard de plus à Marina qui pleurait sourdement.
Une fois qu’elle fût certaine que la mère de Jordan avait passé la porte, elle se releva avec un cri sourd et plaintif. Elle avait affreusement mal et se tenait la nuque. Sentant un liquide couler de son nez, elle l’effaça d’un revers de main, pensant à la morve. Mais étonnée fut-elle, quand elle vit du sang à la place de ce qu’elle pensait être du mucus.

- Elle ne m’a pas raté. Se dit-elle en se couchant sur le sol.

Elle se sentait pire qu’affaiblie, elle avait mal, elle voulait son fils, sans oublier le les gargouillis de son ventre. Elle ne savait même pas quand elle avait mangé pour la dernière fois. Elle sentait ses yeux se fermer. Elle luttait pour les garder ouverts mais n’y arrivait pas…

************

Pendant ce temps chez Nathan Karadines

- Elle est là parce qu’elle pourra nous aider à retrouver Marina. Répondit Jordan à la place de Nathan qui ne semblait pas prêt à en parler avec sa gouvernante.

- Quoi ? Comment ça ? Demanda Luisa confuse.

- On t’expliquera plus tard. Lui dit Nathan. Pour l’instant amènes lui à manger s’il te plait.

- D’accord, tout de suite. Répondit-elle en se levant.

- Et s’il te plaît Luisa, dis-lui que nous sommes déjà au bureau si elle demandait où nous sommes. Ajouta Jordan.

- Comme vous voudrez. Répondit-elle en se retirant les laissant seuls.


[…]


- À quoi penses-tu ? Demanda Nathan à son ami, préoccupé par la mine qu’arborait son ami.

- Je me demande pourquoi on perd autant de temps.

- Ce n’est pas comme si on avait d’autres choix.

- Non, ce que je veux dire, c’est pourquoi ne vais-je pas aller confronter ma mère.

- Pour quoi faire ? Demanda Nathan.

- Lui demander de relâcher ma femme et mon fils.

- En parlant de ça… Comment ça ta femme ?

- Ce n’est pas le plus important actuellement.

- Très bien. Et si ta mère refuse ? Mieux, et si elle niait tout ? Que ferais-tu ? Appeler la police ?

- C’est envisageable.  Répondit Jordan ?

- Oui ? Et quelles preuves as-tu ? La parole de cette croqueuse de diamants ? Qui plus est, refuse catégoriquement de sortir ?

Jordan ne répliqua rien et se contenta de souffler.

- On ne sait même pas si cette fille se moque de nous ou si elle dit la vérité. Qu’est ce qui nous dit que ce n’est pas elle qui est responsable de l’enlèvement de ma sœur et de mon neveu ?   Qui nous dit qu’elle n’est pas complice de ta mère ? Reprit Nathan.

- Rien du tout. On n’a rien. Même le fait d’avoir mis leur maison sous surveillance ne nous a rien appris. On est toujours au point de départ. Et j’en ai assez. Continua-t-il.

- Mais ça fait plus d’une semaine qu’elle est portée disparue et j’en plus qu’assez de ne pas savoir où elle est, si elle va bien et mon fils… Ils…Ils…

- Je n’en ai pas marre moi peut-être..

- Pas assez je pense.. S’emporta Jordan.

- On parle de ma sœur et de mon neveu là! Cria Nathan.

- Et de ma femme et mon fils. Hurla Jordan à son tour.

Ignorant les derniers propos de Jordan, Nathan se mit en direction de sa chambre. Il allait certes mettre au clair le cas de la -femme-, mais ce n’était ni le moment, ni le lieu.


[…]


Contre tout attente, Trisha n’avait posé aucune question à la gouvernante. Elle n’avait murmuré qu’un simple merci, lorsque cette dernière lui avait amené un plateau de gaufres nappés de sirop d’érable, du bacon et du jus de pommes.

Nathan, focalisé sur l’écran de son ordinateur, était méticuleux au moindre signal qu’émettrait le brouilleur. Cependant, Trisha n’avait, ce serait-ce qu’allumer le téléphone qu’elle avait en sa possession. Jordan quant à lui, donnait des directives à sa secrétaire au téléphone.

- Si ça ne tenait qu’à moi, cette fille succomberait à la faim. Tu es trop gentil.  Affirma Jordan dès qu’il eut raccroché.

- Tant que je ne saurais pas la raison concrète de la venue de cette fille ici, je ne ferai rien.

- Avon-nous le temps pour tout ça ? Interrogea Jordan.

- Et si ta mère l’avait envoyée pour te séduire ? Rappelle-toi, elle a insisté pour que tu viennes la chercher seul. Dit Nathan l’air pensif.

- C’est probable. Mais je ne vois pas pourquoi elle ferait ça, la première fois ça n’avait marché. Pourquoi est-ce que cette fois-ci serait différent ? Je ne pense pas qu’elle se donnerait du mal pour ça.

- Tu as sûrement raison.

- Pour l’instant, le plus important c’est Marina et mon fils.

- Pour l’instant, le plus important c’est de trouver une solution pour que cette Trisha nous dise la vérité.

- Pour l’instant, …

- C’est bon ça suffit. Coupa Nathan en lui lançant son porte stylo-plume.

Jordan avait finalement été obligé de se rendre au bureau pour cause d’une réunion qu’il n’avait pas pu repousser. Nathan quant à lui n’avait pas bougé de son siège.

La Maitresse Bafouée [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant