25 jours pour le séduire

16 décembre: la trahison

 Le 16 décembre. Déjà 16 jours que tout avait commencé et que la vie de Pierre avait été complètement chamboulée. Il était assez surprenant de se dire que tant de choses pouvaient changer en un aussi court laps de temps. Seize jours. Seize jours depuis que le défi avait commencé et que Fred lui avait annoncé qu'il allait devoir passer son mois de décembre à séduire Benjamin.

Un beau fiasco. Il avait non seulement complètement raté le défi mais le pire dans tout ça était qu'il avait réussi à se faire détester de Benjamin. Naïf et ignorant qu'il était, il ne s'était même pas rendu compte des sentiments qu'il éprouvait pour le brun avant ce challenge stupide qui avait conduit à leur "rupture" amicale.

C'était douloureux. Terriblement douloureux. Pierre avait l'impression qu'un couteau s'enfonçait centimètre par centimètre dans sa cache thoracique dès qu'il posait les yeux sur son ami. Pouvait-il encore le qualifier d'ami? Peut-être que le terme "collègue" allait réellement être de mise. Il ignorait s'ils pouvaient revenir en arrière mais au fond de lui, il était persuadé que quelque chose s'était définitivement brisé entre eux et qu'il aurait beau essayer de toutes ses forces, jamais il ne pourrait réparer ce qu'ils avaient perdu.

Quand il rentra dans l'appartement qui fut jadis le cocon d'amour qu'il partageait avec Kate, il fut assailli de souvenirs de Benjamin. C'était comme s'il devait faire un deuil. Il essayait de se convaincre que tout était perdu et qu'il devait mettre ses sentiments de côté, les oublier pour avancer, mais il s'en sentait incapable. Il était si simple de tomber amoureux. Un regard, un sourire, un effleurement sur une parcelle de peau. Il était au contraire impossible de s'empêcher d'aimer.

Plus que jamais, Pierre comprit enfin pourquoi on lui avait répété tant de fois qu'on ne choisissait pas de qui l'on tombait amoureux. C'était la définition même de l'expression "tomber amoureux". On tombait. Et la chute pouvait être extrêmement douloureuse.

— Pierre ! Enfin tu rentres, le salua Kate avec son sourire habituel.

Le blond soupira et prit une inspiration pour se donner du courage. Visiblement, Kate n'avait toujours pas compris que c'était fini entre eux et qu'il n'y avait rien qu'elle puisse dire ou faire qui pourrait le faire changer d'avis.

— On doit faire les papiers pour la vente de l'appartement, répondit-il en fermant la porte derrière lui.

Le regard de son ex petite amie s'obscurcit et elle pinça les lèvres.

— On sait tous les deux que tu prends une décision hâtive et que tu vas revenir dessus dans quelques jours. Benjamin a bien réussi à te retourner le cerveau, fais-moi penser à le féliciter.

— Ne le mêle pas à ça. Il n'a rien fait et c'est ma décision. A moi seul. Je ne t'aime plus, Kate. Je t'ai aimé, énormément, pendant de longues années. Mais maintenant ce n'est plus le cas. On se détruirait mutuellement si on restait ensemble. Je sais que c'est difficile mais il faut que tu l'acceptes et que tu me laisses partir.

Pierre posa une main réconfortante sur le bras de Kate et partit s'asseoir sur le canapé, étalant devant lui les papiers administratifs qu'ils allaient devoir remplir pour la vente.

La blonde ne tarda pas à le rejoindre. Son visage afficha un air furieux pendant un court moment avant qu'un sourire hypocrite ne vienne remplacer sa colère.

— Pierre...

Kate prit un air contrit et posa sa main sur la cuisse de son ex petit ami.

— Il faut que je te dise quelque chose.

Il leva les yeux des papiers qu'il était en train de feuilleter pour la regarder. Il l'invita à continuer, intrigué par son comportement.

— Ça ne va pas te faire plaisir mais je ne peux pas garder ça pour moi. Tu sais bien que je suis trop honnête pour te cacher quoi que ce soit et je n'en peux plus de garder ce secret. Promets-moi de ne pas t'énerver.