❥ Jour 10: Bonheur

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Brume étincelant d'une délicate couleur dorée délavée. Nuages sirupeux, épais et si lourds qu'ils semblaient prêts à déverser toute leur joie accumulée depuis des années sur un monde réclamant la gaieté suprême. Atmosphère apaisante, confortable, ou tous les péchés de l'homme se volatilisaient tels de vulgaires poussières rabats-joie. Mais à quoi Hansi Zoe pouvait-elle donc rêver, enveloppée d'un doux sommeil aussi léger qu'une plume ? Peut-être bien était-ce là la description même du bonheur dénué de tout froufrou inutile. Oui, peut-être bien que le bonheur dans toute sa puissance régnait sur ce rêve, cette illusion. Le problème, c'était simplement que la place à ce sentiment des plus euphoriques se trouvait aux côtés de la réalité. Et non d'un vulgaire rêve.

Ce furent les éclats céruléens d'un extérieur trop clair qui vinrent réveiller la silhouette endormie de la binoclarde. Ouvrant des paupières encore lourdes, ses yeux hésitants avisèrent rapidement le corps assoupi de Rivaille Ackerman à ses côtés. Le visage dans ses courts cheveux bruns emmêlés. Les coins de ses lèvres retroussés en un infime sourire. Les bras autour de sa taille à elle, l'étreignant doucement, délicatement, dans un geste bienveillant. Hansi n'avait jamais vu le caporal aussi... détendu. Affectif. Serein. Et cela la rendait réellement heureuse de savoir que c'était elle, oui, elle, et seulement elle, qui avait un impact aussi puissant sur ce soldat blessé par un cruel passé.

Cependant, le temps n'était pas à rêvasser. Non, voilà maintenant 5 jours que la paperasse concernant les expériences titanesques sommeillait sur le bureau de Hansi Zoe. Et si elle ne commençait pas à remplir le tout dans les prochaines minutes, il était hautement probable qu'Erwin lui interdisse d'amorcer le projet. La binoclarde rêvait de ce moment depuis si longtemps. Alors, hors de question de perdre son temps ici. Même si son corps entier lui ordonnait de rester pressée contre la silhouette rassurante de l'homme qu'elle aimait de tout son coeur.

Dans un geste prudent, la scientifique souleva silencieusement la couverture, soucieuse de ne point réveiller le caporal de son paisible sommeil. Elle foula un sol glacial de ses pieds nus sans le moindre bruit, et enfila ses bottes, ne pouvant s'empêcher de jeter un coup d'oeil indulgent en direction de la silhouette de Rivaille. Ses joues rosirent alors, et elle secoua la tête, son coeur s'accélérant dans sa poitrine. Oui, quoi qu'elle essayerait de se faire croire, elle était amoureuse de tout son être. Et elle devait s'avouer que c'était bien agréable, comme sensation. Affichant un léger sourire béat, Hansi entrebâillât la porte du bureau, les pensées en ébullition. Sauf qu'alors qu'elle se glissait de l'autre côté précautionneusement, il lui sembla entendre le dormeur murmurer, comme dans un rêve, un mot, une phrase.

« M'abandonne pas... Pas comme tous les autres, merde. »

Et le coeur de Hansi chancela. Oui, car elle savait à présent ce que ce soldat avait dû endurer de terrible, d'effroyable, avant de devenir caporal-chef. Et, même si elle souhaitait le contraire, elle ne pouvait malheureusement lui promettre qu'elle n'allait pas mourir. Non, pour la simple et bonne raison qu'elle aussi, elle était humaine. Sentant un élan d'émotion remonté dans sa gorge, Hansi revint sur ses pas, et, doucement, appuya ses lèvres en un tendre baiser sur le front de son amant. Peut-être qu'elle n'allait pas survivre, mais, une chose était certaine. Elle allait veiller sur lui aussi longtemps que la vie lui permettrait de respirer. Elle s'en faisait la promesse.

...

Plume aussi délicate que les cheveux noir de jais du caporal. Encre aussi noire que ses doux cernes. Pile de papiers aussi rugueux que ses lèvres bouillantes. Oui, Hansi Zoe avait du travail. Énormément. Sauf qu'il était impossible de se concentrer. Non, car sans cesse, ses pensées tournaient autour d'un seul homme. Rivaille Ackerman.

« Non. » [𝐀 𝐋𝐞𝐯𝐢𝐡𝐚𝐧 𝐒𝐭𝐨𝐫𝐲]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant