VII

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Contrat

Ne rien laisser transparaître. Demeurer impassible. Masquer mon tourment intérieur.

Voilà les mots que je me répétais depuis mon réveil. Ces phrases tournaient encore en boucle dans mon crâne lorsque je sortis du bus. Je ne devais pas flancher.

Mon cœur tambourinait alors que je marchais dans le hall. La secrétaire m’amena jusqu’au bureau de Monsieur Arnault et ouvrit la porte.
Je faillis m’étouffer lorsque je la vis. Là, juste derrière la chaise de son patron, un sourire éclatant sur le visage. Dans ses yeux je ne voyais plus que le vice dont elle pouvait faire preuve. Mon corps me mettait en garde, elle représentait un danger pour mon esprit.

— Je suis ravi que vous ayez pu faire le déplacement, se réjouit-il en s’asseyant sur son siège.

D’un geste de la main il m’invita à m’installer.

— Moi de même, répondis-je en serrant les dents.

Alors que ses traits se voulaient angéliques et innocents, ils n’étaient pour moi qu’un venin qui me brûlait. Plus je la regardais, plus le doute quant à ce qu’il s’était passé s’évaporait. Son acte avait été inhumain mais elle l’avait commis. Je détournais le regard vers mon potentiel futur patron et mon souffle s’allégea. Elle ne devait pas faire partie de mon champ de vision.

— J’ai bien regardé les photos et c’est typiquement le genre de réalisme et naturel qu’il me faut. Non pas pour les publicités mais pour représenter la marque dans sa globalité. C’est-à-dire que tu serais impliqué dans les évènements et, si tout se passe bien, dans le développement des produits. En somme, je te propose de devenir la prochaine égérie de Dior.

J’avais probablement mal entendu. C’était impossible. Je n’avais pas assez d’influence ni d’expérience. Jamais je ne m’étais permis d’envisager la possibilité d’obtenir un poste aussi haut et important. Une expérience inédite qui ne se présenterait pas de nouveau.

— Ce serait vraiment une opportunité exceptionnelle monsieur.

Toutefois, le sourire victorieux de la femme s’élargit et un mauvais présentiment m’étreignit. Il me tendit ce que je supposai être un contrat et je le pris sans prêter attention au tumulte présent dans mon cerveau.

— Je suis heureux de voir que tu es enjoué et motivé, c’est ce qui me plaît. Voilà le contrat, il faudrait que tu me le renvoies pour dans deux jours. Pour le moment ce serait quelques shootings et évènements, le temps de te présenter au monde et que tu t’habitues à ce monde et après ça prendra une plus grande ampleur.

Ça voudrait dire un revenu régulier, une situation financière stable, je n’aurais plus besoin de travailler pour d’autres marques. C’était un détail à ne pas négliger.

— Merci beaucoup, je ferai tout pour ne pas vous décevoir monsieur.

— Je m’en doute. Bien sûr, tout cela doit rester confidentiel pour le moment.

J’acquiesçai et quittai le bureau. La femme ne devait avoir aucun moyen de m’approcher. Tous les éléments s’entrechoquaient dans ma tête mais je me forçais à avancer. Plus tôt je rentrai, plus vite je pourrai respirer. La secrétaire m’arrêta avant que je ne quitte le lieu pour me donner mon cachet. Je la remerciai et rentrai.

En entrant dans l’appartement, je trouvai un mot d’Alessandro m’indiquant qu’il était parti à un shooting et qu’il rentrerait ce soir. Depuis la soirée chez Carmen, nous n’avions pas vraiment eu le temps de parler. Certes il m’avait aidé lors de ma crise d’angoisse mais nous étions loin des discussions joyeuses dont nous avions l’habitude. Je devais avouer que ça me manquait un peu. Bien que nous n’ayons pas toujours les mêmes points de vue, nous nous soutenions en toutes circonstances. Nous étions entrés dans le monde du mannequinat en même temps, nos premiers shootings étaient ensemble.

Beauté Mortelle {TERMINÉ} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant