IV

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Mais que se passe t'il ?

Tout se bouscule dans ma tête, la portière qui claque, le moteur qui gronde, les pas des passants sur le trottoir, la bousculade entre deux piétons, les feuilles qui glisse sur le goudron, les clés qui tombent au sol, le grincement des fenêtres qui s'ouvrent. 

Puis des voix viennent se mélanger à tout ça, des dizaines je devine que ce sont les plus proches. Bientôt des centaines et des milliers qui se mélanges au bruitages quotidiens de la vie. D'habitude cela ne me dérange nullement, d'habitude je n'entends que les bruit d'une certaine fréquence. 

C'est insupportable tout ce fracas dans ma tête, toute cette agitation me fait perdre la tête. 

J'ai la tête qui tourne, mon cerveau me fait mal atrocement mal. J'ai envie de crier tout ce mal. Mon corps me fait également souffrir. Toutes ces douleurs s'amplifient au mesure que le temps passe. 

De nombreuses senteurs se mélangent dans mes narines, cela va de la rose du jardin au conteneur à poubelles qui se trouve à l'autre bout du lotissement, du pain frai de la boulangerie à l'odeur nauséabonde des égouts.

Je ne sais même plus où je suis, j'ai l'impression d'être partout. Je suis dans ma chambre comme dehors sur le trottoir ou chez la voisine d'en face ou encore le voisin du 42.  

Un sentiment d'angoisse profond s'empare de moi. Des gouttes de sueurs descendent de mon front et longe mon visage, d'autres descendent le long de mon bras. 

Je tremble, tout ce vacarme dans ma tête, ces odeurs qui troublent mes narines, et cette souffrance que je ressens dans chaque membre qui me compose. 

C'est de la torture. Je n'en peux plus. C'est comme si on me déchiquetait de l'intérieur. Je n'en peux plus. 

Aidez-moi. 

J'entends des pas, on toc à une porte mais où est cette porte ? 

- Ma chérie, le repas est près, tu viens ? Dit une voix, c'est ma mère, elle me parle.

Je dois lui répondre. J'ouvre la bouche mais je ne peux pas parler ça me brûle la gorge.

- Est ce que ça va ? Depuis que tu es rentré de la forêt il y dimanche, tu restes enfermé dans ta chambre. Je ne lui réponds pas, je n'y arrive pas.

- Je te laisse une assiette dans le micro-onde. J'espère que ça ira mieux demain.

Moi aussi je veux aller mieux. C'est un supplice. Vais-je mourir ? Cette pensée me traverse l'esprit. Je suis en train de souffrir le martyre seule dans ma chambre alors que dans tout le lotissement tout le monde vie paisiblement. Ironique tout ça. 

Je veux que tout s'arrête, je veux ne plus entendre tous ces bruits qui se bousculent dans ma tête, ni ces voix, ni sentir toutes ces odeurs, ni ressentir cette douleur immense. Je veux que tout s'arrête.

Je n'en peux plus. Stop. Stop. Arrêtez bon sang.

Je parviens à attraper un crayon qui traînait sur mon lit. Je le serre dans ma main et me prépare à le planter la mine la première dans ma poitrine. J'essaye de prendre une grande inspiration, l'aire en passant me brûle encore plus la gorge. Je tiens le crayon de mes deux mains.

Je ne veux pas mourir, pas pour ça. Mais je veux que tout s'arrête. Est-ce une bonne solution d'abréger ses souffrances ? N'y a t-il aucune autres solutions ? 

Je reste ainsi quelques minutes, la nuit tombe.

Le mal lui reste. Il est de plus en plus intense. Je ne peux plus rien supporter. J'ai tenu le temps que je pouvais. J'ai pris m'a décision. Adieu.

Adieu mes chers parents, Éline, ma petite sœur, Cloé, ma grande sœur, Rosie, ma meilleure amie. Adieu.

J'avance le crayon vers ma poitrine les mains tremblantes quand les rayons de la lune entre dans ma chambre et viennent m'éclairer. Je me tourne vers ma fenêtre et regarde la lune. Elle est ronde, c'est la pleine lune. 

Mon corps ne réponds plus à mes gestes, je le sens craquer, se courber, se cambrer, se changer. 

Se métamorphoser.

Je suis à présent à quatre pattes. Je laisse mon corps agir comme il le souhaite, je n'ai plus aucune force pour faire quoi que ce soit. 

Les douleurs ont disparu mais le vacarme dans ma tête n'a pas cessé ainsi que les nombreuses infiltrations dans les narines. 

Mon corps s'élance par la fenêtre, et me fait atterrir toujours à quatre pattes. 

Je reprend conscience, le calme. Plus aucun bruit et seulement l'odeur de la nature. 

Je regarde autour moi, des arbres, je suis dans la forêt. Je n'ai aucun souvenir d'être venu ici en plus il fait encore noir. Je me sens bien. Je vais rester un peu ici. Je m'allonge près d'un arbre et commence à m'endormir.

- Elanea ! Réveille-toi ! Ils arrivent !

- Elanea !

- ELANEA !

Je ne réveille en sursaut.

Qui vient de m'appeler ? Il n'y a personne.

- Bon tu es réveillée, il faut qu'on parte au plus vite, ils arrivent !

A qui appartient cette voix et qui arrive ? Je sens une présence qui s'approche de plus en plus de moi. 

- Cours ! 

Courir ? 

Elanea et l'autre monde (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant