Le Diable dépeça la pureté d'une créature céleste en la faisant succomber aux ténèbres du mal. Dès lors, aucune supplication ne put solliciter la miséricorde du divin. Comme punition, il bannit du Paradis, toute la descendance de cet ange, et il déc...
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Ma pétulance engendrait la malchance. La vivacité effrénée de mon cœur était nouée à la fatalité. Peut-être était-ce là le prix à payer pour succéder la déchue du Nord. Mon âme n'était pas noire, mais la blancheur ne pouvait l'envelopper totalement non plus. Car chez les êtres exilés, le péché était héréditaire. Mon sang versatile saurait rapidement émaner l'impureté dès l'instant où je succomberais au vice. L'envie inébriante d'abandonner mon statut d'élue chatouillait bien souvent mes cils, mais aucune vague, aucune brisure n'accablait mes orbes. Mon dessein de réhabiliter ma famille auprès de Dieu était infrangible. Ma mère n'était pas en paix et sombrait, tout comme mes ancêtres, dans la vacuité. Et cette pensée, cette connaissance agonisante, je ne pouvais l'accepter. Alors utiliser mon éphémérité dans ce monde me convenait, car je la sacrifiais pour les personnes que j'aimais.
Mon désir latent de profiter de l'existence humaine s'étiolait. Je ne pouvais pas me familiariser avec leurs coutumes, leur culture, leurs sentiments. Néanmoins, au gré de ma curiosité, je m'asseyais et fermais les yeux en regroupant mes connaissances. L'imagination s'installait ensuite sous mes paupières, et un monde s'esquissait. Une atmosphère inconnue mais familière. Des silhouettes imprécises qui s'écorchaient, et des couleurs vives, ternes, chaudes et froides. L'arc-en-ciel ne peignait pas l'humanité, c'était le daltonisme qui percutait les nombreuses pensées. Ma perception différait de leur dyschromatopsie commune. Ce que je considérais comme une vertu pouvait paraître abscons ou idiot. Cet univers ondoyant, j'y vivais mais je ne l'intégrais pas. Ma vision n'apportait rien aux humains. Mon quotidien insane perpétuait un devoir et une tradition. L'intégration n'était qu'un songe dérisoire, un souhait inatteignable.
Depuis ma naissance, la mortalité mutilait mon essence. L'éternité pouvait être accordée aux anges, mais la vulnérabilité crayonnait leurs traits. Certains s'éteignaient, d'autres continuaient. Une fois morts, Dieu envoyait l'âme des anges dans l'espace. Et ainsi, les étoiles filantes germaient. L'essence des anges ressuscitait dans le souhait des Hommes, et une fois réalisé, leur âme contribuait à la naissance d'un nouvel être éternel. Toutefois, pour les êtres déchus, c'était la vacuité qui les attendait. Ni les enfers, ni l'espace ne les acceptaient. La condamnation de l'exclusion n'était pas assez, l'oubli était l'ultime jugement. Les démons eux-mêmes bénéficiaient de la mort, du néant. Cependant, il s'agissait d'un vide différent, d'un oubli divergent. Les monstres des flammes se noyaient dans le sommeil éternel, et la conscience de cet abîme qui les engloutissait, ils ne l'avaient pas. A défaut des déchus, dont l'existence elle-même était un blasphème.