La nuit, je suis sûre d'avoir la paix.
C'est après trois heures - lorsque tout le monde est couché - que l'on vit le mieux. La nuit, les gardiens dorment, les chats ne sont pas là et les souris peuvent enfin valser comme bon leur semble. Il y a une multitude de chose qu'un adolescent peut enfin se permettre, parce qu'il est seul.
Parce qu'il n'a pas besoin de parler. Personne ne lui demandera de se justifier, d'expliquer où, comment, ce qu'il fait. Suffit qu'il ne fasse que peu de bruit, et le terrain de jeu est ouvert.Certains choisiront alors de se confier au papier, d'autres au corps. Certains se permettront, comme toutes les nuits, après tous les jours, de donner leurs larmes à leur oreiller. Tous choisiront la direction dans laquelle il veulent rêver, juste une heure ou deux.
Parce que la paix est quelquechose de précieux qu'on ne peut qu'attendre. Si l'on tente de s'isoler en pleine journée, on vexe des gens, on crée des malentendus, des conflits. Alors que parfois on s'éloigne juste pour les protéger, pour ne pas exploser.Alors, la nuit, toute une petite mécanique se met en marche. On trouve des stratégies pour attendre l'heure de paix sans s'endormir avant - eh oui, il faut choisir, repos physique ou paix mentale. On rapproche la lampe, les crayons, on plie la couette d'une certaine façon pour pouvoir tout cacher en cas d'intrusion. On planifie comment tout fourrer sous l'oreiller, une position de sommeil crédible. Et quand tout cela est en place, ça commence.
Les règles du nocturne sont strictes : une intrusion en flagrant délit signifie la fin de toute activité. S'endormir avec l'arme du crime est tout aussi fatal. Il faut prévoir son coup, et lorsqu'on se sent sombrer, tout ranger à sa place stratégique, et céder à la douce chaleur d'une bouillote en attendant la nuit prochaine.
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Edgy me.
NonfiksiDes lettres d'adieux aux retrouvailles de souvenirs... C'est surtout de l'introspection.