Mon meilleur ennemi

Dîner

Je lissais pour la millième fois les plis de ma robe et me regardais dans le miroir en soufflant.
- Magnifique. Tu es magnifique ma chérie.
Je sursautais en croisant le regard perçant de mon père dans la glace.
Je me retournais pour lui faire face.
Pour la première depuis très longtemps, j'apercevais de la fierté dans ses yeux noirs.
Il avait abandonné son habituel costard cravate, pour un jean et un polo, ce qui était assez surprenant mais agréable à voir. Il avait plus l'air d'un père de famille. Comme s'il avait laissé l'homme austère et strict au bureau.
Peut être cette soirée allait elle finalement bien se passer ?
- Merci, souriais-je.
- De rien. Monica a presque fini de mettre la table, tu descends quand tu veux, ton ... il se racla la gorge, ton copain ne devrait pas tarder je pense.
Je me mordis la lèvre en l'entendant appeler Aaron mon « copain ». J'adorais définitivement ce terme.
Au moment où il fit demi-tour pour sortir de ma chambre, je soufflais de soulagement.
J'arrangeais encore quelques une de mes mèches de cheveux qui partaient dans tous les sens avant d'entendre la sonnette.
Je regardais ma montre, il était en avance de dix minutes.
Je dévalais les escaliers en priant pour arriver la première.
Malheureusement pour moi en sautant la dernière marche, je découvris avec horreur mon père en train de faire une poignée de main à un Aaron très gêné.
Il me lança un regard furtif avant de se reconcentrer sur la conversation dans laquelle il était plongé avec mon géniteur.
- Heu ... oui pourquoi pas, entendis-je dire mon petit ami à mon père en me rapprochant.
- Mmh, je me raclais la gorge. Salut.
J'étais gênée, devais-je l'embrasser devant mon père ?
Nous nous contentâmes d'une accolade amicale assez embarrassante.
J'entendis alors claquer derrière moi les talons de Monica signe qu'elle venait d'entrer dans la pièce.
- Angel ma chérie, regarde ce que ton petit ami nous a apporté, si ce n'est pas charmant ! s'exclama t'elle en me montrant un magnifique bouquet de tulipe rose orangé qu'elle tenait dans ses mains.
J'étais partie chercher un vase dans lequel les mettre. Tu veux bien aller les poser au centre de la table ?
Je jetais un coup d'œil aux deux autres avant d'acquiescer.
Si Monica était là, ça devrait aller n'est ce pas ?
Mais où étaient passés mes frères ? Jamais là quand on a besoin d'eux.
- Les garçons !! Descendez s'il vous plaît ! Ce n'est pas poli de rester dans vos chambres alors que nous avons un invité !
Ah merci Monica, tu m'ôtes les mots de la bouches.
J'entendis des cris et des pas de bourin dans l'escalier.
Mes frères arrivèrent dans le salon et détendirent l'ambiance en lançant une conversation sur la dernière saison de basket avec Aaron et mon père.
Pendant ce temps là je décidais d'aider ma belle mère à apporter les plats à tables, je détester ne rien faire.
Elle avait cuisiné du poulet, des pommes de terres sauté avec des petits légumes mais n'avait pas lésiné sur la quantité.
Les garçons certainement attiré par l'odeur prirent place à table. Habituellement mon jumeau était à ma droite mais exceptionnellement Aaron avait pris sa place.
- Alors Aaron, comment va ta famille ? demanda mon père.
Ce que je redoutais venais de se produire.
Le faisait il exprès ?
Mon copain prit sur lui pour lui répondre calmement.
- Très bien. Ma mère se remarie et est enceinte.
- Oh c'est génial ! s'écria Monica. Tu sais si c'est un garçon ou une fille ?
- Heum ... non pas encore.
La conversation reprit tranquillement sur le lycée, les études qu'on envisageait.
Mon père n'a toujours pas reparler depuis.
- Tu sais qu'Angie souhaite aller à Berkeley ?
- Non ... je ne savais pas.
Je baissais les yeux vers mon assiette. Nous n'avions pas encore eu le temps d' aborder le sujet. Une relation à distance ne marcherait certainement pas dans notre cas et je savais que Boston ne faisait pas partie des projets d'Aaron.
- Oh ... désolé je pensais ... s'excusa maladroitement ma belle mère.
- Et toi Aaron alors ? Des universités en tête ? reprit elle.
- Je ne sais même pas si l'université est faite pour moi ... mais mon coach dit que grâce au match de vendredi, j'obtiendrais peut être une bourse sportive. Alors je vais tenter ma chance. Il faut juste que j'impressionne les recruteurs universitaires.
- C'est super ça ! Pas vrai les garçons ?
- Clairement, Aaron va tout défoncer c'est le meilleur avec Zack, s'enthousiasma Kyle.
Celui ci grogna en entendant le nom de son ex meilleur ami.
- Merci mon pote. Mais toi aussi.
Le reste du repas se passa calmement.
- C'était excellent Madame Smith, félicita mon petit ami.
- Oh merci c'est gentil. Il y en a au moins un qui sait apprécié ma cuisine, répondit elle en lançant un regard à mon père qui détourna le sien.
Ok ... c'était moi ou l'ambiance devenait tendue ?
Nous débarassâmes la table,
- Bon ... je ferais mieux d'y aller, il se fait tard, nous interrompis Aaron.
- Oh quel dommage, mais je comprend, dit gentiment Monica.
- C'est pour que ma mère ne s'inquiète pas.
Je souris, c'était adorable, ces derniers jours passés ensemble les avait rapprochés plus que jamais.
Je proposais de le raccompagner jusqu'à sa voiture.
Il un check à mes frères et une bise à ma belle mère avant de se tourner vers mon père.
- Aurevoir monsieur et encore merci pour l'invitation.
Ils se firent une poignée de main.
- C'est Monica qu'il faut remercier c'était son idée. Tu réfléchiras à ma proposition ?
Mon petit hocha la tête.
De quelle proposition parlait il ?
Nous sortîmes enfin de ma maison.
- Alors ...
- Ce dîner était pour le moins ...
- Intéressant ? demandais-je en riant.
- On peut dire ça comme ça.
Nous marchâmes tranquillement jusqu'à atteindre la carrosserie noire de sa voiture.
- Alors Berkeley hein ? fit il en mettant ses mains dans ses poches pour les réchauffer.
Je m'appuyais contre le capot.
- Tu sais que j'ai toujours adoré la musique ce n'est pas une surprise. Et toi c'est quoi ce truc avec mon père, tu m'expliques ?
- Il m'a proposé d'aller voir un match de basket avec lui à l'occasion.
J'en restais bouche bée.
- Quoi ?!
Il y eu un silence prolongé avant qu'Aaron ne vienne le briser toujours visiblement contrarié après moi.
- Ce qui m'énerve, c'est que tu ne m'en ai pas parlé, tu comptais me le dire une fois que tu aurais déménagé à Boston ?
Alors il voulait parler de ça, très bien.
- Si je ne t'en ai pas parlé avant c'est justement parce que je savais que tu aurais ce genre de réaction et je ne suis même pas sûre d'être prise.