— Tae-Oh...
— Oh, tu te souviens de mon nom, c'est plutôt flatteur.
Je fus incapable de dire autre chose, j'étais bien trop choquée de voir ce type et surtout cette situation était vraiment terrifiante. Il s'empara d'une chaise posée là et la traîna bruyamment pour venir la placer juste en face de ma petite prison, puis il prit place dessus de manière décontractée, comme si tout ceci était parfaitement normale. Comme une scène qui s'était déjà jouée plusieurs fois pour lui. Peut-être était-ce le cas, sinon, pourquoi aurait-il une cage dans sa cave ? Mon coeur s'emballa encore un peu plus, je réalisai que j'avais certainement affaire avec un sociopathe ou un psychopathe, mais dans les deux cas, ce n'était pas bon pour moi.
— Je suis surpris, reprit mon kidnappeur, tu ne pleures pas, tu ne cries pas. Rien à voir avec les filles avant toi qui chialaient à grosse larme et me suppliaient de les laisser partir. C'est un truc débile que j'ai jamais compris chez les gens ça, pensent-il réellement qu'on va les libérer parce qu'il nous le demande en pleurant ?
— Où est Min-Ki ?
Il pencha un peu la tête, toujours en me scrutant de ses iris sombres et un air ennuyé se peignit sur ses traits. Je ne pus m'empêcher de frémir face à ce regard, il était toujours aussi glaçant, il y avait vraiment quelque chose de mauvais au fond de ses iris. Mollement, il se pencha en avant, coudes posés sur ses genoux.
— Tu es dans un cage et la seule chose qui t'intéresse, c'est de savoir où est cet imbécile de Min-Ki ? Tu es mordue à ce point ?
— Dis-moi ce que tu lui as fait...
— Aish, râla-t-il, je ne lui ai rien fait du tout. Il est chez lui et il va parfaitement bien.
Le silence retomba une nouvelle fois, j'essayai d'assimiler ce que je venais d'entendre. Min-Ki était rentré chez lui ? Avait-il vraiment fait comme si rien ne s'était passé ? Il avait forcément vu Tae-Oh m'assommer, je l'avais entendu crier mon nom avant de m'évanouir. Il n'a quand-même pas... J'eus un vif mouvement de recule quand la main du criminel en face de moi s'approcha pour s'emparer d'une de mes mèches bouclées. Hors de question qu'il me touche, je refusai que quelqu'un comme lui pose ses mains répugnantes sur moi. Surtout qu'il m'avait donné confirmation qu'il y en avait eu d'autres avant moi et je ne voulais pas savoir combien exactement, ni comment ces filles avaient terminé leur vie – bien que ce ne soit pas difficile à imaginer. On se toisa pendant des secondes qui me parurent duré des heures et le seul bruit que je parvins à entendre pendant se laps de temps fut celui de ma propre respiration qui était bien trop forte.
— Qu'est-ce que tu me veux ? finis-je par lui demander d'une voix mal assurée.
— Hum ? Oh rien de particulier, tu es ma nouvelle distraction pour...
Il laissa sa phrase en suspend et leva les yeux en direction du plafond, une expression de réflexion ayant prit place sur son visage. Puis son regard revint à moi, alors qu'un sourire qui me glaça le sang étira ses lèvres, dévoilant ses dents bien blanches.
— Ça dépendra de toi ça, la dernière a tenu deux semaines avant que je m'en lasse. Et la première deux mois, c'est le record, je me demande si tu vas la battre ou alors te retrouver dans dans l'entre deux. Mais fais-moi plaisir, ne fait pas comme la dernière.
— Tu es un malade...
Ce type était définitivement un dangereux malade, il ne nous voyait pas comme des êtres humains, mais comme de vulgaires distractions, des animaux de compagnie dont il pouvait faire ce qu'il voulait et comme il le voulait. J'en eus un haut le coeur, c'était tout simplement infâme. Je reculai encore un peu dans ma cage pour aller me coincé dans un angle et surtout mettre le plus de distance possible entre lui et moi.
— Tu penses que ce comportement te protégera de quoi que ce soit ? Comme c'est mignon, tu es coincée ici avec moi et personne ne te viendra en aide, alors aller te recroqueviller dans un coin est aussi utile que de crier à l'aide. Et tu sais, si tu es sage, je serai gentil avec toi, c'est la première fois que je me retrouve avec une grosse sous la main, mais tu as un joli visage alors je me dis que peut-être ton corps peut l'être aussi.
Je vais vomir.
C'était définitif, je n'étais plus une personne, mais juste une poupée gonflable, un putain d'objet dont Tae-Oh avait l'intention d'user et d'abuser. Je sentis une larme rouler sur sa joue, je l'essuyai rapidement pour ne pas avoir l'air plus faible que je ne l'étais déjà. J'étais morte de peur, c'était un fait, mais si en plus je me mettais à pleurer comme une enfant, ça ne rendrait la situation que plus catastrophique encore. Je n'avais pas l'espoir que ce soit un cauchemar, la douleur à l'arrière de mon crâne me signalant bien qu'il s'agissait de la réalité et que je ne pouvais pas y échapper.
— Bien, je te laisse assimiler tout ça, me dit-il en se levant de sa chaise, je reviendrai plus tard.
Il fit à nouveau un bruit d'enfer en traînant la chaise sur le sol en retournant près des escaliers, mais s'arrêta devant ceux-ci et me lança, sans se retourner :
— Tu remercieras ton cher Min-Ki, c'est grâce à lui que tu es ici.
Il ricana avant de gravir les marches, me laissant avec l'information qu'il venait de me donner. Il savait que j'allais me torturer l'esprit après ces mots, il l'avait fait exprès. Il s'écoula, cinq, dix, quinze minutes avant que je ne craque, je fondis en larme et ma respiration devint chaotique à tel point que je fus prise de toux et je ne parvins pas à me calmer par la suite. Je faisais partie de ces gens qui pensaient que ce genre de choses, ce genre de situations cauchemardesques, n'arrivaient qu'aux autres et jamais à eux. À ce moment-là, je faisais partie de ces autres, j'étais l'autre de quelqu'un qui se pensait certainement intouchable quelque part dans le monde et qui aurait soit la chance de le rester, soit il deviendrait aussi l'autre de quelqu'un un jour ou l'autre. Je portai mes mains tremblante à mon visage maculé de larmes pour le dissimuler derrière et aussi étouffé le hurlement de désespoir qui remonta du fond de mes tripes pour ensuite raisonné dans cette pièce qui était ma prison.
***
Un bruit me fit péniblement ouvrir les yeux. Je m'étais endormie sans m'en rendre compte, les émotions et la fatigue d'avoir trop pleurer avaient prit le dessus et je m'étais effondrée. Me redressant mollement, je m'accrochai au barreau le plus proche alors que mon dos alla se poser contre d'autres. Le bruit que j'avais entendu, c'était la chaise que Tae-Oh avait à nouveau fait frotter bruyamment contre le sol de la cave, il la positionna près de ma cage, plus proche que la première fois, et je le vis avec un plateau dans les mains. Il n'avait, visiblement, pas l'intention de m'affamer, mais je n'avais pas faim, pas du tout. Je l'observai mélanger le bibimpap avec une cuillère avant de m'en tendre une bien chargée. Ma seule réaction fut de détourner la tête, lui signifiant ainsi que je refusais de m'alimenter.
— Kiele.
Le ton était autoritaire, mais ça ne me fit pas céder, je n'avais pas faim et je n'avais pas l'intention de manger, que cela lui plaise ou non. Je le vis finalement, du coin de l'oeil, éloigner la cuillère pour la remettre dans le petit récipient en fer et le poser par terre. Il ne se passa rien pendant quelques secondes avant que je ne sente sa main se refermer sur mon poignet avec force et me tirer brusquement vers lui. L'écart entre mon corps et les barreau étant faible le coin de mon front vint heurter une des barres en métal, m'arrachant un couinement de douleur. Sauf que Tae-Oh n'en resta pas là, il pressa brutalement mon avant-bras contre l'un des barreaux dans le sens contraire, je sentis un craquement et une vive douloureux remonta le long de mon bras, me tirant un petit cri de douleur.
— Si je te casse le bras, tu feras quel bruit ?
Je ne répondis pas, j'étais bien trop effrayée pour avoir même l'idée de lui répondre. Il le ferait et sans la moindre hésitation. Il n'aurait pas besoin de trop forcer, encore un peu et mon os céderait, son physique, pas spécialement baraqué, ne laissant pas penser qu'il puisse avoir autant de force. Sa main libre retourna s'emparer de la cuillère qu'il avait remis dans le bol un peu plus tôt pour me la tendre de nouveau. Cette fois, j'ouvris la bouche et le laissai y enfourner la cuillère, ce qui lui arracha une mine satisfaite. Il maintint encore sa prise sur moi pendant quelques minutes, le temps de me faire avaler plusieurs cuillères, puis, il me lâcha pour pouvoir récupérer le bol et ainsi continuer de me nourrir.
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𝙲𝚑𝚊𝚒𝚗𝚎𝚍 : 𝙼𝚘𝚗𝚜𝚝𝚎𝚛
RomanceKiele Vidal est une jeune femme de vingt-et-un ans passionnée par la Corée du Sud. Depuis quelques années, elle dialogue régulièrement avec une correspondante qui lui offre l'occasion de faire un séjour dans ce pays qui la fait tant rêver. Sans réfl...