Chapitre 9: Camara (Réécrit)

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Lorsque Anastasia et Eden étaient arrivés à Camara, la ville dormait sous les étoiles. Mais lorsqu'ils se réveillèrent et quittèrent leur auberge, ils furent surpris par l'abondante foule qui déambulait dans les rues tortueuses de la cité. Des enfants accompagnaient leurs mères qui se rendaient au café du coin; des grands-mères sortaient de boulangeries, pain chaud en main; des pères lisaient le journal sur les bancs qui jalonnaient l'avenue, tandis que des vieillards conduisaient des charrettes. Habituée au calme rural, Anastasia fut tout d'abord décontenancée par le bruit qui se répandait tout autour d'elle, avant de s'habituer progressivement à l'ambiance joviale des Camarans. 

Comme elle n'était jamais venue à Camara auparavant, la guérisseuse dû demander son chemin aux passants:

- Seriez-vous où se trouve la place des Chanceliers?, demanda-t-elle à une vieille femme.

- Rien de plus simple, lui indiqua la grand-mère. Continuez tout droit pour arriver sur la place de Stan. Là-bas, tournez à gauche, Avenue des Marteleurs, puis avancez tout droit: la place apparaîtra après quelques minutes de marche. Vous la reconnaîtrez sans peine: en son centre se trouve un magnifique jardin floral.

Anastasia la remercia avant d'appeler Eden. Ensemble, ils traversèrent la rue envahie par les badauds. Le duo finit par déboucher sur la place de Stan. Sur le côté nord se trouvait le temple de Stan, dieu de la Justice. Son père, qui s'était déjà rendu ici, lui avait appris que le bâtiment servait aussi de tribunal. Malgré la beauté de l'établissement, la jeune décida de ne pas s'y attarder pour se concentrer sur son objectif.

Eden et Anastasia se dirigèrent vers l'Avenue des Marteleurs comme le lui avait indiqué la vieille. Malheureusement, la rue était encombrée par la foule et, bien vite, après moult essais, ils refusèrent de s'y engager:

- Il y a sûrement un autre itinéraire, lui expliqua Eden. Allons voir ailleurs.

Ils revinrent sur la place: le Chemin de Polina emmenait les habitants à la sortie de la ville, tandis que la Ruelle des Pleurs, qui longeait le Temple, semblait s'enfoncer dans les profondeurs de la ville. Après quelques hésitations, Anastasia et Eden prirent le chemin du nord. Les ruelles, labyrinthiques, sombres et étroites, faisaient froid dans le dos: les trottoirs sales, les maisons délabrées et les odeurs putrides qui se répandaient dans l'air indiquaient sûrement qu'ils se trouvaient dans un quartier pauvre de la ville...

Après plusieurs détours dans ce casse-tête, la guérisseuse et le Condamné tombèrent sur trois hommes à l'air menaçant. L'un d'eux s'avança: 

- Qu'est-ce que deux bourges viennent foutre par ici? Les bouches d'égout de la Diablesse vous font rêver?!

- Je passerai votre chemin, si j'étais vous..., déclara le Condamné.

- Qu'est-ce que t'as, gosse de riche?, ricana le second. T'as peur qu'on touche à ta copine? Si tu veux pas qu'on en arrive là, passe nous gentiment tes bourses, et on te laissera tranquille... 

Anastasia aperçut la lueur de malice dans les yeux du démon. Il s'avança, avant de déclarer:

- Je vous attend.

- Tu veux te battre?, rétorqua le troisième. Alors, allons-y!

Les trois voleurs se regardèrent, avant de se jeter corps et âme dans la bataille. Eden resta à sa place, puis lorsque les trois malfrats furent à sa portée, il lança:

- Minute!

Anastasia ferma ses yeux. Lorsqu'elle les rouvrit, une seconde plus tard, Eden se tenait devant les trois bandits. Ces derniers, à terre et forts mal en point, peinaient à se relever. Le Condamné invita Anastasia à le rejoindre, qui resta tétanisée par la vitesse du combat. A peine furent-ils sortis de la ruelle qu'une voix retentit:

- Tu... Tu vas le regretter, je te le promets!

Eden ne manqua pas de se moquer de ses victimes. Peu de temps après le passage dans le quartier de la Diablesse, les rues s'embellir, les odeurs désagréables disparurent, et la saleté quitta peu à peu les trottoirs. De jolis maisons de briques roses remplacèrent les cabanes de bois, et des pavés se placèrent sur le sol terreux. Lorsqu'ils revinrent sur les grandes avenues, ils constatèrent qu'ils n'avaient que longé l'Avenue des Marteleurs. Satisfaite, Anastasia reprit son chemin, direction place des Chanceliers.

Les grandes rues laissèrent place à un quartier résidentiel plutôt calme, puis la place apparut, remplie par les cafés et les épiceries. Dans l'une de ses précédentes lettres, Alen avait affirmé que sa boutique s'appelait "Le Salon Vert": elle se mit à chercher l'enseigne du même nom. Caché derrière des tables rondes et des chaises dorés, le salon de thé apparut. Anastasia poussa la porte d'entrée.

Des senteurs d'épices exotiques, de café et de chocolat vinrent l'accueillir. La guérisseuse se promena à travers les étals lorsqu'une jeune fille vint lui demander ce dont elle avait besoin:

- Je désire parler à Alen, si c'est possible...

- Et vous êtes?

- Anastasia, du village de Polimenh.

- Anastasia?!

- Oui, c'est bien mon nom. Et toi, qui es-tu?

- Je suis Luna, la fille d'Alen, déclara l'enfant. C'est grâce à vous si mon papa est encore parmi nous!

- Luna?! Sache qu'Alen m'a énormément parlé de toi: son rayon de soleil, me disait-il.

- Oh! Et bien, je vais vous le chercher Anastasia!

Luna se dirigea vers le comptoir avant d'emprunter l'escalier qui menait à l'étage. Eden, qui avait parcouru le magasin de fond en comble, revient vers elle:

- Etes-vous sûre que ce plan nous mènera quelque part?

- J'ai confiance en Alen: il ne me trahira pas car je ne l'ai pas laissé tombé lorsqu'il était malade.

- Anastasia! 

La voix d'Alen retentit dans la boutique. L'homme, de petite taille, lui tendait des bras amicaux:

- Quel bonheur de vous savoir ici, à Camara! Quelle est donc la raison de votre venue?

- Pour faire simple, j'aurai besoin de vous...

- Besoin de moi?

- Si nous pouvions parler de cela dans un autre endroit que dans votre boutique, cela m'arrangerait...

- Oh, je vois. Et bien, montez à l'étage, nous discuterons de cela autour d'un bon chocolat chaud! Vous devez être exténués, vous et votre ami, après votre voyage.

- Le chemin n'a pas été de tout repos, en effet. Je ne refuserai donc pas votre offre!

- Alors suivez-moi!

Alen désigna l'étage avant de faire signe à Eden et à Anastasia de monter à l'escalier. Ensemble, ils gravirent les marches qui menaient à la maison de l'épicier: la décision d'Alen serait décisive au sujet de la libération de Sepa...

Les Faces du Destin 1: Le Commencement (Réécrit)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant