Alone

22.

PARTIE 2: mauvaise tournure

— Cible 439-B64 éliminée. Retour au processus du départ.

C'est donc elle. Cette fameuse monitrice.

Cette usine différait de l'autre d'où je venais. Déjà parce que j'avais une toute autre vue de l'endroit.

J'étais à ce moment-là au plafond, car la trappe emmenait tout droit au genre de barreaux métalliques qui formaient une sorte de cage si on le voyait d'en bas.

C'était déjà la première différence; le plafond était formé de cette grille de métal qui cachait les arbalètes automatisées et toutes les autres armes suspendues en haut. Je me demandais comment Smarty avait réussi à toutes les apercevoir.

Elle a sûrement du faire un tas de missions pour y parvenir.

Heureusement pour moi, je ne craignais les hauteurs; au contraire, je parvenais à dissimuler ma peur quand je me retrouvai sur un des barreaux.

— Nous devons faire vite, me murmura Angel juste devant moi.

J'essayais tant bien que mal de chercher les autres survivants, mais les barreaux étaient tellement proches l'un de l'autre que c'était dur de voir au loin.

Par contre, je voyais très bien le bas. Ces pauvres gens qui marchaient dans l'ombre de leurs soucis. Et avec cette monitrice, j'ai bien pu constaté que quelqu'un venait d'être tué.

Tch. Ces sans-cœur!

Nous continuâmes à marcher rapidement et prudemment jusqu'à la salle de contrôle...

— Euh, Angel?, l'interpellai-je en s'approchant d'elle. Elle est où cette salle?

Elle me sourit en me pointa vers... le bas.

Hein, mais c'est directement vers le champ de vision de la monitrice!

— Tu pensais vraiment que la monitrice était une simple voix robotisée dans un haut-parleur?

Franchement, oui.

Mais, si mon ouïe ne me mentait pas, la voix ne semblait pas venir du haut de l'usine. Lorsque ma conscience était revenue, dans l'usine d'où je venais, j'avais tellement peur que je n'essayais pas de localiser le son.

Peut-être qu'en allant en bas, je pourrais tirer des conclusions. Je ne veux pas parler trop vite.

— Alors la monitrice serait en réalité un interphone doté d'une caméra, n'est-ce pas?

Angel se retourna avec surprise.

— Wow, je pense que c'était une bonne idée à Valiant de te ramener en mission, en effet.

La ferme, ce mec n'a rien fait d'utile.

Donc s'il s'agissait d'un interphone...

Angel descendit à deux barreaux plus bas et je la suivis. C'était bientôt le moment de se rendre en bas.

— Smarty, je me retrouve à 10 mètres au-dessus, dit la petite blonde dans l'appareil blanc. Donne moi les coordonnés de la salle de contrôle.

Coin de l'usine, 15 mètres plus haut, au même moment

SMARTY

— Reçu!

Je lui dis l'emplacement avec précision de la salle de contrôle.

Nous nous trouvâmes juste au-dessus de l'arbalète, qui était l'endroit prévu. J'attendais que tout le monde se positionnait pour que nous puissions débuter la destruction de cette foutue opération.

— Arty, arrête de faire le singe et va te placer!

Arty était les jambes dans le vide en train de se balancer sur les barreaux de métal. J'avais tellement envie de le pousser, mais je m'abstenus, car la hauteur à laquelle nous étions pouvait lui causer une chute mortelle.

Je voyais vaguement les silhouettes de Angel et Luana devenir de plus en plus floues et petites. Elles y étaient presque.

Courage Luana!

10 minutes plus tard, au centre de l'usine, 20 mètres plus haut

DIANE

Tsk. Elles prennent trop de temps. Qu'est-ce qu'elles foutent à la fin?!

— Chef, des nouvelles des autres?

Il essayait désespérément de contacter Smarty qui semblait elle aussi en contact avec les filles.

— Si elles ne s'activent pas, on va devoir détruire cette monitrice et ignorer les consignes.

Oui, logiquement c'est faisable.

Mais les armes risqueraient de s'enclencher et de tuer tous les humains de cette usine, y compris nous.

Il fallait commencer par éteindre toutes les caméras et pour ça, il fallait se rendre au centre de contrôles.

— Oh, Smarty, dit Valiant dans l'écouteur, quoi?! T'es sérieuse?!

Valiant qui était d'habitude de nature calme et composé, devint tout d'un coup énervé.

Si c'est à cause de cette Luana, je lui donnerais trois cents pompes sans arrêt quand on reviendra au campement!

— Tsk, on change le plan, Diane.

— Ne me dit pas que cette fille a eu trop peur pour poursuivre, hein??

— Non..., son visage s'assombrit et ses yeux bleu clair s'agrandirent de haine. Bien pire.

Oh non. Lorsque Valiant se trouvait dans cet état là, que je n'avais vu qu'une seule fois depuis notre rencontre, ça ne devait être qu'une seule chose.

Il détacha son fusil.

— Je pars au souterrain.

Centre de contrôle des caméras, souterrain de l'usine, cinq minutes plus tôt

ANGEL

— C'est ici.

Luana avait l'air à la fois émerveillée et à la fois effrayée.

L'usine contenait un sous-sol dédié aux caméras qui jouait un rôle fondamental dans l'opération.

D'habitude je m'en occupe seule, mais ça fait du bien d'être accompagnée de quelqu'un.

C'était une immense salle sans lumière qui avait un grand mur juste pour afficher les différentes parties de l'endroit. Grâce à ces images, on pouvait aussi bien voir si des caméras cachées pouvaient nous apercevoir.

Pendant que j'inscrivais le code sur le grand clavier pour éteindre les caméras, Luana observait les lieux.

— Angel, ou en es-tu?

— Presque Smarty, dans une minute j'aurais...hé!

Soudainement, Luana m'entraîna vers un meuble et me força à me mettre en dessous sans explication. Je sentais ses mains tremblantes pendant qu'elle m'emmenait au fond de la salle.

Je me blottis sous le meuble avec Luana, déconcertée.

Pendant ce temps, Smarty essaya désespérément de me joindre.

— Luana qu'est-ce qui se...

Elle mit sa main contre ma bouche.

Et c'est à ce moment que j'ai entendu des voix inconnues qui s'approchaient du centre de contrôle.

Comment Luana a-t-elle pu entendre les voix qui venaient d'un souterrain vaste et sans écho?

— Smarty, chuchotai-je. Je crois bien que nous avons un imprévu...