Chapitre 7.

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L'artiste se lève lentement, surpris dans sa création. J'aperçois peu à peu le corps d'un jeune-homme, vêtu assez richement, il tourne la tête dans ma direction. Ses traits fins...ses yeux bleus...Alexandre !

— Danica ? Veuillez m'excuser, je n'ai pas ma perruque, je ne la porte pas quand je joue de la flûte.

Et heureusement...les cheveux blond bouclé lui vont tellement bien...

— C'est moi qui vous demande de bien vouloir m'excuser, je vous ai dérangé pendant que vous jouiez de la flûte, c'était plus fort que moi, je voulais savoir qui jouait si bien.

Un sourire éclaire son visage, c'est la première fois que je le vois sourire, cela me fait l'effet d'un rayon de soleil.

— Vous aimez la musique ? Me demande le prince.

— Oui, mais je ne sais pas en faire.

Le prince me regarde avec surprise. Aïe, oui c'est vrai, les princesses sont sensées savoir-faire du clavecin ou du piano, mais je ne sais pas si le piano existait à cette époque...J'essaye de me rattraper :

— Enfin, je veux dire pas autant que vous !

— Voulez-vous que je joue pour vous ? Me demande t'il.

Je rougis. Pour moi ?

— Heu...avec plaisir.

Je m'assois sur le banc sur lequel il était assis quelque minute plus tôt, mais lui reste debout et regarde au loin. Je suis son regard, devant nous, à peine visible à cause des innombrables fleurs qui l'entoure, la tombe de la reine Elizabeth, la vrai. Mon cœur se serre, à chaque fois que je suis avec lui, sa mère l'est aussi d'une manière ou d'une autre. Il se tourne vers moi :

— C'est ma mère qui m'a appris à jouer de la flûte. Et elle m'a appris un morceau en particulier qu'elle a joué à mon père quelques jours avant leur mariage, c'est ce morceau que je vais vous jouer.

Mon visage prend feu. Je ne devrais pas être là, ce morceau est pour Danica, pas pour moi ! Mais la mélodie s'élève, et mon âme vibre au son de chacune de ces notes. Si l'amour avait un son, ce serait celui-là...

La mélodie s'arrête, le morceau est terminé. Le prince se lève :

— Il faut que je me prépare pour aller chasser dans les bois avec mon père, mais on se reverra ce soir au bal.

Après un baise-main traditionnel, le prince disparaît derrière les buissons.

Mes dames de compagnies arrivent en courant.

— Es-tu folle ? Pourquoi es-tu partie comme ça ? Me demande celle qui m'a dit être Gina.

— J'ai entendu de la flûte, j'ai suivi le son et je suis tombée sur le prince.

— On n'est pas là pour s'amuser, ne recommence pas, renchéri Marvine.

Je n'aime pas qu'on me donne des ordres, mais elles ont raison.

— Les domestique attendent sans doute pour te donner ton déjeuner, pressons.

Nous marchons jusqu'à mes appartements, puis Marvine et Gina vont dans leur chambre. Je demande aux domestiques de laisser tout sur place, je me servirais moi-même, ils reprendront tout quand j'aurais fini car je veux être seule.

Pourquoi le prince m'a t'il joué le morceau que spécialement sa mère a joué à son père avant leur mariage ? Mais le bruit d'une porte qui s'ouvre arrête mes pensées. Danica entre.

— Vous avez mangé ? Pour le bal de ce soir c'est vous qui prendrais ma place.

— Mais je ne sais pas danser vos danses ! Cela se verra, et on saura que je ne suis pas vous !

— Elles sont faciles à apprendre, comme vous avez finis de manger, je pourrais vous les enseigner ?

En fait, elle est plutôt sympa... mise à part le fait qu'elle me ressemble trop et qu'elle soit Autrichienne.

— C'est très gentil à vous.

Et l'après-midi passe vite. Entre les moments où je lui marche sur les pieds et les moments où je tombe, je crois avoir appris toutes les danses de cette époque !

Après un copieux dîner partagé avec Danica, celle-ci se lève et me laisse avec mes dames de compagnies. Et pendant la dernière heure qu'il nous reste, elles m'aident à mettre une robe rouge pourpre brodée de fil d'or avec un traîne. Je me mets deux paires de boucle d'oreilles pendantes, très lourdes à cause du poids des innombrables diamants incrustés sur des tiges d'or.

Je m'apprête à sortir, quand, tout à coup Danica me rattrape et me met sur la tête un diadème magnifique, tout étincelant, en me disant :

— Prenez-en grand soin, je n'en possède qu'un seul.

Ainsi parée, je ne sais pas comment je vais réussir à danser. Je la remercie et je pars suivie de près par mes dames de compagnies.

J'arrive en haut d'un escalier qui mène dans la salle de bal. Comme toutes les pièces que j'ai pu voir dans le château, elle est magnifique, mais l'éclairage spécial dû aux nombreuses bougies donne une ambiance festive tout à fait magique.
Les yeux brillants je vois défiler tour à tour, les duchesses, les marquises dans de superbes robes de dentelles, de velours, toutes dotées de coiffures incroyables. Elles semblent attendre quelque chose.

Tout à coup le crieur annonce :

— le couple royal !

Et il apparaît descendant majestueusement l'escalier dans un froufrou de dentelle. Le prince apparaît également et me prend le bras délicatement, le crieur annonce :

— Le prince Alexandre et sa fiancée la princesse Danica d'Autriche !

Au mot « fiancée », mes joues se colorent d'une teinte rouge pivoine par très naturelle. Je m'empresse de cacher ma confusion en souriant à la foule de nobles qui nous attend aux pieds de l'escalier.

Je répond aux questions d'une charmante marquise, quand soudain la musique commence, le prince me prend par le bras et me mènent au milieu de la salle : c'est nous qui ouvrons le bal.  

Amour ImposteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant