Mercredi 13 janvier

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6h55 du matin dans la cafétéria du commissariat

L'inspecteur Babache était en train d'attendre Penny un café à la main en lisant le journal. Les grands titres : La réapparition, Le retour de l'auteur du moment...........

L'inspectrice Palache arriva, elle rayonnait et semblait joyeuse.

- Salut Raymond !

- Coucou ! Hier soir tu m'as appelé en me disant que tu avais un super plan alors explique-moi, je t'écoute.

Si Laurine avait eu un problème de mémoire, elle se serait fait diagnostiquer et aurait peut-être même été internée dans un établissement spécialisé. Et pour ne pas inquiéter sa famille, elle l'aurait caché. Il fallait appeler tous les endroits susceptibles de l'avoir accueillie ces trois derniers jours.

***

16h dans le commissariat

- C'est notre dernier, Penny...

- Oui, je sais.

Cela faisait plus de dix heures qu'ils appelaient sans relâche médecins généralistes, hôpitaux, spécialistes à la recherche d'un tout petit indice. Mais aucun n'avait entendu parler de Laurine Valentier en dehors des informations.

- Oui, bonjour ? Inspecteur Babache à l'appareil.

- Bonjour inspecteur.

- Vous êtes bien le Docteur Warens ?

- C'est bien moi. Que puis-je faire pour vous ?

- Connaissez-vous une certaine Laurine Valentier ?

- Le nom de sa sœur est Suzie ?

- Oui.

- Je les connais toutes les deux. Je suis le médecin traitant de toute la famille depuis assez longtemps déjà.

- Oh !

Les yeux de Raymond se mirent à briller d'une étrange lueur... De l'espoir ? C'est en tout cas comme cela que Penny l'interpréta.

- Savez-vous si elle s'est fait hospitaliser ces trois derniers jours ou encore si elle avait quelques petits problèmes de mémoire.

- Pas que je sache. Elle était même en très, très bonne santé.

- Et sa soeur ?

- Sa soeur a un petit problème au cœur, il est fragile.

- Pouvez-vous m'envoyer le dossier médical de Laurine s'il vous plait ?

- Oui, si cela peut vous aider.

- Très bien. Je vous remercie, monsieur.

- Je vous en prie.

Les deux inspecteurs étaient confrontés à un problème. Si Laurine Valentier avait une mémoire opérationnelle, comment se faisait-il qu'elle ait oublié l'existence de sa sœur, qui, soi-dit en passant, avait l'air d'être la personne avec laquelle elle passait le plus de temps ?

Penny était épuisée. Elle salua Raymond et rentra chez elle retrouver son lapin Patouf qui devait être en train de dormir (comme d'habitude). Sur la route — qui, évidemment, avec la chance qu'elle avait, était bouchée — l'inspectrice ressentait toujours le petit malaise qu'elle avait depuis sa rencontre avec Laurine et sa mère ; pourtant, elle ne pouvait mettre le doigt dessus et cela la rendait complètement folle.

En arrivant, Penny enleva ses chaussures et alla prendre une douche. En sortant, elle se fit un thé et se mit sur son canapé avec son ordinateur portable sur les genoux. Elle consultait ses mails. Le fichier médical de Laurine était arrivé. L'inspectrice l'éplucha dans les moindres détails. Aucune maladie et aucun trouble mental. Bizarre......

On sonna à sa porte. Elle ouvrit pour laisser apparaître Laurine.

- Bonjour inspectrice, dit-elle avec un sourire.

- Bonjour. Entrez, vous voulez un café ou un thé ?

- Un café, s'il vous plaît. Mais j'aimerais surtout savoir pourquoi vous m'avez demandé de passer.

- Venez, asseyez-vous, je vous en prie.

- Pourquoi avez-vous mon dossier médical ? demanda l'invitée avec méfiance. 

Penny ferma brusquement son ordinateur.

- Je comptais commencer doucement mais visiblement c'est raté. Pourquoi mentez-vous ?

- Pardon mais je ne vois pas de quoi vous parlez.

- Ne vous foutez pas de moi. Vous étiez choquée lorsqu'on vous a dit que vous aviez une soeur l'autre jour.

- Je n'étais pas choquée, j'essaie juste de l'oublier parce que je ne l'aime pas, elle a détruit ma vie depuis mon retour, il n'y a que des reproches à mon égard qui sortent de sa bouche.

L'inspectrice était choquée. Dans la voix de Laurine perçaient la douleur, la rancœur, la haine et la tristesse.

- Alors pourquoi passez-vous autant de temps avec elle ?

- On le fait pour notre mère, mais depuis quelque temps on a arrêté de jouer la comédie. Petite soeur ou pas, ma mère lui a tout passé. Je vous remercie pour le café, j'ai répondu à vos questions, maintenant je m'en vais.

Et elle partit en claquant la porte. Palache comprit enfin le malaise qu'elle ressentait. Laurine avait les yeux plus foncés que sur les photos des articles.

Dans sa peau Où les histoires vivent. Découvrez maintenant