VIII

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Tourments

Mon seul objectif en rentrant à l’appartement avait été simple : tout oublier pour mieux réfléchir demain.

Je ne connaissais qu’une seule chose capable de tout faire oublier, l’alcool. Je l’avais constaté avec Alessandro à de nombreuses reprises et avec le conducteur de ce soir-là. Certes ce n’était peut-être pas la solution à tous mes problèmes mais au moins, je serais plus détendu pendant quelques heures.

Mon frère avait une réserve d’alcool dans laquelle je piochai deux bouteilles de vodka. Il n’était pas encore rentré et le soleil s’était déjà couché. Il était probablement dans une boîte de nuit, en train de faire la fête. C’était une bonne chose à vrai dire, mon frère n’avait pas besoin de me voir dans cet état.

Dans ma chambre, je pris place sur mon fauteuil et dévissais le goulot. La première gorgée fut dégueulasse. Le liquide me brûla la gorge mais je continuai. Gorgée après gorgée, l’alcool flambait mon œsophage mais lorsque le monde commença à tanguer et que mes souvenirs se dissipaient, je redoublai de vitesse pour consommer le reste de la bouteille. La légèreté m’envahit et cela me rendait heureux.

Je n’avais jamais énormément bu alors ma tolérance à l’alcool était très faible. J’avais presque fini la bouteille et je n’étais plus cohérent. Mes facultés de réflexion diminuaient, le flot continue de pensées s’apaisait et c’en était reposant.

Je titubais jusqu’à mon bureau et cela me fit rire. Je pris un stylo et m’installai sur la chaise. Il fallait que j’écrive tout ce qui m’était arrivé, à commencer par l’acte de Carmen. C’était drôle, sous l’influence de l’alcool j’arrivai à prononcer son nom, tout était plus facile quand on était saoul.

La première bouteille était désormais terminée et mon stylo continuait de rouler sur la feuille. Je n’avais pas pleinement conscience de ce que j’écrivais mais je me sentais bien. La peine disparaissait au fur et à mesure que mes larmes dévalaient mes joues. Je sanglotai sans savoir pourquoi, j’en avais simplement besoin.

A peine avais-je entamé la seconde bouteille, cette dernière m’échappa des mains et s’écrasa au sol. La boisson s’écrasa sur le carrelage de ma chambre et la vision des débris de verre et du liquide me fit rire. Plus rien n’avait de sens et c’était fantastique alors mon hilarité redoubla d’intensité.

Je m’allongeai au sol. C’était froid, aussi froid que les corps sans vies de ma famille le jour de leur enterrement, aussi froid que la mort. A cet instant, je me sentais à leur côté, j’étais serein. Ma voix était peut-être éteinte mais désormais, toutes mes pensées étaient tournées vers mes parents et Iris alors je m’assoupis en priant pour ne pas me réveiller demain.

— Angelo !

C’était une voix grave. A qui appartenait-elle ? Papa ? Vous avez-je finalement rejoins ? Etais-ce à ça que ressemblait le Paradis ou bien était-ce l’Enfer ?

— Angelo putain réveille-toi !

Me réveiller ? Non. Je voulais être avec Papa, Maman et Iris. C’était mon seul souhait alors non, je ne voulais pas me réveiller. Et puis qu’est-ce que ça pouvait bien faire à la voix ? J’étais majeur et vacciné, j’étais libre de faire ce que je voulais.

— Allô, le Samu ? … Oui, c’est mon frère, il a bu et ne se réveille pas … Oui, il respire encore. … Non, ce n’est pas dans ses habitudes. … Presque deux bouteilles de vodka. … Appartement quatre-vingt-cinq avenue de la république, rue Saint Maur, onzième arrondissement. … D’accord, je reste en ligne, merci.

Beauté Mortelle {TERMINÉ} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant