Chapitre 19.

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L'homme me fait signe d'entrer, un grand sourire sur les lèvres. Des gardes ferment la lourde porte derrière nous. Le bruit sourd qu'elle fait en se refermant me fait sursauter. Ma réaction n'échappe pas à l'homme qui me dévisage en silence mais ne dit rien. Je déglutis en pensant à ce qui pourrais m'arriver si on se rendait compte de la supercherie.

Je le suis en faisant bien attention à ne pas faire trop de bruit car le moindre petit grincement se répercute sur les murs de marbres et se répète longuement. Tout à coup, je suis heureuse que Danica soit partit de ce palais froid et beaucoup trop grand à mon goût. Je regarde derrière moi dans l'espoir de voir les silhouettes familières de mes gardes du corps mais je me rend compte qu'elles ne m'ont pas suivies, ce qui est logique en y réfléchissant car l'homme qui m'a fait entrer aurait reconnu qu'elles ne sont pas les dames de compagnie de Danica.

Il s'arrête et fait signe aux valets, qui gardent la porte qui se trouve devant moi, de l'ouvrir. Mes poumons se vident d'air. Je lance un coup d'œil au dessus de mon épaule. L'homme repousse ses cheveux bouclés d'un air désinvolte, puis daigne me regarder. L'expression de son visage a changé, ses yeux me fixent avec défi. Je ne cille pas, je soutiens son regard. Peut-être que Danica et lui se connaissent bien et qu'ils se regarde habituellement comme ça, en tout cas je n'en mène pas large.

Je me retourne rapidement pour évaluer mes chances de fuites mais je n'en trouve aucune. Les valets ont finis d'ouvrir la porte et un homme imposant, très grand les épaules légèrement voûtées, me fait signe de m'approcher de lui. Il semble très surpris. Je ne sais pas quoi dire alors je bredouille:

— Bonjour père.

Il hausse les sourcils mettant ainsi en valeur ses yeux bleu sombres. Puis il me répond avec un parfait accent:

— Vous voulez donc parler français Danica? Comme vous voulez, mais tout cela ne me dit pas ce qui vous a poussé à partir de France alors que vous ne deviez ne jamais revenir en Autriche.

Il s'arrête de parler en voyant que l'homme est toujours devant la porte. Il lui dit:

— Merci Dario Eliaz, vous pouvez disposer.

Il attend de ne plus entendre les pas de Dario pour continuer de me parler:

— Vous avez failli à votre devoir, vous allez être accusée d'espionnage. Votre mère n'approuverez pas votre conduite.

Il tourne son regard vers un portrait à sa droite sur lequel figure une femme brune très jolie mais qui semble malade. Ses joues sont légèrement creusées et elle est pâle.

Je ne veux pas que la conversation dure une éternité. J'attends que le regard du roi se tourne vers moi pour rétorquer:

— Justement non! Mère approuverait mon choix car elle voulait mon bonheur! Et je ne suis pas heureuse à la cour de France!

J'ai peur de m'être trop enflammée.

Le visage de Ladislas se fend en un large sourire découvrant ainsi une rangée de dents blanches. Il rétorque:

— Et c'est pour cela que vous me parlez en français?

Ne sachant pas quoi répondre je préfère ignorer sa question, je continue plus bas:

— Père, comprenez-moi. Mère voulait mon bonheur, ne voulez-vous pas le mien?

Mais le roi me fixe sans répondre. Je sort donc le dernier argument que j'ai:

— Je ne désire pas épouser le prince Alexandre.

— C'est donc ça! Vous n'aimez pas le prince! Mais ma chère enfant, je ne ressentais pas d'amour pour votre mère quand on nous a forcé à nous marier! Voyez ce que cela a donné!

Danica ne m'avait pas dit que ce serait aussi difficile de convaincre son père! Je la trouve bien gentille de me laisser le convaincre alors qu'elle se la coule douce avec son marin! Le rouge me monte aux joues. Tant pis si son père se souviendra de sa fille comme d'une révoltée négligeant l'honneur familial (ce qu'elle est au passage)! Je lance d'une voix forte:

— Vous ne comprenez pas! Pour moi c'est différent! J'aime un marin qui vaut bien dix nobles et je compte bien me marier avec lui! Je ne venais pas vous demander votre autorisation mais vous prévenir car je sais que si j'avais disparu sans rien dire vous aurez été affolé et mère ne l'aurez pas voulu.

Puis sans laisser le temps au roi de me répondre je tourne les talons et me dirige vers la porte. Mais le roi Ladislas s'est levé et il me retient par le bras. Je me retourne. Ses yeux me fixent, je perçoit de la détresse dans son regard. Il aime sa fille et ne veux pas la perdre. Je le regarde sans colère et je lui dis:

— Mère aurait approuvé mon choix.

Alors il me lâche et répond dans un soupir:

— Et bien soit.

Mon cœur est délivré d'un poids. Le roi Ladislas a donné son accord! Je me dirige pour de bon vers la porte et je la franchit. Je marche sans m'arrêter jusqu'à la voiture et arrivée dedans je m'assois lourdement sur les coussins en disant avec un grand sourire:

— J'ai réussi.

Mais mes gardes du corps ne semblent pas partager ma joie. Elles sont blêmes. Gina triture nerveusement un papier. Je leur demande la cause de leur trouble et Marvine me répond d'une voix blanche:

— Il y a une révolution en France.

Amour ImposteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant