Chapitre 28 : Autre chose à vous dire

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Cette fois-ci, je ne suis pas du tout angoissé. Comparé à mon coming-out, ce devrait être un jeu d'enfant. Je profite que mes parents soient tous les deux dans le salon pour une petite réunion improvisée. Je m'assois sur le fauteuil en face d'eux, les forçant à mettre leur film en pause.

— Père, mère, dis-je en essayant de garder mon sérieux. J'ai une annonce à vous faire.

— Si c'est pour nous dire que tu es gay... répond mon père. On est déjà au courant.

Ma mère lui met une petite tape sur l'épaule, même si elle arbore un petit sourire en coin.

— Vas-y, mon chéri, m'encourage-t-elle. Qu'est-ce qui se passe ?

— Avant toute chose, il faut me promettre que vous n'allez pas en faire des caisses.

— Oliver, ce n'est pas du tout notre genre de...

Je l'interromps avec un regard qui signifie Rien ne sert de mentir, on est entre nous.

— D'accord, dit-elle, on va faire de notre mieux. Mais si c'est une grosse nouvelle, je ne suis pas sûre d'y arriver.

— Moi je le promets, dit mon père. Maintenant, arrête de faire du suspense.

Ils sont agités et impatients comme des enfants. Pas besoin d'un test ADN. Ce sont bien mes parents.

Bon allez, c'est parti.

— J'ai un petit ami, dis-je. Et c'est quelqu'un que vous connaissez très bien.

— C'est Danny, pas vrai ? intervient ma mère.

— Quoi ? Non, pas du tout, maman ! C'est Flynn.

— Ah, je le savais !

— Pardon ? Tu as dit que c'était Danny il y a dix secondes.

— J'essayais juste de te piéger... Je le savais depuis le début, bien sûr. Mon instinct maternel ne me trompe jamais.

Je ne vais même pas me donner la peine de débattre, car ma mère va continuer d'être de mauvaise foi. Elle ne sait pas que la surprise sur son visage, bien que brève, a déjà vendu la mèche.

— On est très contents pour toi, mon fils, dit mon père en souriant. Flynn est un garçon génial. Je te dirais bien de l'inviter à dîner pour nous le présenter, mais il est si souvent ici qu'il fait déjà parti de la famille.

— D'ailleurs, enchérit ma mère, tu pourras lui dire que j'ai encore le Tupperware de sa mère ? Il faut qu'il le récupère. Je ne voudrais pas passer pour une voleuse.

— Maman, personne ne va penser ça.

— Je ne prendrai pas le risque. Je mettrai quelques cookies dans la boîte pour me faire pardonner, et ensuite tu pourras la rendre à Flynn.

Mon père fronce les sourcils à côté d'elle.

— Donc, tu veux la garder encore plus longtemps pour t'excuser de ne pas l'avoir rendue plus tôt ? dit-il sur le ton qu'il utilise toujours pour taquiner ma mère.

— Ne complique pas les choses, Michael !

— OK, je ne dis plus rien. En revanche, si tu fais des cookies, j'en veux.

Soudainement, Sara apparaît dans la pièce, tel un fantôme qui a traversé le mur en toute discrétion.

— J'ai bien entendu le mot "cookies" ? demande-t-elle. Moi aussi, j'en veux !

— Très bien, capitule ma mère. Je ferai des cookies pour tout le monde, bande de ventres sur pattes.

Mon père et Sara se mettent à applaudir et à scander le prénom de ma mère pour féliciter cette initiative. Je me joins à eux, car je ne veux pas qu'on m'oublie durant la distribution de gâteaux.

Oliver et le mythe du Prince CharmantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant