25 jours pour le séduire

14 décembre: je me noie en pensant à toi

 Pierre se retrouvait seul et complètement perdu. Il ne s'était définitivement pas attendu à une telle réaction de la part de Benjamin. Son monde avait volé en éclats en une fraction de secondes, laissant les morceaux de son cœur s'éparpiller et disparaître dans le vent glacial de cette nuit parisienne. Déambulant dans les rues sans trop savoir où aller, ses pas le conduisirent devant un pub bruyant et empli de monde.

Ayant définitivement besoin de noyer son chagrin dans l'alcool, il poussa la porte de l'édifice et pénétra à l'intérieur. Un groupe de rock était en train de jouer sur scène et la piste de danse avait été prise d'assaut par des dizaines de personnes éméchées qui se déhanchaient frénétiquement, un verre à la main.

D'un pas lourd quoi que décidé, Pierre se dirigea vers le bar et commanda un verre de whisky qu'il but d'un trait. Il s'assit à une place vacante et commanda un second verre. Puis un troisième ainsi qu'un quatrième. Les verres s'enchaînaient, le blond se sentait de plus en plus léger et à mesure que le temps passait, le pub se vidait.

Quelques heures plus tard, Pierre tanguait sur son tabouret et avait l'impression de se trouver sur un bateau pris au milieu d'une tempête. Son bras accoudé au bar glissa et il se rattrapa avant de tomber au sol. Le barman leva les yeux vers lui un bref instant, il parut autant désespéré qu'empathique.

— Monsieur, on va fermer, il va falloir partir, le prévint-il en posant la note de sa consommation devant lui.

— Un dernier verre, balbutia Pierre, les yeux mi-clos.

— Je suis désolé d'insister mais vous êtes le dernier client et je pense que vous avez atteint votre quota d'alcool pour la soirée.

Le ton du barman se voulait bienveillant et ferme à la fois. Inhibé par l'alcool qui coulait dans ses veines, Pierre peinait à comprendre ce qu'on attendait de lui. Il voulait boire, boire jusqu'à s'endormir pour oublier les pensées harassantes qui se frayaient un passage dans son esprit. Il eut soudain envie de pleurer et il se décida à se lever du tabouret sur lequel il était assis. Il tituba et se maintint debout en s'accrochant au bar. Il paya l'addition d'un mouvement peu certain et le barman le regarda s'éloigner et disparaître dans la rue.

oOo

Pierre marcha sur quelques mètres avant de se rendre compte qu'il n'allait pas pouvoir aller plus loin. Il trébuchait à chaque pas et faillit s'écraser au sol à de nombreuses reprises. Il prit appui sur un mur et se laissa glisser au sol. Sa tête tournait, il avait l'impression qu'un marteau lui martelait le crâne et plus que tout, il se sentait misérable.

Il se prit la tête entre les mains et laissa enfin couler les larmes qu'il avait retenu tout au long de la soirée. Avec les effets de l'alcool qui s'ajoutaient à son état d'esprit pitoyable, ses émotions étaient décuplées. Il sentit son souffle s'accélérer et son cœur tambouriner dans ses oreilles et il comprit qu'il était sur le point de subir une crise de panique.

Existait-il pire journée que celle-ci?

Il sortit tant bien que mal son téléphone de sa poche et s'y prit à plusieurs fois pour le déverrouiller. Il n'eut pas besoin de réfléchir bien longtemps pour décider de la personne qu'il allait appeler.

Benjamin.

Pas de réponse. Il y eut plusieurs sonneries avant que Pierre ne tombe sur le répondeur de son ami. Il retenta sa chance une nouvelle fois mais ne fut pas plus chanceux.

Qu'avait-il espéré? Benjamin ne l'aimait pas. Il ne l'aimait pas comme lui l'aimait. Et ça faisait un mal de chien. Ça faisait mal comme rien ne lui avait fait mal auparavant et Pierre se sentait nauséeux rien que de penser à ce fait. Il avait été si stupide de croire que ses sentiments pour le brun étaient réciproques. Il s'était fourvoyé et en beauté. Persuadé qu'il était que Benjamin l'aimait, il n'avait pas réfléchi avant de lui déclarer son amour et désormais il se retrouvait seul, dans cette misérable ruelle sombre à se morfondre.