Cicatrices

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Je sens l'eau qui coule. Qui coule sur ce dos ravagé par les crachats. Je baisse la tête et je sens que cette eau se mêle à ça. Je ressens tout malgré que tu puisses penser le contraire. Tu me crache dessus pour me faire taire et pense que je vais rester de marbre face à tes propos.
Ce soir de novembre je le sais. Je sais tout désormais. Et je connais chaque sabre que tu m'as enfoncé. Et je sens cette chaleur. Cette chaleur qui monte dans la pièce. La buée prend doucement place sur le miroir et les carreaux de ma salle de bain.

Tu sais comment est mon corps ? Oh je sais que tu le connais. Tu l'as si souvent touché. Si souvent frappé. Mais chaque cicatrice est là. Chaque cicatrice physique et psychique.
Observe moi. Regarde moi putain ! Lève les yeux et parcours mon corps. T'as le droit cette fois. Tu vois mes yeux ? Tu y vois mon âme ? Mon âme bouffée et souillée ? Elle en a encaissé la vieille. Mais elle est toujours là. Désolé pour toi tu vas devoir encore faire à ce nouveau moi.

Regarde mes oreilles. Elles en auront entendu des conneries. Des saloperies que t'as osé me balancer. Toi et le groupe d'ailleurs. Je n'ai plus peur. Et pourtant, je sens le sang qui coule de mes tympans. Des coups de marteaux résonnent dans ma tête. Et ça ne s'arrête jamais.

Observe ce ventre. Cette ligne rouge que tu vois, c'est toi. D'ailleurs, tu diras merci à ton opinel. Elle est belle cette ouverture. Ce cratère d'une sacré envergure. Le jus de rose y coule encore. Un trait mortel que tu n'as pas su aboutir. Je ne te félicite pas sur ce coup là.

Par contre, tu as parfaitement su faire apparaître des tâches de ciel sur plusieurs endroits de ma peau. Bravo. Tu m'as pris pour ton objet sexuel. Tu as été doué tu sais. J'ignorais que je pouvais devenir poupée quand tu le souhaitais. Une poupée avec un coeur cependant. Et tu vois ce vagin ? Tu le connais bien. Tu l'as détruit. Déchiré, et sans regrets en plus enculé.

Aujourd'hui j'ai plus peur de t'insulter. De te rentrer dedans comme tu me l'as fait.
Parce que ce soir, j'en ai assez.
Si tu veux un conseil, sache que j'ai beaucoup appris de tes excès. Ce soir je change la balance de sens. Ce soir c'est toi, la poupée.

Et tu vas regretter. Te recroqueviller et chialer. Et je prie pour que tes larmes soient ensanglantés comme les miennes.

Cesse de me regarder désormais. Ferme les yeux. J'efface la buée de ce miroir et relève la tête. Un jour peut être pour de vrai. Pour le moment, je sèche le sang.

A l'encre rouge Où les histoires vivent. Découvrez maintenant