Oliver et le mythe du Prince Charmant

Chapitre 26 : Qu'est-ce qui ne va pas ?

Il fait sombre dehors. La pluie tombe sans interruption depuis hier soir. C'est comme si le ciel avait décidé de s'adapter à mon humeur. Il me faut une quantité astronomique d'énergie pour me forcer à me lever ce matin. Je n'ai dormi que quelques heures, et c'est uniquement parce que les batteries de mon corps étaient à sec. Je sens toujours un vide en moi après avoir pris une longue inspiration. C'est comme si je venais de perdre un organe vital. Je sépare mon téléphone de son chargeur et j'allume l'écran, espérant secrètement qu'un message de Flynn va s'afficher. Mais tout ce que je vois, ce sont les photos de mes amis et de ma famille qui constituent mon fond d'écran.

Dès qu'il m'entend bouger, Banjo déboule dans ma chambre. Il saute sur le lit pour venir me lécher le visage. J'enveloppe mes bras autour de lui et je le sers plus fort que jamais. Le réconfort que m'apporte cette énorme boule de poils est pile ce dont j'ai besoin.

Une fois que je suis lavé et habillé, je descends à la cuisine, comme tous les matins. Mais aujourd'hui, je ne compte pas m'éterniser. Mes parents sont tous les deux là, mon père avec sa tasse de café et ma mère en train de préparer le déjeuner de Sara. Je n'ai pas la force de bavarder, tout en prétendant que je n'ai pas le cœur brisé. Je rentre, je leur dis bonjour, je prends mes clés et je pars.

Malheureusement, ma mère n'est pas coopérative. Elle m'interpelle quand j'essaye de quitter la pièce.

— Oliver, chéri, dit-elle. J'ai commandé ton gâteau préféré pour ce week-end. Il y aura seulement Nora, Danny et Flynn en plus de notre famille, c'est bien ça ?

Bon sang. Avec tout ce qui s'est passé ces derniers jours, j'avais complètement oublié que mon anniversaire était demain et que ma fête aurait lieu samedi. D'ordinaire, je suis toujours enthousiaste à l'idée de célébrer le jour de ma naissance. Cadeaux et gâteau est le combo gagnant à mes yeux. Mais cette année, je sais que ce ne sera pas suffisant pour me remonter le moral.

Ma mère continue de me regarder, attendant une réponse à sa question. Je pourrais lui dire qu'il y a des chances que Flynn ne vienne pas, mais cela ne ferait que créer une avalanche d'autres questions. À la place, je hoche la tête timidement.

— C'est bien ça, dis-je. Merci, maman.

Elle m'offre un léger sourire, puis elle retourne à la confection des sandwichs. Quant à moi, je fais une marche rapide jusqu'à la porte d'entrée avant que mes parents ne se rendent compte que je ne suis pas moi-même aujourd'hui.

En arrivant au lycée, j'essaye de dresser une liste mentale des choses que j'ai à faire aujourd'hui. Interro de maths. Rendre mon article sur la compétition. Lire un peu. Récupérer un colis en point relais en rentrant. Cependant, ma liste ne tarde pas à dériver. Se morfondre. Penser à Flynn. Penser au fait que je sois le roi des imbéciles.

Non, cette liste ne m'aide vraiment pas.

J'avance à travers la matinée tel un zombie. Mon corps est présent pendant les cours, mais mon esprit est à des centaines de milliers de kilomètres. C'est un miracle que je ne tombe pas de fatigue et que je ne me mette pas à pleurer en plein milieu d'un cours.

J'entends encore des chuchotements à mon sujet dans les couloirs, mais je n'y prête plus du tout attention. Ce que les autres peuvent dire à mon sujet ne m'atteint plus. Ce n'est qu'un léger inconvénient comparé à ce que je ressens en ce moment.

Quand vient l'heure du déjeuner, je ne me sens toujours pas capable d'aller manger avec Flynn et le reste du groupe, comme si de rien n'était. Il va me falloir plus d'une journée pour rassembler suffisamment de courage pour cette étape. J'envoie un message à mes amis pour leur dire d'aller manger sans moi, prétextant une dissertation à terminer, et j'achète à manger au distributeur de l'aile ouest. Je m'installe sur un banc dans la cour intérieure du lycée et je grignote une partie de mon sandwich, bien que je ne ressente pas le moindre appétit.