IV

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Dimanche

Plaquer sur mon visage une expression heureuse, voilà quelle était ma mission. Je voulais convaincre Thalia que j’allais bien. Elle savait ce que la journée d’hier représentait mais il fallait que je lui prouve que mon mental était intact. Ma mère adoptive méritait d’être heureuse et de ne plus avoir de se soucis à cause de moi.

J’avais beau détester les somnifères et leur effet, la fatigue commençait sérieusement à laisser ses traces sur mon visage. Je préférais passer une nuit où la qualité du sommeil restait à désirer mais efficace au niveau du repos du corps plutôt qu’inquiéter Thalia.

— Angelo !

La gueule de bois de mon frère lui était passé, son énergie, revenue au pas de course, m’agaçait déjà mais il valait mieux cela. Je me levai, la tête lourde d’un repos forcé et partit droit dans la cuisine pour me faire couler un café. Je saluai à peine mon colocataire, mon cerveau ne fonctionnait pas encore, il lui fallait du calme.

Nous devions nous rendre au marché pour faire les courses et si j’en croyais mon horloge, il ne nous restait plus que trois heures pour tout acheter et préparer le repas avant que nos parents n’arrivent.
Je fis une liste mentale du temps que chaque tâche nous prendra et j’en vins à la conclusion que je prendrai ma douche en rentrant. Je voulais que tout soit prêt avant leur arrivée mais s’ils toquaient alors que j’étais sous la douche alors ce n’étais pas très grave. Il valait mieux cela à une absence de notre part lorsqu’ils seront derrière la porte de notre appartement.

Je courrais presque dans l’appartement je jonglai entre ma préparation, mon petit-déjeuner, si on pouvait appeler mon café ainsi et l’aération des différentes pièces. Pendant que je finissais de nouer mes lacets, Alessandro se chargeait de fermer les fenêtres et après m’être brûlé trente-cinq fois la langue, nous quittâmes l’immeuble.

Nous arrivâmes au Marché des Enfants Rouges après à peine dix minutes de voiture. J’avais prié Alessandro de respecter les limites de vitesses et pour une fois, il s’était exécuté. Les parkings étaient bondés, les trottoirs grouillaient de gens. La vie s’était parée de rose en cette douce matinée.

Accompagnés de nos sacs plastiques, nous nous frayâmes un chemin jusqu’à l’entrée de ce marché couvert qui datait de l’an mille six cents. Ce dernier abritait une ambiance chaude et conviviale. Les marchands arboraient de grands sourires, les discussions allaient bon train, l’odeur enivrante des fruits et légumes régalaient les odorats les plus fins. Bref, c’était un endroit chaleureux qui apaisait les esprits et les cœurs.

Nous déambulâmes entre les étalages à la recherche d’aliments qui feraient notre bonheur, nous saluâmes ces visages qui nous étaient désormais familiers et après de nombreux échanges avec ces commerçants, nous ressortîmes le cœur allégé et les bras chargés de provisions.

Le soleil égayait le ciel, présageant une belle journée. Je me sentais bien, comme hors de cette boucle infernale que représentait le temps.

Ressassant nos divers achats, j’envisageai déjà les plats que nous pouvions cuisiner pour ravir Alaric et Thalia. Le plus simple et rapide à faire était une salade composée. C’était léger, bon et ça rappelai l’été, tout ce que nous aimions.

— Ça te dit une salade composée ce midi ? demandai-je à mon frère.

Celui-ci, concentré sur l’idée de ne rien faire tomber, acquiesça doucement. Malheureusement pour lui, sa maladresse le rattrapa lorsqu’il ne vit pas le trottoir devant lui. Il trébucha et s’écrasa au sol dans un grand fracas. Les sacs de courses se déversèrent sur la chaussée et je me félicitais d’avoir pensé à ne rien lui donner de fragile.

Beauté Mortelle {TERMINÉ} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant