Will happen, happening, happened

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Ce soir au début de la nuit je savais
déjà que j'allais me sentir seule; cette réalisation
me fit entrer dans cet état d'isolement peuplé,
Où au lieu d'être seul avec les autres on cesse d'exister en leur présence
Pourtant tout le monde était présent, une scène de famille chaleureuse emmêlée dans les canapés
Mais d'un claquement de poussière je n'étais plus là.

Le passé perdu est sûrement la seule chose qui se permet de faire pause dans mon temps, mais il n'en était rien. Le temps passait mais j'étais grise, déconnectée, on avait débranché la prise.

Je me suis demandée ce que je pouvais faire. Depuis le repos officiel, je ne commençais à vivre qu'à la nuit noire; je m'amusais tout mon saoul, j'étais entourée de personnages et de leurs écrivains.

Mais là, cette activité ne semblait plus fun. Il fallait en changer. Ces personnages me paraissaient soudains comme un alignement de lettres inanimées. Automatiques.
Je me suis dit qu'il me fallait parler à de vrais humains. Ce n'était pas thrillant mais après tout c'était l'occasion d'enfin engager la conversation avec cette fille que je n'osais pas aborder.

J'ai fait l'inventaire des amis à qui je pourrais parler la nuit. Il n'y en avait qu'un, mais les cours ayant repris il devait sûrement se recaler lui aussi...

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En voulant mettre la musique qui pouvait me calmer dans mon téléphone, mon navigateur dériva vers d'autres chansons de dessins oubliés. Je trouvais ce qui semblait être une légende, un thème qui dès les premières secondes ferait pleurer la nostalgie de ses grands enfants. Je fis jouer la bande démo, connaissant le naturel et la douce voix de Rebecca Sugar sur ses prototypes, et écoutai d'une oreille distraite.

Ironiquement, cela parlait du temps : passé, présent, futur.
Arrivera, arrive, arrivé. Arrivera encore et encore, et toi et moi seront toujours autrefois.

J'avais la résolution d'écrire et ne pas vivre colorée ce soir; je changeais inéluctablement pour entendre cette musique apaisante.

Parfois on vit à 100%, et d'un coup on appuie sur pause. Pour moi, ça me rappelle quand j'étais constamment observatrice. Ce n'était pas si mal. J'étais heureuse, regardant mes camarades comme s'ils étaient des enfants dans un parc.
Je ne sais pas si je regrette ce temps. Pas maintenant. Là, je me sens juste... Un peu moins seule, avec Rebecca Sugar qui me chante une amitié éternelle.

... Je voudrais aller au bord de la fenêtre. Balançer mon pied dehors. Fermer les yeux ou regarder la route. Murmurer les quelques mots que je comprends.

Attendre de pouvoir connecter ma pensée avec quelqu'un.

Edgy me.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant