Chapitre 9.

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Le sommeil ne tarde pas à venir rempli de cauchemars de flammes et de princes brûlés.

Je me réveille en sueur. Je secoue la tête pour chasser de ma mémoire la vision d'horreur que je viens d'avoir : le prince le sourire aux lèvres fermant la porte de la salle de bal me laissant ainsi périr dans les flammes qu'il a allumé pour me tuer.

Je me lève, j'ai les jambes nerveuses. J'ouvre la porte de mes appartements et je me mets à faire les cent pas pour calmer mes nerfs. J'aperçois des lumières dans un petit salon proche de la salle de souper, je m'approche, des brides de conversations me parviennent :

— Vous avez encore échoué imbéciles ! Cela fait la deuxième fois ! Je vous avais pourtant bien dit de n'accrocher qu'une lanterne sur le lustre, pas dans chaque coin de la salle de bal ! À cause de vôtre stupidité la salle de bal a entièrement brûlé !

La personne qui parle à la voix rauque de colère, si bien que je n'arrive pas à distinguer si c'est un homme ou une femme. Une voix masculine répond :

— Mais j'ai fermé la porte, la princesse Danica est morte, c'est bien ce que vous vouliez ?

— Si je vous ai convoqué ici c'est que non, la princesse Danica est encore en vie, cette petite garce a trouvé une solution pour échapper à la mort ! Je l'ai vu, sans connaissance dans le salon où nous nous trouvons. Demain est prévue une promenade à cheval, j'ai acheté une jument grise très douce nommée Brise pour cadeau de bienvenue à la princesse, mais sa douceur légendaire ne sera plus quand elle aura mangé son avoine.

Les monstres ! Heureusement que j'ai fait un cauchemar, sinon Danica serait morte demain. Des bruits de pas se font entendre dans le salon, ils s'apprêtent à partir. Doucement je me dirige vers mes appartements et je ferme la porte à double tour. Si jamais ils changeaient leurs plans et qu'ils voulaient m'assassiner pendant la nuit, ils ne pourront pas. Je me couche et je m'assoupis.

— Camille ! Il faut que tu partes de cette pièce pour te changer car aujourd'hui tu es une bonne !

Je me réveille péniblement, je n'ai pas beaucoup dormi. Gina s'apprête à partir mais je la retiens :

— Attendez ! J'ai du nouveau ! Rassemblez tout le monde dans ma chambre Danica est en danger !

Quelques minutes plus tard Marvine, Gina et Danica se trouvent devant moi.

— J'ai eu du mal à dormir cette nuit et je suis sortis de ma chambre pour marcher. J'ai vu une lumière dans le petit salon à côté de la salle de souper, je me suis approchée et j'ai entendus des brides de conversations. J'ai entendu l'assassin mais comme il avait la voix rauque de colère je ne pourrais pas dire si c'est un homme ou une femme. Il semble avoir deux, trois hommes à son service. Lui il commande mais ce n'est pas lui qui commet les méfaits, ce n'est donc pas l'assassin qui m'a enfermé dans la salle de bal hier. Pour l'attraper il faut d'abord pincer ses complices, comme ça il sera obligé de faire ses saletés tout seul, nous le repérerons et nous l'arrêterons. Il disait qu'il savait que Danica n'est pas morte et c'est pourquoi ils ont fait un autre plan, c'est le troisième d'après ce que j'ai compris, ils vont mettre un produit dans l'avoine de Brise, qui j'imagine ne vas pas agir tout de suite, Danica va monter sur la jument et quand le produit agira, la pauvre bête qui souffrira s'énervera et renversera Danica violemment. Le cheval s'enfuira et cela passera pour un accident.

— Mais ce sont des monstres ! S'écrie Danica horrifiée.

Je reprends :

— Nous n'allons pas les laisser faire. Je vais m'habiller en bonne et je vais photographier avec mon petit appareil toutes les personnes qui s'approcherons de Brise et nous mènerons notre enquête d'après ces photos. Vous, Danica vous direz au prince que vous préférez faire une promenade en voiture à découvert parce que vous êtes fatiguée, il comprendra sûrement étant donné que vous êtes sensée avoir frôlée la mort.

Marvine dit :

— Parfait, Camille je vais te faire des traits grossiers pour te faire passer pour une bonne, Gina va aider Danica à s'habiller.

Je suis Marvine dans sa chambre, elle m'aide à enfiler ma robe de bonne. Et pendant qu'elle me change le visage à l'aide de maquillage je lui demande :

— Qui vous a dit que je n'étais pas morte ?

— Tu ne vas pas le croire, nous avons croisé en te cherchant le prince lui-même, il s'inquiétait de savoir ce que tu étais devenue et t'a rapportée dans ses bras jusqu'à nous.

Ces paroles trottent dans ma tête. Je ne peux m'empêcher de penser à ce que j'ai entendu cette nuit. Cette voix rauque, méconnaissable, et ces mots : « Je l'ai vu dans le salon ». Mon cœur se serre, mes mains tremblent, je crois comprendre et la vérité me glace le cœur. L'assassin, serait-ce le prince ?

Je demande la gorge nouée :

— Vous avez finie ?

— Oui, tu peux y aller.

Je sors de la chambre aussi vite que je le peux et je cours à perdre haleine jusqu'à l'écurie. Un seul homme est à côté de Brise et lui donne machinalement son avoine.
Je me cache derrière un pilier assez gros et je le photographie. Peu après il s'en va vers d'autres chevaux. Un homme de petite taille arrive et caresse Brise tout en versant le contenu d'une fiole bleu à l'odeur désagréable dans son avoine, sans doute de la ciguë. Je photographie son geste, puis je le photographie dans son intégralité. Quel homme répugnant, cette pauvre bête n'a rien fait !

J'attends qu'il parte et n'y tenant plus j'enlève à pleine main l'avoine de son baquet, je me lave les mains et j'en met une nouvelle. Par chance la jument n'avait pas encore commencé son déjeuner. Soulagée, je me dirige vers le parc et je m'assois à un endroit précis : sur le ban à côté duquel le prince m'avait joué un morceau de flûte tout à fait magnifique.

Amour ImposteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant