25 jours pour le séduire

12 décembre: il pleut dans mon cœur

 Il avait donc recommencé. Bon sang mais qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Lorsqu'on lui avait annoncé son défi quelques jours plus tôt, il s'était indigné et avait presque refusé le challenge et désormais, la situation avait pris une toute autre tournure. Il était attiré par Benjamin. Plus que ça : il avait constamment envie de le toucher, de passer du temps avec lui, de caresser sa peau et de poser ses lèvres sur les siennes. Il l'aimait. Il l'aimait plus qu'il n'aurait dû et cette affirmation le frappa si brusquement qu'il dut s'agripper aux parois de la douche pour ne pas chuter et qu'il se laissa glisser mollement sur le sol, résigné.

Il était amoureux. Et ce n'était pas un caprice, pas un sentiment éphémère qui s'envolerait au bout de quelques jours. Il se sentait différent, heureux et perdu à la fois, incapable de savoir comment réagir à cette révélation.

Le défi n'avait plus le même goût, plus la même saveur. Ce n'était plus un défi. C'était devenu réel. Il s'était doucement laissé prendre au jeu et il réalisait désormais qu'il devait aimer Benjamin depuis plus longtemps qu'il n'arrivait à l'admettre.

Assis dans la douche, trempé de la racine des cheveux aux orteils, Pierre se prit le visage entre les mains et poussa un soupir désespéré. Une nouvelle fois, il avait réussi à faire fuir son ami alors qu'il venait de s'ouvrir à lui. Le brun l'avait laissé voir une partie de son passé qu'il n'avait jamais révélé à personne et il était parti.

Pierre eut la nausée en imaginant Benjamin rentrer chez lui seul, dans le silence de son appartement. C'était de sa faute. Décidément, il faisait tout de travers et il avait blessé son ami à cause d'une vidéo stupide qu'ils ne posteraient jamais. Il n'avait bien évidemment pas pensé aux conséquences de ses actes, il avait voulu pousser Benjamin dans ses retranchements et partager un moment avec lui par pur égoïsme et il s'en mordait les doigts.

Fatigué, dépité et dépourvu de toute énergie, Pierre se releva silencieusement, attrapa sa veste et quitta Maison Grise sans un regard en arrière.

oOo

Enfoncé au fond de son lit, Benjamin relisait inlassablement les messages qu'il avait reçu deux jours plus tôt, en provenance de Kate. Il soupira et laissa son bras retomber sur son visage.

"Qu'on soit bien clairs, Pierre se fout de ta gueule. Tu crois vraiment qu'il peut aimer quelqu'un comme toi?"

"Tu te rendras vite compte que c'était un jeu depuis le début, tu es un divertissement pour lui."

"Ce n'est qu'une affaire de temps avant que Pierre ne revienne vers moi. Il ne va pas gâcher 10 ans de relation pour un mec comme toi."

"En parlant de mec, Pierre est hétéro. A moins que tu aies un vagin entre les jambes et une poitrine, tu es hors concours."

"Laisse-tomber parce que tu risques de t'en mordre les doigts."

Au bout du rouleau, Benjamin ne savait plus quoi faire. Il commençait à douter de tout, y compris de lui-même. Les messages de Kate l'avaient blessé au plus haut point. Il devait déjà gérer ses émotions, la situation pour le moins inhabituelle avec Pierre et la jalousie de son ex petite-amie. Et si elle avait raison ?

Et si tout n'avait été qu'un jeu depuis le début ?

oOo

Une nouvelle fois, la journée commença dans une ambiance maussade. Le ciel était gris, la nature était plongée dans le silence et à en voir le ciel, la pluie allait bientôt s'abattre sur Paris. Comme quoi, il n'y avait pas que dans les films que le temps s'alignait avec l'humeur des protagonistes de l'histoire.