Le Diable dépeça la pureté d'une créature céleste en la faisant succomber aux ténèbres du mal. Dès lors, aucune supplication ne put solliciter la miséricorde du divin. Comme punition, il bannit du Paradis, toute la descendance de cet ange, et il déc...
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Les fleurs de l'enfer giclaient dans l'air. Éparpillant leurs pétales d'araignées, les fines pattes étaient tissées dans une élégance exaltante. Un voile de carcasses ensanglantées cinglait dans l'eau souillée. Un parfum fétide jonglait dans mes narines. Sa bavure se collait à mon épiderme satiné. Mes iris de soufre admiraient paisiblement le lac macabre. Les bulles de mon champagne éclataient avec finesse, cajolant mes tympans. Ce spectacle était lassant, assommant. Cependant, il faisait miroiter un rictus morbide sur ma bouche. Une nitescence dorée nettoyait l'obscurité de mon faciès.
L'entité de la fourberie se pencha vers mon épaule, un rictus griffant sa bouche rouge. Mes paupières tombèrent lentement dans un dégoût exprimé sans filtre. Je levais le nez vers le roi des enfers, déchiffrant dans ses iris pétulants, l'architecture d'une mosaïque amusée. Un soupir m'échappa tandis que mon index repoussa promptement la figure du Malin. Sa carnation hâlée réchauffait mon ongle qui s'incrusta dans sa pommette. Satan émit un ricanement, nullement affecté par la dague de mon doigt. Cependant, il décida de reculer, remarquant que je n'étais pas d'humeur à supporter ses taquineries écœurantes. Je portais lentement la coupe à mes lippes fardées, criblant ma langue de la saveur amère de mon fiel contrôlé.
Des serpents jaillissaient des pétales. Ils pointaient leur langue en dehors des fleurs du mal. Leur sifflement fignolait mon désir de tordre le cou du diable. Les reptiles s'approchaient lentement de moi. Leur corps encerclaient ma jambe et remontaient avec prestesse. Je sentais leurs écailles flatter mon épiderme lisse. Un serpent entoura mon bras et se mit à siffler crescendo. Mes prunelles retombèrent sur celui-ci. Sa peau constituée de formes reliées par du brun et du beige intéressait mes pensées irritées.
── Puis-je connaître la raison qui t'énerve au point de t'isoler avec du champagne, ma belle Lilith ?
── Tais-toi. Ta voix m'exaspère.
── Mais voyons ma reine, il sourit, satisfait de constater que je sortais les griffes, je souhaite uniquement partager ta colère.
── Jette-toi dans tes propres flammes dans ce cas. Tu m'irrites à jouer à l'ignorant.
Satan éclata de rire. Je lui adressai un regard dédaigneux, loin d'être enchantée de le voir se divertir de la situation. Il savait pertinemment pourquoi j'étais si énervée. Pourtant, il rampait scrupuleusement jusqu'à moi sans craindre les conséquences. Même les rois agissaient parfois avec une arrogance nocive, et le Tentateur devait se douter que ma patience se flétrissait dans ma coupe bientôt vide. Je laissais ma rage exploser seulement lorsque les enfers trinquaient le goût acide d'une défaite écrasante. Et cela n'arrivait que très rarement, car les dieux n'aimaient point se confronter à la première promise d'Adam. J'étais celle qui ne se soumettait pas et qui agissait pour son propre plaisir, son propre bien. Je n'adorais que ma personne et ne m'agenouillais pas même devant le désespoir. Satan le savait pertinemment, et il aimait voir mon animosité à son apogée, car c'étaient les seules fois où mes rictus hautains s'effondraient.
