Le Chat de Nabeshima

Chapitre 6

 Ils en étaient venus à une conclusion. La plus âgée et sage des Dupain-Cheng allait recevoir une interrogation musclée de la part de sa fille. C'est pourquoi elle se retrouvait face à sa mère qui éminçait des escalopes de dinde. Avec un grand couteau. Et un regard surpris.

_ Tu veux savoir quoi ?

Sabine posa son couteau, observant les deux adolescents qui lui faisait face. Adrien avait le visage impassible, digne des statues grecques, sauvage, droit et fier. Il attendait la suite, jetant des oeillades à sa coéquipière gênée qui passait par milles et un chemin pour aller à l'essentiel.

_ Je voulais savoir si de ton côté, Cheng, quelles étaient nos origines, si elles étaient... atypiques ?

La mère soupira, elle fixa de nouveaux les adolescents puis son mari et souffla de nouveau en reprenant son couteau et sa dinde.

_ Ce n'est donc pas évident ? Marinette nous avons des origines chinoises, des pays asiatiques avec d'anciens métissages japonais, mais très lointain. Pourquoi me demandes-tu ça ? Tu fais encore un exposé sur notre famille ?

Marinette acquiesça, se dandinant face au malaise. Mais comment demander à sa mère si ils étaient des surnaturelles, car trouver des cadavres accidentellement plusieurs fois par mois c'était surement pas humain, ou alors une malchance douteuse presque paranormal. Adrien résolut la question, il souriait gentiment et s'exclama avec une grande honnêteté. Il avait reconnu une odeur.

_ Je m'excuse Sabine, mais sa question est plutôt si vous avez des origines... comme les miennes.

Ses pupilles se rétractèrent en deux fentes noires. Il se tassa sur lui-même, sûr de lui mais étrangement paniqué de la réaction de la mère de son amie.

Sabine resta de marbre, en un instant, elle siffla entre ses dents, un grognement bestial y sortit. Tom prit les mains de sa femme, récupéra le couteau et l'éloigna de son épouse. Le regard angoissé du patriarche effraya les deux lycéens. Ça sentait le roussie. Sabine prit son thé et le posa dans l'évier avec une grande délicatesse, faisant des exercices de respirations.

_ Nous devons parler effectivement, mais pas avec cette boule de poil dans MA maison. Je n'accepterais jamais un descendant de Fu dans ma demeure.

Sa langue claqua contre son palet avec agacement, sa voix était sèche et coupait court à toutes formes d'opposition à son égard. Tant de déceptions trônait dans son regard devenu assassin. Adrien baissa les yeux instinctivement, mal à l'aise, il tenta un peu d'humour, trop anxieux pour tenter autre chose de plus combatif.

_ Fu comme dans Maître Fu ? Le vieux qui m'a égorgé dans la rue y a un an ? Je ne savais pas que vous et lui... C'était si tendu.... je ne savais pas Madame Cheng, je ne voulais pas vous importuner.

Il se confondait en excuse, baragouinait des pardons par-ci par-là, jamais il irait faché une sainte et une sage comme Sabine. Mais rien que la présence des deux hérissait le poil de l'un et l'autre.

_ Maman, Adrien reste. Tu l'aimes pas, ok très bien, mais en attendant il a sauvé TA fille une dizaine de fois. Tout ça car je trouvais des cadavres alors explique nous, nous sommes là pour ça, c'est un talent inné chez nous ou y a autre chose derrière ?

Stressé, il voulait se terrer dans un trou de lapin, fuir à toute jambe la fureur de cette mère. Cette dernière souffla de colère pris au dépourvus des arguments de sa fille. Elle prit son mari et se retourna vers sa fille et son ami en les fusillant du regard.

_ Je prépare le thé, asseyez-vous.

Marinette embarqua Adrien en souriant, elle avait gagné une manche et elle en était plus qu'heureuse. À contrario, le blond s'était assis avec crainte, il se maudissait d'avoir engagé une rencontre foireuse, il pensait aller droit au but impulsivement, il était aussi novice que Marinette en la matière, il était un changé pas un naquit, qui l'aurait cru qu'il aurait dû montrer son innocence dès le début ?