25 jours pour le séduire

21 décembre : suis moi je te fuis

La première réaction de Pierre fut d'entourer Ben de ses bras dans une étreinte protectrice, en espérant conserver l'espace de quelques secondes la quiétude dans laquelle ils baignaient avant que le téléphone du brun ne sonne. Ce dernier se dégagea pour commencer à tourner dans son appartement tel un lion en cage. Le blond ne l'avait jamais vu comme ça. Lui qui était toujours si calme habituellement. Au bout d'un moment, il en eut assez ; il faut dire qu'il commençait à lui donner le tournis. Alors, il se leva, le saisit doucement par les épaules et le fit s'asseoir.

- Ben... commença-t-il.

- Quoi ? Je sais ce que tu vas me dire Pierre. Que je dois me calmer, que la vidéo va finir par être enlevée mais tu sais très bien que d'ici là, elle se sera répandue comme une poignée de poudre. Rien ne disparaît jamais vraiment sur Internet. Comment est-ce que je vais pouvoir continuer à faire des vidéos après ça ? Comment je vais même pouvoir continuer à vivre comme je l'ai toujours fait après ça ? Un pan entier de ma vie privée vient d'être diffusé aux yeux de tous, un pan de la tienne aussi : on te voit m'embrasser après tout...

- Et alors ? Si c'était à refaire, je le referais sans hésiter. Tu n'es pas seul dans cette situation, Ben. Je te soutiendrai comme je l'ai toujours fait, Maison Grise aussi. Il y a un tas de gens qui t'aiment et le fait qu'une vidéo révèle des choses intimes sur toi n'y changera rien.

Puis, Pierre lui caressa la joue et s'approcha pour l'embrasser. Benjamin esquiva d'un mouvement et le baiser atterrit sur sa joue. 

- Je suis désolé Pierre, mais je préfère que tu t'en ailles.

Il évitait de le regarder en disant cela et Pierre se sentit blessé et las. Il pensait réellement qu'ils étaient repartis sur de nouvelles bases, qu'ils avaient commencé à fonder quelque chose, mais force lui était de constater que le brun avait toujours le réflexe de le repousser dès qu'un problème se présentait. Il était fatigué par tout cela lui aussi, alors il obtempéra en silence. On put seulement percevoir dans la manière dont il referma la porte, un agacement qu'il tentait de maîtriser.

oOo

Il se rendit donc à l'hôtel puisque Kate occupait toujours leur appartement et qu'il n'avait absolument pas envie de la croiser, surtout après ce qu'il venait de se passer. Une fois arrivé dans la chambre qui lui avait été attribué, il se laissa tomber sur le lit, épuisé et il sortit son téléphone.

Pas de nouvelles de Ben...

Il hésita à l'appeler ou à lui envoyer un message, mais il se souvient qu'il lui avait explicitement demandé de partir, alors il se ravisa. A la place, il chercha sur internet la vidéo dont tout était parti. Effectivement, elle avait déjà commencé à se répandre puisqu'en plus de se trouver sur YouTube, elle avait été partagée sur d'autres réseaux comme Instagram ou Twitter. La magie d'internet... La magie qui se transforme en cauchemar.

Sans trop y prêter attention, son doigt glissa sur l'icône de lancement de la vidéo et il entendit sa voix s'adresser à Benjamin. Il venait de rentrer dans la douche et son corps frôla celui de l'autre homme lorsqu'il s'approcha pour régler la température. Ils étaient tous deux trempés et rougissant, ne sachant trop comment agir alors qu'ils étaient aussi proches l'un de l'autre. Chaque sensation qu'il avait ressenti à cet instant précis lui revinrent en mémoire et il sourit, se délectant de la vision de leurs deux corps trempés avec quelques maigres centimètres les séparant.

Puis tout vira au cauchemar lorsqu'il lui posa la question fatidique. Il perdit son sourire instantanément en réécoutant Benjamin se livrer sur sa dernière relation et la trahison qu'il avait subi lorsqu'il avait trouvé sa copine dans leur chambre, en train de coucher avec son meilleur ami. Benjamin pleurait et Pierre essayait de le réconforter. Puis les choses dérapèrent rapidement et il se vit se jeter sur les lèvres du brun et glisser ses mains tremblantes sous son t-shirt. Le baiser était bestial, leurs mouvements incertains, mais l'amour qui transpirait d'eux ne serait invisible pour personne.