Le Diable dépeça la pureté d'une créature céleste en la faisant succomber aux ténèbres du mal. Dès lors, aucune supplication ne put solliciter la miséricorde du divin. Comme punition, il bannit du Paradis, toute la descendance de cet ange, et il déc...
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L'impéritie était un maléfice qui effrayait Deniz. La moindre erreur ligotait l'âme dans la toile du regret. Le choc de la défaite ficelait les membres dans une agitation létale. Et lorsque l'ambition éclipsait la déception, l'écroulement attendait bien sagement un malheur. Puis elle capturait la conscience et l'engouffrait dans les abysses de la noirceur. Le noiraud avait toujours évité de se faire dévorer par l'impuissance. Mais aujourd'hui, la peur se tissait dans ses soubresauts. Deniz avait beau croire au paradis, ce n'était pas le purgatoire qui assommait son calme, c'était la douleur. Surtout lorsqu'il sentit son corps voltiger en arrière, et que la svelte silhouette de son amie s'effrita. La respiration du noiraud s'était brusquement coupée. Un gémissement avait vilipendé sa gorge, et sa salive avait arpenté les friselis de l'oxygène.
L'air se déchirait au coin de son lobe, les ombres dansaient autour de ses orbes. Deniz cherchait désespérément une façon de reprendre son souffle, mais le déchirement dans son dos l'empêcha de contenir la moindre lueur de lucidité. Il savait qu'il devait vite partir, user de la distance pour s'échapper. Il était conscient de sa chance, mais ses membres endoloris ne bougeaient pas, comme ankylosés par l'effroi. Deniz inspira profondément, sa main gauche affalée contre son sternum. L'interne n'avait plus les idées claires. Une kyrielle de phrases résonnait dans sa tête. Les vers de la Siha cognaient contre ses tempes, mais aucune prière ne se formait sur ses lèvres charnues. La conception du Bien et du Mal se nouait entre les sourcils du jeune homme. Son enfance et son savoir percutaient violemment son crâne. Il revoyait des images absconses défiler dans son esprit jusqu'à ce que des taches mauves ne s'envolent sous ses cils.
Le destin de Deniz semblait lui passer sous le nez. Le jeune homme avait toujours cru qu'il aurait une fin différente à celle de ses parents. C'est pour cela qu'il n'avait pas suivi leurs pas. Il ne voulait pas avoir affaire à des démons. Et c'était une envie absurde, car dès l'instant où il avait rejoint les Gu, ce misérable souhait s'était pulvérisé. Se lier d'amitié avec une élue — et en somme, celle qui avait assisté à la mort de ses parents — avait été une erreur. Deniz se souvenait encore de l'état de leur cadavre. Il sentait encore leur doux parfum de citron se mélanger au pétrole, au feu, au sang. Il revoyait la flaque de leurs tripes le hanter dans ses cauchemars. Et il avait oublié le son de leur voix, leur accent prononcé en coréen, le goût de leur cuisine.
