Chapitre 29 : Joyeux anniversaire, Oliver !

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Il y a des ballons partout dans la maison. Et quand je dis partout, ce n'est pas une exagération. J'en ai trouvé dans les toilettes. Je me demande quel membre de ma famille s'est dit qu'il fallait absolument que les invités restent d'humeur festive, même en faisant pipi. Si je devais parier, je dirais que c'était Darren. Je n'ai pas vraiment de raison de le suspecter, à part le fait qu'il soit Darren.

Ma mère et Sara ont fait suffisamment de nourriture pour alimenter trois armées, bien que nous ne soyons que neuf. J'imagine que nous allons manger beaucoup de verrines et de mini-sandwichs dans les jours à venir. Mais tout à l'air délicieux. J'ai essayé de voler des petits-fours dans la cuisine, mais je me suis fait chasser à coups de torchon. Tandis que je m'occupe de ranger la maison pour installer le buffet, mon père va récupérer le gâteau chez le pâtissier, et Jenna et Darren accrochent une banderole d'anniversaire. Pendant ce temps-là, Banjo dort dans son panier. Travail d'équipe.

Une fois que mes amis et Flynn arrivent en début de soirée, les festivités peuvent officiellement commencer. Je lance une playlist sur l'enceinte du salon pour créer un bruit de fond. J'ai été forcé d'aller chercher des musiques propices à la danse, car ma playlist personnelle est constituée à quatre-vingt-dix pour cent de chansons qui donnent envie de s'emmitoufler sous une couette ou de regarder l'horizon défiler à travers la vitre d'une voiture.

Je reste près de Flynn pour qu'il n'ait pas à parler à mes parents tout seul. Ils sont adorables, mais ils sont également très forts pour embarrasser leur interlocuteur. Et maintenant qu'ils savent que Flynn est mon petit ami, le risque s'est amplifié.

Ils ne tardent pas à me donner raison. Trente minutes après le début de la fête, ils arrivent vers nous pour tendre une embuscade. Et bien entendu, ma mère a ramené le Tupperware rempli de cookies. Elle regarde discrètement autour d'elle avant de le donner à Flynn, comme si elle était en train de mener un trafic de stupéfiants.

— Tu diras à ta mère que je suis désolé pour le retard, dit-elle.

— Je... commence Flynn. Merci, Alicia. Je transmettrai le message.

Parfait, il s'est souvenu de mon conseil. Il ne faut surtout pas la relancer. Mon père pose sa main sur l'épaule de Flynn, et je sais déjà qu'il est sur le point de faire une blague de papa.

— Alors, Flynn... dit-il. Quelles sont tes intentions avec mon fils ?

— Papa, sérieusement ?

— Je plaisante ! J'ai entendu cette phrase dans un film et j'ai toujours voulu m'en servir. J'aurais pu le demander à Jenna, mais elle doit supporter ton frère, alors la vie est déjà assez difficile pour elle.

— Ne dis surtout pas ça si tu fais un discours au mariage, intervient ma mère. Tout le monde va penser qu'on déteste nos enfants.

— Il faut dire qu'ils sont très chiants parfois. Tu te souviens du jour où Darren et Oliver ont dessiné sur le papier peint de la salle à manger ? Et la fois où Sara a vidé ton maquillage dans la baignoire ?

— Tu as raison, ce sont des emmerdeurs.

Mes parents se mettent tous les deux à rire, puis ils repartent aussi vite qu'ils sont arrivés. Flynn et moi restons perplexes durant de longues secondes.

— Tu penses qu'on sera comme ça plus tard ? me demande Flynn.

— Niveau complicité, oui. Mais j'espère qu'on sera un peu plus drôles, quand même.


La soirée se poursuit dans la bonne humeur. La nourriture fait l'unanimité et tout le monde trouve des sujets de discussion sans difficulté. Même Jenna, qui rencontre mes amis pour la première fois, bavarde avec eux. Je suis heureux de voir tous les gens que j'aime réunis dans la même pièce.

Lorsque je vois Danny seul près du buffet, je fais signe à ma mère pour qu'elle fasse ce dont on a parlé un peu plus tôt. Nous allons rejoindre mon meilleur ami en essayant de rester décontractés. Si Danny remarque que nous avons une idée derrière la tête, il ne laisse rien transparaître.

— La nourriture est excellente, dit-il entre deux bouchées de beignets de crevette.

— C'est très gentil, Danny, répond ma mère. À propos de nourriture... Je disais à Oliver qu'on devrait t'inviter à dîner les lundis soir, pour la soirée en famille. Ce n'est qu'un repas et un film, mais ce serait génial que tu sois là. Tu fais aussi partie de notre famille, après tout.

Pour être parfaitement honnête, l'idée venait de moi, à l'origine. Quand Danny m'a avoué qu'il se sentait seul chez lui sans ses parents, j'ai pensé qu'il apprécierait ce geste. Et je me suis dit que l'invitation serait encore plus significative si elle venait de ma mère. Appelons cela un petit complot entre mère et fils.

Et on dirait bien que nous avons visé en plein dans le mille. Danny reste sans voix, les lèvres pincées. Ma mère ne voit probablement pas ce qui se passe, mais je comprends qu'il fait de son mieux pour ne pas pleurer devant elle.

— Ce serait avec plaisir, répond-il finalement. Merci beaucoup.

Le connaissant, Danny a fait un effort surhumain pour modérer son enthousiasme. Mais à l'intérieur, il doit être en train de sauter partout. Ma mère lui offre un sourire chaleureux. Puis, en partant, elle me fait un clin d'œil qui manque cruellement de discrétion. Bon sang. Heureusement que ce n'est pas une espionne.

— Elle a dit que je faisais partie de la famille ! me dit Danny dans un mélange de cri et de chuchotement.

— Parce que c'est le cas, rétorqué-je en imitant son ton.

Soudainement, Danny me prend dans ses bras. Je ne suis même plus surpris par ses embrassades. Je le laisse me serrer un peu trop fort en lui tapotant le dos. Ce garçon est vraiment adorable. Je suis fier de l'appeler mon ami.


Maintenant, il est l'heure du gâteau. Côté positif : c'est toujours génial de manger du gâteau. Côté négatif : toute l'attention est portée sur moi et je ne sais pas quoi faire de mon corps. Alors que mon père apporte un immense fraisier jusqu'à la table, mes proches me chantent Joyeux anniversaire. Flynn se tient sur ma gauche, avec un large sourire. Il me tient la main, simplement parce qu'il en a envie. Un geste simple qui paraissait inimaginable il y a encore quelques jours.

Quand le gâteau arrive devant moi, les cierges magiques sont déjà à moitié consumés. Je dois me dépêcher si je ne veux pas que le fraisier ait un goût d'étincelle.

— N'oublie pas de faire un vœu, me rappelle mon père en brandissant son téléphone pour prendre une rafale de photos.

Je me penche en avant et je souffle toutes les bougies. Tout le monde applaudit tandis qu'une volute de fumée traverse la pièce. Je dois admettre que je n'ai pas suivi le conseil de mon père.

Je n'ai pas besoin de faire un vœu.

J'ai déjà tout ce que je pourrais souhaiter.

Oliver et le mythe du Prince CharmantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant