Chapitre 5: Un peu d'histoire (Réécrit)

26 4 13
                                    


Anastasia et Eden marchaient dans les prairies qui bordaient Polimenh. Le silence lui pesait, et, sans aucune retenue, elle se mit à bombarder Eden de questions, pour évincer cette aura muette:

- Pourquoi êtes-vous comparé à un démon? 

- Vous ne le savez pas? Vous êtes bien la première humaine que je rencontre qui ne connaisse pas nos "méfaits"... Vous n'avez jamais entendu parler de nous?

- Si. Mais les légendes parlent des Faces du Destin en général, et vous n'avez pas l'air aussi méchant que dans les récits que l'on me racontait, lorsque j'étais encore enfant.

- Peut-être parce que les prêtres de Draedra aiment bafouer la réalité...

-Bafouer la réalité?

- Cela me prendrai trop de temps à expliquer, et je ne préfère pas aborder ce sujet, sous peine de rouvrir de douloureuses plaies...

- Même pas en résumé?

- D'accord, si vous voulez, certaines Faces du Destin nous ont fait porter le chapeau. Du coup, on s'est tous retrouvé coincés derrière la Barrière, innocent ou pas. Prenez mon exemple: je ne suis pas un horrible diable qui s'amuse à enlever les enfants et à violer les femmes pour son bon plaisir. Mais nous sommes qu'une minorité.

- Une minorité?

- En effet: si l'on prend Sepa et moi, ainsi que ceux qui n'étaient pas présents ce jour-là, nous sommes quatre Faces du Destin. Les dix-huit autres ont trahi Draedra, malgré ce qu'elle avait fait pour nous. Pas que je l'apprécie, mais bon...

- Votre vie n'a vraiment pas dû être facile: accusé à tort, enfermé injustement, déshonoré par les hommes... A côté, les pires criminels coulent une vie agréable au paradis.

- Dix millénaires derrière les barreaux est quelque chose d'affreusement long. Nous ne nous ennuyons pas, au contraire, mais passer notre vie dans le palais que Tempéra s'était créé et côtoyer ses alliés est une situation très malsaine, ne croyez-vous pas?

 - Je ne vous le fait pas dire. 

- En tout cas, je dois admettre que votre village a eu de la chance de tomber sur moi. Si jamais quelqu'un autre, surtout un Général, aurait atterri à Polimenh, vous seriez sûrement réduits en esclavage à l'heure qu'il est. C'est pour ça qu'il me faut rejoindre Tempéra.

- Rejoindre Tempéra?

- La Déesse est la source de nos problèmes. Sans elle, je ne serai pas ici, à vous parler pour essayer de trouver une solution à mes problèmes.

- Donc, si j'ai bien compris, votre but est de retrouver une certaine Tempéra pour l'empêcher de mettre à feu et à sang le continent d'Extrania?

 - La situation est assez bien résumée. Mais avant cela, je dois retrouver Sepa au plus vite: elle saura m'aider.

- Alors, qu'il en soit ainsi!

- Mais il y a une question que je me pose, la questionna Eden. Pourquoi vous obstinez-vous à me suivre, alors que je vous ai dit que je ne connaissez rien au sujet de votre mère?

- Dans son carnet, votre nom est inscrit à plusieurs reprises. Et la description qui lui est associée ressemble beaucoup à celle qu'on pourrait faire de vous.

- Sur votre carnet, il doit bien y avoir son identité, un prénom qui me permettrait de me souvenir...

- Malheureusement, il est très abîmé. Beaucoup de ses pages sont tachées ou bien en mauvais état... Je peux seulement dire qu'elle connaissait les hauts fonctionnaires du Continent, et qu'elle faisait tout pour ne pas qu'on la reconnaisse. Cette tenue, ce couteau ne vous disent rien?

Anastasia sortit sa dague qu'elle montra au Condamné. Eden s'attarda quelques moments dessus, avant de répondre:

- Cela me rappelle de vagues souvenirs, mais rien de très conséquent. Je crains ne pas pouvoir vous renseigner.

- Au moins, vous aurez essayé. 

- En tout cas, j'espère que votre présence me sera utile: une guérisseuse de plus ou de moins n'est jamais de trop.

Les prairies s'étendaient à l'horizon, et les deux compagnons continuaient de les parcourir. Au bout d'une heure, ils atteignirent le sommet d'une petite colline: la vue était magnifique. Anastasia pointa du doigt une montagne avant de s'écrier:

- C'est la Montagne de l'Erudit! Il y a plusieurs décennies, les hommes y ont creusé en le Détroit le Polimenh, qui permet de relier Polimenh à Camara. Ce passage fait parti de la Grande Route qui relie Polimenh à Trémédoc.

- Alors pressons-nous de le rejoindre, avant que la nuit ne nous surprenne!

Jusqu'à ce que la nuit tombe, le Condamné et la guérisseuse, accompagnés par le soleil couchant, descendirent la colline pour se retrouver devant un bosquet. Sans hésitation, il s'y engouffrèrent. Ils marchèrent avant de déboucher sur une clairière. L'endroit était paisible, et Anastasia déclara que cet endroit serait parfait pour y passer la nuit. Ils déposèrent sur l'herbe leurs affaires, puis Eden partit chercher de l'eau et de la nourriture. 

Anastasia passa le temps à monter le camp pour le soir. Elle chercha des petites branches de bois sec, saisit une allumette dans son sac puis alluma le tout: lorsque la nuit tomberait, ils n'auraient ni peur ni froid. A peine eut-elle fini qu'Eden revint la voir, tenant dans ses bras deux lapins dodus. Il déposait ses trouvailles au centre de la clairière, avant de demander à Anastasia de les mettre à cuire. La guérisseuse s'exécuta et, une fois qu'ils furent prêts, elle les retira du feu pour les partager avec le Condamné. Affamée, la guérisseuse commença à manger tant que la chair du lapin était chaude

Les Faces du Destin 1: Le Commencement (Réécrit)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant