➳ Chapitre 5-2

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Voilà trois jours que j'étais enfermée au sous-sol.

Il m'avait laissée là pour me punir. Comment je le savais ? Tout simplement parce que c'était évident et que quand il descendait, c'était seulement pour me donner à boire et vider le seau dans lequel je faisais mes besoin. Mais il ne m'avait pas adressé un seul mot, pas un seul regard, c'était comme si je n'étais pas là. Il ne m'avait même pas nourrie, même si cela ne me dérangeait pas vraiment, enfin c'était vrai pour les quarante-huit dernières heures, mais depuis que je m'étais réveillée, mon estomac gargouillait et se tordait à cause de la faim qui se faisait de plus en plus présente. Mon bras me faisait toujours mal, je n'avais pas touché bandage, même si celui-ci s'était desserré. Sans parler qu'il faisait toujours aussi frais et qu'il ne m'avait pas donné de couverture.

Des bruits de pas me parvinrent alors que je fixai le vide, mes muscles se bandèrent immédiatement et mes yeux glissèrent en direction des escaliers. Mon coeur fit un bon dans ma poitrine et mon souffle resta coincé dans mes poumons.

Min-Ki...

Je ne pouvais détacher mon regard de lui alors que mon coeur cognait douloureusement dans ma poitrine. Il semblait fatigué et mal à l'aise aussi. Il s'approcha lentement avant de venir s'asseoir devant ma prison. On se mira silencieusement, à plusieurs reprise il ouvrit la bouche pour parler, mais rien ne sortit. La stupeur qui s'était emparée de moi céda la place à la colère et alors qu'il ouvrait une énième fois la bouche. Je bondis vers l'avant et passai mon bras entre les barreaux pour m'emparer de son col et le tirer vers l'avant, le heurtant violemment contre les barreaux ce qui lui tira un couinement de stupeur et de douleur.

— Qu'est-ce que tu fous ici ?! Comment tu oses ?!

— Je m'inquiétais pour toi... , articula-t-il d'une petite voix.

Je plissai les yeux en entendant l'aberration qui venait de lui glisser entre les lèvres. La colère qui faisait bouillir mon sang se fit encore un peu plus vive et je le cognai une nouvelle fois contre les barreaux, cette fois, je le blessai à la lèvre inférieure, ses dents avaient entailler la chair suite au choc.

— Tu t'inquiétais ?! Mais tout ça c'est de ta faute, non en fait c'est celle de toute ta famille ! Vous m'avez vendues à un fou furieux, Min-Ki ! Et il y en a eu combien d'autres avant moi, hein ?!

— Je suis désolé... je te jure que je suis...

— J'en ai rien à foutre de tes excuses ! Je suis enfermée dans une cage, dans un sous-sol et vous vous êtes débarrassés de toutes traces de mon passage chez vous ! Tu crois que arriver ici et t'excuser va changer quelque chose à la situation, Min-Ki ?!

Je respirai fort et mon expression devait être assassine, contrairement à la sienne qui était terriblement désolée et remplie de tristesse. Tristesse qui ne tarda d'ailleurs pas à avoir raison de lui, sa bouche se mit à trembler et il éclata en sanglot. J'étais si en colère que je ne parvenais même pas à avoir de la peine de le voir ainsi, et pourtant il y avait toujours cette partie de moi – mise en sourdine à ce moment-là – qui vibrait pour lui alors qu'il m'avait trahie.

— Arrête de pleurer ! La seule qui devrait pleurer ici, c'est moi ! C'est moi qui suis enfermée ! C'est moi qu'il va tuer ! C'est MOI !

Le trop plein d'émotions me fit également venir les larmes alors que je continuai de secouer Min-Ki comme un vulgaire chiffon. J'allais mourir là et tout ça à cause de ce garçon qui avait pourtant réussi à me séduire en si peu de temps avec sa joie de vivre, son sourire, sa gentillesse et son innocence. Ou du moins, j'avais cru qu'il était gentil et innocent, peut-être l'avait-il vraiment été à un moment, mais il avait le sang d'innocentes sur les mains et bientôt il aurait le mien. Je relâchai ma prise sur son vêtement pour placer mes mains sur les barreaux et pleurai silencieusement en fixant le sol de ma petite prison. Je sentis les mains tremblantes et tiède de Min-Ki se poser sur les miennes, ce qui me crispa à nouveau.

— Je te jure que je ne voulais pas ça, me dit-il entre deux sanglots, j'ai essayé de convaincre Choon-Hee de ne pas faire ça...

Ça me fait une belle jambe !

— Mais elle n'a rien voulu entendre, je ne savais pas quoi faire... je...

— Et tu n'as pas songé à me prévenir ?! Je te faisais confiance, je prenais ta défense, je... je...

Je t'aimais... et je t'aime toujours...

Je détestais mon coeur de continuer à ressentir cela pour lui. Je voulais juste ressentir de la haine, au moins avec ça, je ne souffrirai pas autant de l'avoir là devant moi. Et aussi, il n'aurait jamais dû venir, sa simple présence était un poison pour moi.

— Je ne te laisserai pas mourir...

— Laisse-moi rire, tu as peur de Tae-Oh autant que j'en ai peur, tu ne vas rien faire du tout...

— J'ai gardé ton portable et tes papiers, me murmura-t-il.

J'écarquillai légèrement les yeux en entendant cela. Je redressai la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux.

— Pourquoi t'as pas été voir la police alors ?! C'est des preuves !

— Je peux pas aller voir la police...

— Te fous pas de moi, bien sûr que tu peux ! Sois pas lâche ! Et si c'est la peur d'aller en prison qui te bloque, ce n'est qu'un juste retour pour ce que vous avez fait ! En plus, si tu coopères, ta peine sera réduire, alors va voir la police, Min-Ki !

Il baissa la tête et la secoua négativement. Je compris alors que le maigre espoir que j'avais de réellement m'en sortir s'enfuyait avec le courage de Min-Ki. L'étincelle d'espoir qu'il avait allumé en moi mourut alors que la rage reprit le dessus.

— Vas-t-en...

— Kiele, s'il te plait...

— VAS-T-EN !

Je donnai un violent coup avec ma paume dans le barreau que j'agrippai un peu plus tôt, faisant tressaillir Min-Ki qui me lança un regard désespéré, tout ce qu'il obtint se fut un cracha en plein visage. Je ne voulais plus le voir, sa présence m'était définitivement insupportable. Je vis de nouvelles larmes rouler sur ses joues alors qu'il détourna la tête avant de se redresser pour traîner les pieds jusqu'à l'escalier et remonter. Quand je fus à nouveau seule, je hurlai à m'en rompre les cordes vocales, alors qu'une nouvelle crise de larmes incontrôlable s'empara de moi. J'avais naïvement cru que cette situation ne pouvait pas être pire qu'elle ne l'était, je m'étais trompée, parce que si jusque là j'avais eu peur, après cette visite, la seule chose qui composait mes pensées, c'était un total désespoir et l'attente de ma mort prochaine.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 12, 2021 ⏰

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𝙲𝚑𝚊𝚒𝚗𝚎𝚍 : 𝙼𝚘𝚗𝚜𝚝𝚎𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant