Chapitre 5 : Qui ne tente rien...

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Est-ce que je vais vraiment faire ça ? C'est stupide. Je parie qu'il ou elle reçoit des dizaines de messages par jour. Le mien va se retrouver noyé dans un océan de personnes bien plus intéressantes que moi. Tant pis. Je prends le risque. Dans le pire des cas, la personne derrière le compte ne me répondra pas. Non, dans le pire des cas, il m'enverra me faire voir. Je peux encaisser. Je crois.

Je tape approximativement dix versions de mon message. Trop formel. Trop décontracté. Pas assez flatteur. Trop lèche-cul. Comment font les gens pour engager la conversation sans avoir l'air d'un imbécile ? Je suis à deux doigts de taper cette question sur Google. Je suis aussi désespéré que ça.

Bon allez, Oliver. Tu es censé être doué pour l'écriture. Alors écris quelque chose de potable. Tu es en totalement capable. Va droit au but et demande ce que tu as à demander. Ce n'est pas une dissertation pour Yale, il faut se détendre.

Mon petit discours d'auto-encouragements pourrait fonctionner, sauf que je ne sais pas comment être calme. Tout est l'équivalent d'une dissertation pour Yale avec moi. Je mets mes doutes sur le côté et je tape les premiers mots qui me viennent.


Salut,

J'espère que je ne te dérange pas. Je te suis depuis tes débuts sur Instagram et j'adore tous tes dessins. Tu as un talent absolument incroyable. Je t'écris ce message dans l'espoir que tu acceptes de répondre à quelques questions. J'étudie également à Longdale High et je souhaiterais écrire un article au sujet de ton compte pour un concours de journalisme.

Si tu n'as pas de temps à me consacrer ou que tu ne veux tout simplement pas répondre, je comprendrai totalement. Je te souhaite une bonne soirée.

Bien à toi,

Oliver


Non, non. Cette formule de politesse est nulle. On dirait un soumis qui parle à son maître. Pas génial comme première impression. Je dois trouver autre chose.

Sincères salutations ? Bisous ? À plus dans le bus ? Tiens-moi au jus, ma gueule ?

OK, mon cerveau est clairement au bout du rouleau. J'ai passé beaucoup trop de temps devant ce maudit écran. Il faut que je mette fin à ce calvaire. Je choisis une alternative acceptable.


À bientôt j'espère,

Oliver


J'appuie sur "Envoyer" avant me remettre à hésiter. Voilà, c'est fait. Il ne reste plus qu'à attendre. La suite des événements est entre les mains de @lost.on.emptypages. En jetant un coup d'œil à l'heure en haut de mon téléphone, je réalise qu'il est déjà l'heure du dîner. Ce qui veut dire que Darren ne va pas tarder à arriver.

Quelques minutes plus tard, j'entends une voiture s'approcher de la maison, puis un bruit de portière qui se referme. Je descends les escaliers, Banjo sur mes talons, pour accueillir mon frère. Après avoir vécu dix-huit années de sa vie ici, il connaît très bien le chemin, mais ma mère insiste pour qu'on le reçoive de manière appropriée. Elle imagine sûrement qu'il va arrêter de venir s'il n'est pas satisfait des prestations. Oui, ma mère se prend pour un établissement susceptible d'être noté sur TripAdvisor. Il faudrait qu'elle réalise que Darren est bien trop ravi de nous voir et de manger ses plats fait-maisons chaque lundi.

—    Hé, Ollie ! s'exclame-t-il en me voyant dans l'entrée. Comment va mon frère préféré ?

—    Toujours ton seul frère, rétorqué-je avec un petit sourire. Et je vais bien. La routine. Et toi, alors ?

—    Jenna a envahi notre maison avec des catalogues pour les préparatifs du mariage. Et ce n'est pas un euphémisme, il y en a absolument partout. L'autre jour, j'en ai trouvé un dans le frigo.

Oliver et le mythe du Prince CharmantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant