Chapitre IV : Le monothéisme chrétien : Jésus de Nazareth

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2)Les origines et la naissance de Jésus

Les évangélistes font naître Jésus d'une jeune femme vierge. La Prophétie d'Isaïe relative à la venue d'un mashiah évoque une nubile :

« Aussi Adonaï, lui, vous donnera un signe. Voici, la nubile sera grosse ;elle enfantera un fils. Elle criera son nom : ‹ Imanou-Él Él-avec-nous. Il mangera du beurre et du miel, pour qu'il sache rejeter le mal et choisir le bien. ».

Emmanuel signifierait« Dieu est avec nous » nous constaterons à nouveau que cette signification est fausse. Or la version grecque dite de la Septante serait à l'origine d'une méprise due à une erreur de transcription du texte d'Isaïe, traduisant à tort jeune femme Almah par vierge. Chouraqui utilise bien quant à lui le terme de nubile signifiant jeune fille c'est-à-dire jeune célibataire. Cependant Matthieu et Luc font clairement mention de la virginité corporelle de Marie sans la moindre ambiguïté ajoutant intentionnellement cette caractéristique. Nous verrons ultérieurement plus en détail les dessous cachés de cet artifice.

La virginité d'une femme enceinte est difficilement concevable même si on croit en la possibilité de faits surnaturels. Il faudrait plutôt entendre cette chasteté sur un plan spirituel comme une pureté de cœur et d'esprit. Je renvoie aux nombreux écrits du théosophe Jacob Böhme dans lesquels la Vierge Sophia (Jungfrau) ou Sagesse est assimilée au principe féminin de Dieu, elle s'apparente à la Shekinah de la kabbale juive. Marie serait la seule et unique femme à incarner cette Sagesse divine symbolisant la dimension féminine de la divinité. Quoi qu'il en soit les évangélistes mentionnent la conception de Jésus comme un miracle pour diverses raisons dont la première consiste à le glorifier tel le roi Sargon enfanté selon la légende par une vestale à savoir une femme chaste, une initiée et notamment par l'emploi des procédés littéraires ancestraux usuels. L'objectif des évangélistes consistant à faire coïncider la naissance de Jésus avec la prophétie d'Isaïe et de le distinguer ainsi des autres humains en tant que mashiah annoncé par les prophètes, mais pas uniquement. Dans la tradition égyptienne nous l'avons vu, le pharaon est supposé être le fils du dieu Ra. Une inscription en l'honneur de Ramses II datée de l'an I, évoque sa filiation divine, dénigrant de ce fait son ascendance biologique :

« C'est de Rê que je suis issu, bien que vous puissiez dire : "c'est Men-maat-Rê ( = Sethi Ier, son père ) qui a été mon père nourricier. »

On retrouve exactement cette même idée de filiation divine quant aux origines de Jésus et à propos du rôle de son père biologique Joseph réduit à la seule fonction nourricière. L'emprunt ne laisse planer aucun doute.

(...)

4)Jésus l'essénien

La thèse peu connue du grand public qui voit en Jésus un essénien permet de résoudre des énigmes non révélées publiquement à ce jour.

Cette fraternité religieuse est la troisième en vigueur avec les pharisiens et les sadducéens. Une quantité d'éléments factuels et de multiples indices laissent transparaître la parenté du rabbi avec cette secte de religieux particulièrement pieux, voire qu'il fut initié par eux. Il est difficile de trouver l'origine de ce terme d'essénien jamais mentionné dans les textes de l'époque. Il proviendrait probablement du terme araméen « hasaya » signifiant « les dévots ». Eusèbe de Césarée (en 300 après J.C) dans son ouvrage intitulé Préparation Évangélique rapporte à ce sujet des propos de Flavius Josèphe qui avoue les avoir fréquentés. Ces fraternités sont identifiées entre -300 et+ 60 en terre sainte, mais également en Grèce, en Syrie et en Égypte.

Il y a lieu de penser que la doctrine essénienne et leur mode de vie soient en partie un retour aux sources au mosaïsme, agrémenté de connaissances philosophiques et ésotériques empruntées aux civilisations et pays voisins principalement les grecs, dont la religion d'État s'est écartée. Les échanges culturels étaient importants à cette époque dans cette partie du globe. De plus l'initiation essénienne comportait des études à caractère intellectuel, ils s'instruisaient beaucoup étudiant les mathématiques, la gématria (étude numérologique de la Thora),l'astronomie/astrologie, la philosophie. Les esséniens étaient d'ailleurs assimilés à des philosophes mus par un idéal de justice et de sagesse comme cela se reflète dans la vie et l'enseignement de Jésus. Il existe d'ailleurs de nombreuses similitudes entre Jésus et Socrate comme je l'ai longuement démontré dans mon mémoire de maîtrise. Philon compare les membres de cette secte à des philosophes supérieurs aux grecs. Leur attachement particulier à la justice et leur refus de l'esclavage en était manifestement l'une des raisons.

Flavius Josèphe prétend que Moïse serait à l'origine de ces communautés, cela implique leur lointaine antiquité. Si tel est le cas ce type de fraternités existait en Égypte depuis fort longtemps. Josèphe corrobore involontairement ainsi la thèse de l'ascendance égyptienne de Moïse :

«Notre législateur a formé un grand nombre de ses disciples à se réunir en communauté ; ce sont ceux qui se nomment Esséniens : ce nom leur ayant été, ce qu'il me semble, attribué à cause de leur sainteté. ».





Le grand méchant Dieu : enquête au cœur de la BibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant