Quitter la colline

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Des nuages noirs comme le charbon englobaient les terres.

L'air était tellement rempli d'eau qu'y glisser sa main suffisait à la rendre aussi mouillée et ridée que si elle était restée dans une mare pendant des semaines.

Et en même temps, il y faisait un chaud qui vous assommait, vous brûlait la gorge et attaquait vos yeux.

Et puis, il y avait le vent. Il transportait des insectes, des branches, des souvenirs qui venaient vous claquer au visage, vous blesser, vous jeter à terre.

La plaine était un endroit où il ne faisait pas bon vivre.

Heureusement, elle, elle était sur la colline. À l'abri de tout. Elle observait les démons qui dansaient à quelques pas d'elle, recroquevillée dans cet œil du cyclone.

La zone était petite, étouffante.

Mais il valait mieux ça que d'être dans les enfers.

Elle sentit la pluie l'atteindre malgré tout. Elle serra ses genoux contre elle. Y enfoui son visage pour se couper du monde. Ça n'empêcha pas ses cheveux de se gorger des larmes du ciel tandis que ses joues se nourrissaient des siennes.

Quelle horreur avait-elle pu faire pour justifier un tel châtiment ?

Lorsqu'elle ne sentit plus les gouttes sur elle, elle releva la tête. Ses yeux balayèrent les horizons, comme pour vérifier que rien n'avait changé.

Comme si tout cela avait pu disparaître.

Un soupir quitta ses poumons : la colline était toujours là, avec sa nuit perpétuelle. Et la plaine semblait toujours la fixer, la jauger. La juger.

Mais il y avait quelque chose qu'elle n'avait pas remarqué. Il y avait maintenant... deux petites sphères lumineuses qui flottaient dans les airs et éclairaient autour d'elles. Quand elles virent qu'elle les avait remarquées, elles se lancèrent dans une danse complexe et des cabrioles. Elle sentit ses joues remonter. Qu'est-ce-qui lui arrivait ?

Les images d'un vieux souvenir vint se superposer à celles qu'elle avait devant les yeux : un rire.

Alors elle éclata en mille couleurs, se releva et bondit, courut, chanta avec ces sphères de lumière. Celles-ci se mirent à enfler, nourries par sa joie. Elles grandirent, grossirent, gonflèrent. Tant et si bien qu'elles empiétèrent un peu sur la plaine. Elle cria pour les prévenir du malheur qui allait leur arriver mais... Comment ? Le vent, le chaud, les nuages, l'humidité... tout ça venait juste de s'écarter.

Attirés par les soleils qu'étaient ces sphères, et par son sourire joyeux, de nouvelles petites boules d'énergie entrèrent dans la danse. Elle voguèrent timidement jusqu'à elle.

Mais elles étaient nombreuses. Elle ne voyait qu'une masse. Un tsunami venu l'engloutir.

Et au milieu, des tonnes et des tonnes d'yeux. Ceux des démons.

Et ils s'approchaient de plus en plus.

Ils la fixaient.

Ils allaient l'étouffer.

La manger.

L'emmener sur la plaine.

Ils allaient...

Ils allaient...

Elle hurla. Elle ne contrôlait plus ni sa peur, ni sa colère. De l'ombre sortit de ses lèvres et alla frapper l'assemblée de sphères. Elle les envoya voler plus loin, hors de portée. Puis, dans un silence de mort, l'ombre alla se coller aux ténèbres du « dehors » pour les agrandir.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 20, 2020 ⏰

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