Jeudi 14 janvier 3/3

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22h, au commissariat

Suzie attendait dans sa cellule de garde à vue, assise à côté, d'une jeune femme totalement stone. Les gens touchant à l'alcool ne l'enchantaient guère, sa mère avait, à une époque, été alcoolique et cela n'avait pas été une période heureuse de sa vie.

Un commissaire arriva et l'emmena en salle d'interrogatoire. Son avocat, maître Lefout, venait d'arriver avec une bonne dizaine d'heures de retard en raison d'une comparution immédiate de dernière minute.

Penny lui exposa rapidement les faits pour en finir au plus vite.

-             Votre cliente est suspectée du meurtre de sa mère.

-              Avez-vous des preuves concrètes ?

-             Non, mais elle n'a pas d'alibi valide, car personne ne peut témoigner de sa présence chez elle à l'heure du meurtre.

-             Écoutez, madame l'inspectrice, l'entrée de la maison de mademoiselle Valentier s'ouvre à l'aide d'un badge magnétique. Je pense qu'il vous sera donc facile de prouver qu'il n'a pas été utilisé entre deux et trois heures du matin.

-             Eh bien, maître... Vous l'avez préparée vite, votre défense.

-             Effectivement, et sans plus de preuves contre elle je vous demanderai de bien vouloir libérer ma cliente.

-             Nous la libérons à condition qu'elle reste joignable et à la disposition de la police.

-             Entendu !

L'avocat de madame Valentier quitta le commissariat avec elle.  Penny ne savait plus quoi penser. Aucun indice, aucune piste...

-             Lucas, vérifie s'il te plait les allers et venues de mademoiselle Suzie Valentier. Et envoie-moi les résultats dès que tu les as.

-             Ok.

-             Merci.

Penny rentra chez elle, donna à manger à Patouf qui, évidemment, comme toujours, dormait dans sa cage. Elle alla prendre une douche et y resta jusqu'à ce que l'eau devienne froide. Une fois ses muscles détendus, elle se mit dans son lit avec son ordinateur sur les genoux. Et regarda un film. Elle sursauta au moment où son téléphone sonna, c'était un message de Babache :

J'ai lu ton petit mot, il m'a touché. 
Moi aussi, je t'aime.
Bonne nuit, Penny.
PS : si je te manque trop, tu peux passer me voir
Ton collègue préféré !

Je passerai te voir sûrement demain matin.
J'apporte le petit déjeuner.
Tu me manques.
Ta collègue la plus sexy ! :-)

Alors il avait bien vu son anagramme... Penny était sur un petit nuage. Était-ce ça l'amour, avoir envie que quelqu'un soit avec nous et qu'il partage chaque instant notre vie comme si c'était le dernier, voire même qu'il connaisse nos plus noirs secrets ? Ce soir-là Raymond et Penny s'endormirent tous les deux un sourire aux lèvres.

00:00, dans la rue

Il faisait froid, le beau temps qui avait été là tout le début de la semaine était reparti très vite. Florine n'avait nulle part où aller depuis que sa coloc l'avait virée.  Sans se rendre compte de rien, elle se dirigeait vers le quartier de son enfance. Cette enfance si pourrie, où elle n'avait connu que coups et rejets. Jamais personne n'avait voulu d'elle. À l'époque, c'était une petite fille toute blonde, aux yeux couleur océan, des familles entières la trouvaient mignonne, mais la haine qu'elle nourrissait en elle la pourrissait. Les familles, qui avaient fini par en avoir assez de cette petite tête blonde infernale, l'avaient vite abandonnée, tout comme sa propre mère à sa naissance. Ses jambes se mirent à trembler, son cœur à accélérer. Elle devint livide et tomba. Au lieu de se heurter au béton du trottoir, elle sentit des bras forts et protecteurs l'envelopper, puis elle s'évanouit.

1h30

Florine se réveilla dans un appartement qu'elle connaissait bien, l'odeur lui était familière. Le sol était tapissé d'une vieille moquette rouge, les murs d'un papier peint couleur crème. Une énorme bibliothèque était accrochée le long d'un mur. Des centaines et des dizaines de livres dont elle n'avait jamais entendu parler se trouvaient sur celle-ci : Les Hauts De Hurlevent d'Emily Brontë ou encore Notre Dame de Paris de Victor Hugo.

-             Coucou, sœurette. Bien dormi ?

-             Coucou, Marco.

Marco était son ami depuis l'enfance à l'orphelinat, elle le considérait comme un frère. Ils n'avaient jamais été adoptés et donc ne s'étaient jamais séparés.

C'étaient un peu les enfants dont personne ne voulait, les laissés pour compte. Petits, ils avaient tout fait pour qu'une famille les aime, sans succès.

-             Comment m'as-tu retrouvée ? demanda-t-elle

-             Je sortais du bar, je t'ai reconnue directe, j'ai vu que tu ne tenais pas bien debout et que tes jambes allaient lâcher, alors je me suis précipité vers toi et tu t'es écroulée dans mes bras.

-             Merci, murmura-t-elle

-             Je t'en prie. Tu peux rester aussi longtemps que tu le souhaites.

-             Qui te dit que j'ai besoin d'aide ?

-             Je te connais et sais reconnaître quand ça ne va pas.

-             Je ne voudrais pas te déranger. 

-             Tu es toujours la bienvenue et tu le sais. Bon, ce n'est pas tout mais moi je vais me coucher, bonne nuit.

-             Bonne nuit.

Florine n'arriva pas à fermer l'œil de la nuit. Cette enquêtrice Palache semblait s'apercevoir que quelque chose clochait. Pourtant, des détails lui permirent d'affirmer qu'elle ne savait pas quoi. Après tout, qui verrait cette infime différence ?

Dans sa peau Où les histoires vivent. Découvrez maintenant