Le sentiment d'une grande ville.
Bon sang que c'est affreux. Il y a des grandes villes belles. Et il y a celles où on ne se sent pas safe.Les grandes villes ont des gens pauvres.
Les grandes villes ont des gens pauvres qui très sûrement en ont plus marre de l'invisibilité que de la pauvreté.
Ça va de pair et c'est ce qui ne va pas.Chercher un locataire et prendre un nom familier parce qu'il sera moins pauvre. Ça, ça ne se fait pas, et pourtant ça se fait trop.
Le sentiment d'une grande ville est laid. Il est affreux, parce qu'il me rappelle sans cesse que si je grandis, les regards arrêterons d'être attendris et commenceront à être indiscrets.
Le sentiment d'une grande ville est affreux. Je me tiens fermée et n'ose pas faire autrement. J'ai trois adultes avec moi, je ne suis jamais seule, et pourtant je me sens constamment vulnérable. Je me méfie, j'ai l'air d'une proie, je ne reverrai jamais ces gens mais je ne veux jamais qu'ils me voient.
Je veux savoir qui est juste, pour m'occuper l'esprit. Je soutiens un cliché ou paye une honnête personne? Seule je ne peux le savoir.
Le sentiment d'une grande ville est affreux. Parce que je reproduis ces "comportements de fille", qui ne sont que des comportements de défense : l'air énervé, jambes fermées, jamais seule, sur un téléphone.
Je hais ce sentiment de grande ville sale. Le masque est rare et quand il est mis, l'est mal ; les désinfectant moins nombreux que les statues.
Je viens d'entendre un enfant de quatre ans dire "vieux pédé, gros naze" comme insulte joueuse en poursuivant son ami.
Je hais cette grande ville mais ne peux lui en vouloir. Elle est bruyante, les moustiques nous mangent en plein jour, les rues et bancs sont sales.
Alors oui, j'ai pu goûter mon premier taco, froyo, pitaya.Mais le bruit, le prix, le sentiment d'être une proie, à regarder chaque recoin d'où peuvent venir les moustiques et les regards. On se méfie de tout.
Je hais ce sentiment de grande ville.
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Edgy me.
Non-FictionDes lettres d'adieux aux retrouvailles de souvenirs... C'est surtout de l'introspection.